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Sur le vif

Albright dénonce l'absolutisme religieux de Bush

| Lundi 22 Mai 2006 à 17:12

           


George Bush s'est attiré l'hostilité du monde musulman en usant d'une rhétorique chrétienne radicale dans les questions de politique étrangère, estime l'ancienne secrétaire américaine d'Etat Madeleine Albright dans un entretien accordé à Reuters. "J'ai travaillé pour deux présidents (ndlr, Jimmy Carter et Bill Clinton) qui étaient des hommes de foi, mais qui n'ont pas mêlé leurs convictions religieuses à la politique américaine", souligne-t-elle.

"Les certitudes que nourrit le président Bush sur ses croyances, et la division qu'il établit entre le bien et le mal renvoient, à mon sens, à quelque chose de différent", poursuit l'ancienne diplomate, qui assure la promotion de son essai sur la religion et la marche du monde, "The Mighty and the Almighty" (traduction approximative: "Le Puissant et le Tout-Puissant"). "C'est cette vérité absolue dont il se sent dépositaire qui rend Bush si inquiétant aux yeux de certains d'entre nous", précise-t-elle.

George Bush, qui se range parmi les chrétiens ayant redécouvert leur foi (les "born-again christians"), ne fait pas mystère de l'importance de sa foi sur certaines décisions qu'il prend depuis son arrivée à la Maison blanche. Il a ainsi déclaré qu'il avait prié Dieu pour qu'il le conseille avant l'invasion de l'Irak, en mars 2003.

Une partie du monde musulman et de ses détracteurs l'accusent d'avoir engagé une croisade contre l'islam, comparable aux croisades médiévales pour libérer Jérusalem. La Maison blanche se défend en assurant que l'intervention irakienne n'a rien à voir avec la religion, mais avec la lutte contre les actes terroristes commis au nom de l'islam. N'empêche, pour Madeleine Albright, l'absolutisme religieux de Bush a rendu la politique extérieure des Etats-Unis "plus rigide et plus difficilement acceptable" pour le reste du monde.

Madeleine Albright, qui fut membre de l'administration Carter à la fin des années 1970 puis secrétaire d'Etat de Clinton de 1997 à 2001, juge que la guerre en Irak "pourrait bien être classée parmi les pires désastres de politique étrangère dans l'histoire des Etats-Unis". L'erreur, dit-elle, serait plus importante qu'au Vietnam, non pas sur le nombre de morts, mais parce que le Moyen-Orient est beaucoup plus instable que l'Asie du Sud-Est.






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