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Religions

Au 2e colloque des intellectuels musulmans francophones, l'appel affirmé au pluralisme

Rédigé par Linda Lefebvre | Mardi 26 Septembre 2017 à 11:55

           

Pour la deuxième année consécutive, l’Académie française de la pensée islamique (AFPI) a organisé, samedi 23 septembre à Paris, un colloque intitulé « Islam(s) de France : un culte, des cultures, une société ». Chercheurs, enseignants, théologiens et religieux se sont particulièrement penchés sur les questions de pluralisme et sur les contributions que les musulmans peuvent apporter à la société.



Au 2e colloque des intellectuels musulmans francophones de l'AFPI, le 23 septembre. De gauche à droite : Leila Alaouf, Seydi Diamil Niane, Karim Ifrak, Abdelhafidh Benchouk et Nacera Taleb.
Au 2e colloque des intellectuels musulmans francophones de l'AFPI, le 23 septembre. De gauche à droite : Leila Alaouf, Seydi Diamil Niane, Karim Ifrak, Abdelhafidh Benchouk et Nacera Taleb.
« Cette rencontre est le fruit d’un travail de plusieurs mois qui a permis de réunir des intellectuels musulmans d’horizons divers », expose Jamel El Hamri, président de l’AFPI. Chercheur en islam contemporain à l’université de Strasbourg, l'auteur de « Malek Bennabi : une vie au service d’une pensée » souligne « l’importance de telles rencontres pour faire avancer l’islam de France » et tient à la poursuite de ces rendez-vous où chercheurs et religieux, qui ne se croisent pas souvent, peuvent débattre de diverses – et sensibles – questions ayant attrait à l’islam de France. « L’organisation d’une communauté est une épreuve par laquelle notre communauté (juive) est passée en France en s’installant ici. C’est pour cela que moi, en tant qu’individu, je viens soutenir cette initiative », a déclaré le rabbin Gabriel Hagai, invité au colloque.

Préalable à tout débat sur la vie des musulmans en France, la première séance a posé le cadre institutionnel du culte musulman. Chiheb Mnasser, conseiller technique de Jean-Pierre Chevènement, a rappelé les ambitions culturelles de la Fondation de l’islam de France et son rôle dans la diffusion de la culture islamique, tandis que Mohammed Moussaoui, président d’honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM), est intervenu sur le rôle de l'instance en tant qu’interface entre les lieux de culte et les autorités de l'État (préfectures, ministères, gouvernement). Fatima Khemilat, doctorante spécialiste des rapports entre autorités françaises et le culte musulman, s’est, quant à elle, interrogée sur la représentation de la communauté musulmane en France et la nécessité d’un dialogue entre ses représentants et ladite base musulmane.

Jamel El Hamri, fondateur de l'AFPI.
Jamel El Hamri, fondateur de l'AFPI.

Le pluralisme, une force à cultiver chez les musulmans de France

Au cœur des échanges, la diversité de l’islam de France. « Il faut développer le dialogue intramusulman en plus du dialogue interreligieux. Il faut que les musulmans discutent, échangent entre eux », expose Karim Ifrak, islamologue et chercheur au CNRS. Il a été rejoint par Seydi Diamil Niane, docteur en islamologie à l’université de Strasbourg et auteur de Moi, musulman, je n’ai pas à me justifier. Manifeste pour un islam retrouvé : « Le premier défi des instances musulmanes en France, c’est la promotion du dialogue intra-islamique avant de s’engager dans le dialogue interreligieux. C’est le dialogue intrareligieux qui va permettre à toutes les tendances de l’islam de s’exprimer sans prendre le risque d’être excommunié », explique t-il.

Afin de parvenir à un pluralisme apaisé, Karim Ifrak préconise de « rompre avec la tutelle intellectuelle étrangère », estimant que les musulmans en France ont « assez d’outils et de ressources pour cultiver leur propre pensée ». Un islam de France qui, comme l’a souligné l'étudiante-chercheuse sur le féminisme Leila Alaouf, doit être fait par les intellectuels musulmans mais aussi par les musulmans eux-mêmes, en développant « l’accès à des espaces d’expression ». Abdelhafid Benchouk, représentant de la confrérie soufie Naqshbandiyya, a rappelé que la diversité est une exigence : « Il faut se rappeler pourquoi nous avons été créés en diversité : c’est afin que nous nous connaissions. Et Dieu nous pousse à la conscience avec cette entreconnaissance. C’est Dieu qui a voulu que nous soyons différents. Donc il faut l’accepter et vouloir connaître l’autre. »

Lire aussi : #1AnAprès : 40 points de vue pour la France de demain - Une diversité qui se cultive avec Saphirnews

Au 2e colloque des intellectuels musulmans francophones. De gauche à droite : Ghaled Bencheikh, Sofiane Meziani, Slimane Rezki et Ramzi Daoud.
Au 2e colloque des intellectuels musulmans francophones. De gauche à droite : Ghaled Bencheikh, Sofiane Meziani, Slimane Rezki et Ramzi Daoud.

Comment contribuer à la société ?

« L’islam de France commence en 714 quand les premiers musulmans passent les Pyrénées et entrent en France », indique Slimane Rezki, vice-président de la Fondation Conscience soufie. Un islam de France historique mais qu’il faut réactualiser et adapter : « Nous devons être des enfants de notre époque », analyse-t-il.

Alors que Sofiane Meziani, professeur d’éthique musulmane au lycée Averroès à Lille, invite les musulmans à revitaliser leur foi et la spiritualité en France, Ghaleb Bencheikh se félicite de l’intégration des musulmans en Europe, « malgré les discriminations ». Rappelant un rapport indiquant que 76 % des musulmans ont confiance dans les principes démocratiques du pays dans lequel ils vivent, le théologien explique que cela est « un bon élément de base pour consolider une société solidaire et fraternelle ».

Dans un contexte de méfiance à l’égard de l’islam de France, Ghaleb Bencheikh considère qu’« il y a ce sentiment d’appartenance qu’il faut cultiver et sur lequel il faut agir pour les générations à venir pour faire partie d’une même société et d’une même nation solidaire, fraternelle et prospère pour tous ».





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Michel le 27/09/2017 09:56 | Alerter
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En réaction a la phrase ci dessus dans votre article "Moi, musulman, je n’ai pas à me justifier. Manifeste pour un islam retrouvé"
permettez moi de citer le philosophe Abdennour Bidar, qui me semble totalement entrer dans votre debat:
"Lettre ouverte au monde musulman"
Abdennour Bidar
Philosophe spécialiste des évolutions contemporaines de l'islam et des théories de la sécularisation et post-sécularisation

Cher monde musulman,
je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin - de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd'hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d'isthme entre les deux mers de l'Orient et de l'Occident!

Et qu'est-ce que je vois ? Qu'est-ce que je vois mieux que d'autres sans doute parce que justement je te regarde de loin, avec le recul de la distance ? Je te vois toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d'enfanter un monstre qui prétend se nommer État islamique et auquel certains préfèrent donner un nom de démon : DAESH. Mais le pire est que je te vois te perdre - perdre ton temps et ton honneur - dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement interminable entre passé et présent, de ton inca...  

2.Posté par Melen le 01/10/2017 18:40 | Alerter
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Adenour Machin vous l'avez déjà dit ça Michel.
Vous répétez toujours pareil.
Comme nous tous, il n'est qu'un individu.
Exprimer soi meme une opinion en s'inspirant d'autres pourquoi pas, mais diffuser les opinions des autres sans plus de commentaire ou critique là il y a un grave souci.
Copier coller des textes pour les diffuser ne ressemble à rien.
Vous etes grotesque Michel.

3.Posté par Melen le 01/10/2017 18:46 | Alerter
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Pas seulement votre posture Michel.
Le texte qui vous séduit l'est plus encore.
Il est vraiment grotesque, abstenez vous de le diffuser par égard pour son auteur.

4.Posté par Melen le 01/10/2017 18:59 | Alerter
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Fondation de l'islam de France et Cfcm. Mort de rire.
Comme si quelqu'un prenait ces structures au sérieux.


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