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Religions

Aïd El Adha entre religion et tradition

Rédigé par Mom Nicolas | Mardi 3 Février 2004 à 00:00

           

Sami Abdessalem, professeur au Centre d’Etude et de Recherche sur l’Islam, vient de sortir aux éditions Essalam son dernier livre «Aïd El Adha entre religion et tradition ».
L’auteur revient sur l’histoire, la pensée, et l’aspect juridique du sacrifice du mouton au cours de cet évènement. Saphirnet.Info est allé à sa rencontre.



Sami Abdessalem, professeur au Centre d’Etude et de Recherche sur l’Islam, vient de sortir aux éditions Essalam son dernier livre, « Aïd El Adha entre religion et tradition ». L’auteur revient sur l’ histoire, la pensée, et l’aspect juridique du sacrifice du mouton au cours de cet évènement. Saphirnet.Info est allé à sa rencontre.

 

SaphirNet.Info : Pourquoi avoir écrit ce livre ?

 

Sami Abdessalem : L’écriture de ce livre a été faite pour deux raisons. La première est le constat que l’aid en tant qu’acte d’adoration sacrificiel n’est pas pratiqué selon les normes et les conditions de validités de l’islam. Malheureusement, c’est devenu une tradition. Et d’autre part, c’est pour répondre aux préjugés des non musulmans. L’aid el adha est situé entre tradition d’un côté et préjugé de l’autre côté. J’ai voulu mettre en valeur l’acte sacrificiel et le resituer dans la religion avec toutes ses dimensions.

 

D’ailleurs vous faites un retour historique sur la tradition d’Abraham.

 

Toutes les ordonnances de l’islam possèdent une histoire. Et on ne peut pas détacher l’acte sacrificiel de son histoire ni de son origine. Il y a cette dimension historique qui est très forte et qui peut expliquer aussi le pourquoi de cette acte sacrificiel.

C’est parce que le père des prophètes Abraham le pratiquait que tous les musulmans le font. Cet acte est aussi quelque part un partage avec toutes les autres religions car Abraham et le sacrifice de son fils sont mentionnés dans le livre des juifs et des chrétiens. Ce n’est pas une innovation, une invention . C’est un acte très ancien.

 

 

Vous insistez aussi, outre sur le côté historique de cet acte, sur le côté spirituel du sacrifice.

 

Comme toutes ordonnances, c’est un acte d’adoration, le sacrifice a forcément des conséquences spirituelles. D’abord, le terme spirituelle veut dire que dans toutes mes actions, je part de Dieu et je retourne vers lui. C’est ça la spiritualité. C’est à dire que dans mon acte, je me pose la question mais pourquoi je dois sacrifier un animal. Et dans quel but, dans quel objectif ? Ce n’est donc pas un acte traditionnel, ni un acte profane,  purement technique, purement matériel. C’est autre chose, c’est pour regagner et pour rejoindre l’amour de Dieu, la crainte de Dieu.

 

Comment joindre le sacrifice, c’est à dire tuer une bête, par définition lui enlever la vie, à la spiritualité ?

 

C’est vrai, que cela peut paraître paradoxale, et même problématique. Mais la réponse est que l’animal, pour les musulmans, dans cet acte, devient un acteur essentiel et l’homme aussi. L’animal et l’homme sont deux créatures de Dieu. Les deux cherchent l’amour de Dieu. Et les deux subissent le même ordre de Dieu. C’est à dire que l’animal répond à une injonction divine, à sa prédisposition. Et moi, être humain, je répond à l’ordre divin par cette acte sacrificiel. Les deux créatures obéissent au même ordre. Au final, ce n’est pas paradoxale du tout.

 

Vous développez aussi l’aspect juridique de l’Aîd Al Adha. Vous dites que l’homme pris dans la tradition, manque à son devoir juridique.

 

On a deux excès. Selon une étude, ce sont les familles pauvres qui font le sacrifice. Alors que l’acte sacrificiel, l’achat de l’animal doivent être réalisés par ceux qui en ont les moyens. D’autre part, certaines personnes délaissent totalement cette événement ou n’y voient seulement que l’aspect festif du méchoui ! Il faut donc bien situer cette acte qui est un acte d’adoration en premier lieu.

Sur l’aspect juridique, c’est une obligation collective. Il suffit qu’une catégorie de la population musulmane, ceux qui en ont les moyens, accomplissent le sacrifice.

Le sacrifice a aussi une autre dimension, la dimension économique et sociale. La place des pauvres dans cet évènement est fondamentale.

 

Et vous terminez votre livre par une lettre ouverte…

 

C’est pour répondre aux défenseurs des animaux. Parce qu’ils trouvent dans l’acte du sacrifice, un acte de barbarie et de cruauté. En étudiant leurs arguments,  j’ai trouvé que nous, musulmans, étions très proche de ce principe de défense des droits des animaux. Il faut rappeler ainsi, que dans l’histoire, Omar Ibn Al Khattab (le deuxième calife ndr) a mis en place un fond pour les animaux. Il a développé des centres d’hébergement pour les animaux malades et abandonnés. En islam l’animal a ses droits.





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