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Sur le vif

Afrique du Sud : les ressortissants étrangers victimes d'une grande folie xénophobe

Rédigé par Benjamin Andria | Mercredi 4 Septembre 2019 à 09:40

           


Afrique du Sud : les ressortissants étrangers victimes d'une grande folie xénophobe
La ville de Johannesburg est le théâtre de scènes de pillages et de vandalismes ciblant spécifiquement les commerces appartenant à des ressortissants étrangers, depuis dimanche 1er septembre. Un bilan de la police faisait état, mardi 3 septembre, de cinq personnes tuées. Près de 200 personnes ont été arrêtées.

À l’origine de cette folie xénophobe, un mouvement conduit depuis plusieurs semaines par les chauffeurs de poids lourds et de taxis. Ces derniers arrêtent les transporteurs étrangers puis brûlent leurs cargaisons, les accusant de voler le travail des locaux.

Les conducteurs zimbabwéens, congolais et zambiens sont persécutés sur les routes depuis un an. Ils seraient 200 à avoir été tués durant cette période selon RFI.

Les étrangers, des boucs émissaires faciles

Aujourd’hui, les violences, alimentées par le chômage et la pauvreté, se sont étendues à des villes comme Pretoria et Johannesburg. Des habitants pillent et vandalisent les magasins appartenant à des étrangers, notamment nigérians, somaliens et pakistanais, en prenant soin d’épargner les commerces des Sud-africains.

Un calme précaire est revenu à Johannesburg mais les ressortissants étrangers sont plus que jamais vigilants. Sheikh Amir, président d’une association de Somaliens d’Afrique du Sud, s’est exprimé sur RFI pour dénoncer les crimes xénophobes. « J’ai vu des magasins incendiés et pillés. L’intimidation, les insultes et le harcèlement, nous, les migrants, nous avons l’habitude. Mais en ce moment, il s’agit de crimes. Des bandes circulent en minibus. Elles pillent des magasins et les incendient. (...) Des policiers sont sur place, mais ils ne font pas grand-chose. Nous sommes même portés à croire que la police et les autorités sont les instigateurs de cette violence », a-t-il regretté.

La police semble être dépassée par les évènements. Elle est « sous pression, mais force est de constater qu’elle n’est pas à la hauteur. Les policiers ne sont pas assez nombreux et n’ont pas assez de moyens pour apporter une riposte, disons professionnelle, à ces incidents. Mais il faut garder à l’esprit que la violence xénophobe n’est qu’un des multiples visages de la violence en Afrique du Sud », a analysé Johan Burger, spécialiste des questions policières à l’Institut d’études de sécurité de Pretoria.

« Dès que l’économie commence à ralentir, les migrants servent toujours de boucs émissaires. Le sentiment anti-migrants qui est très fort, est propagé, depuis un mois, de la base au sommet de la classe politique », a déploré Sheikh Amir.

Le président Cyril Ramaphosa a condamné, mardi 3 septembre, les violences xénophobes, dénonçant des attaques « inacceptables ». « Je veux que cela cesse immédiatement », a appelé le chef de l'Etat, indiquant qu'il « ne peut y avoir aucune justification pour qu'un Sud-Africain s'en prenne à des gens d'autres pays ».




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