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Société

Accusé de viol, Tariq Ramadan acquitté par la justice suisse, ce que le tribunal fait valoir

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 24 Mai 2023 à 16:00

           

Le verdict est tombé dans le volet suisse de l'affaire Ramadan. L'acquittement a été prononcé en faveur de l'islamologue, accusé d'avoir violé une femme en 2008 à Genève.



© CC BY-SA 4.0 / Irfan Kottaparamban
© CC BY-SA 4.0 / Irfan Kottaparamban
Tariq Ramadan a été acquitté, mercredi 24 mai, par la justice suisse. Jugé pour viol et contrainte sexuelle, le procureur avait requis trois ans de prison dont 18 mois ferme mais il n'a pas été suivi par le tribunal correctionnel de Genève.

Après avoir indiqué, à titre liminaire, « qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer, de manière générale, sur les pratiques sexuelles et la moralité de Tariq Ramadan ni sur les mouvements sociétaux actuels, mais uniquement de juger le prévenu sur la base du dossier de la procédure et de l'acte d'accusation établi par le Ministère public », la cour a déclaré n'avoir « pas été en mesure de se forger une intime conviction de culpabilité au-delà du doute insurmontable ».

Elle a notamment pointé « l'absence d'éléments matériels, la pauvreté et les contradictions des divers témoignages en partie altérés par des éléments externes et par l'écoulement du temps depuis les faits » ou encore « les messages adressés par la plaignante au prévenu après les faits » qui « s'apparentent à des messages d'amour et, surtout, ne font nullement état d'un quelconque reproche » en lien avec la nuit de l’agression présumée, le 28 octobre 2008 dans un hôtel genevois.

Les juges ont indiqué que « le récit de la plaignante était globalement constant et détaillé, même si émaillé de certaines contradictions » mais qu'il n'était « corroboré par aucun élément matériel, tel que des traces de sperme ou de sang, des images de vidéosurveillance de l'hôtel ou des constats de lésions traumatiques ».

Aucune emprise sur la plaignante

Parce que « les déclarations figurant à la procédure constituaient des témoignages indirects, qui plus est recueillis près de dix ans après les faits », les juges ont « mis en évidence le risque élevé de confusion et d'altération lié non seulement à l'écoulement du temps mais également à l'importante médiatisation de l'affaire, notamment en raison d'une procédure française ouverte pour viols à l'encontre du prévenu ».

Le tribunal a enfin écarté « toute forme d'emprise de Tariq Ramadan sur la plaignante, d'une part en raison du fait que les deux protagonistes ne se connaissaient pas avant les faits et, d'autre part, en raison de l'attitude distante du prévenu ».

Du fait de son acquittement, l'islamologue recevra une indemnisation pour ses frais d'avocats en lien avec la procédure suisse, soit près de 155 000 €. Le tribunal rejette toutefois « ses conclusions en paiement d'une indemnité pour tort moral au motif qu'il n'a pas été détenu en Suisse, que la procédure française est antérieure à la procédure genevoise et qu'elle comporte davantage de faits reprochés ».

C'est une victoire judiciaire notable pour l'islamologue aujourd'hui âgé de 60 ans. « Al hamdullilah !!! Merci Dieu !!!! Tariq Ramadan est acquitté dans le procès suisse ! La vérité est en marche. Force. Courage et honneur. Toujours ! On continue le combat de la vérité », a réagi sa fille Maryam Ramadan sur les réseaux sociaux. La plaignante a annoncé, pour sa part, qu'elle allait faire appel de la décision.

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