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Sur le vif

A Strasbourg, une attaque antisémite contre une boulangerie ? La fake news d’Aurore Bergé

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 16 Avril 2025

           


A Strasbourg, une attaque antisémite contre une boulangerie ? La fake news d’Aurore Bergé
Plusieurs hommes et femmes politiques ont dénoncé, dimanche 13 avril, une attaque « antisémite » à Strasbourg en marge d’une manifestation la veille contre la tragédie en cours à Gaza. Dans le lot figurait la ministre chargée de la Lutte contre les discriminations Aurore Bergé, qui a fustigé la « prise d'assaut » d'une boulangerie « car elle serait israélienne ». Mais la réalité livre une autre version du récit véhiculé par la ministre et consorts. Résultat : il ne s’agit ni plus ni moins que d’une infox que la préfecture du Bas-Rhin et même le gérant du commerce ont balayée.

Tout est parti d’une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux dans laquelle on y voit des manifestants pro-palestiniens visiblement en colère devant des policiers postés devant la boulangerie Dreher, non loin de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.

Selon la préfecture du Bas-Rhin contactée par Le Parisien, lors du passage, samedi 12 avril, de la manifestation « déclarée » à l’appel du collectif Strasbourg Palestine, « des personnes présentes en terrasse de la boulangerie Dreher, qui ne présente aucune distinction d’appartenance à la communauté juive, ont eu un geste de défiance et d’opposition à l’égard des manifestants, suscitant une réaction en retour ». Plusieurs sources parlent de doigts d’honneur. « Les policiers sont intervenus immédiatement en interposition, prévenant ainsi toute violence physique. L’incident a été bref et la manifestation s’est poursuivie sans nouvel incident », a ensuite raconté la préfecture, qui dément que la boulangerie « en tant que tel ait été visé ». Aucune plainte n’a été déposée.

La quotidien local DNA évoque une « brève empoignade » devant le commerce entre une manifestante et un des clients qui a eu un geste déplacé vis-à-vis du cortège. Mais l’altercation a été « vite maîtrisée par la police ». Même son de cloche du côté du collectif Strasbourg Palestine, qui a livré sa version des faits.

« Un provocateur sioniste d’origine israélienne en terrasse de la boulangerie Dreher dans le centre de Strasbourg insulte les participants au passage de la marche pacifique contre le génocide en Palestine, gestes obscènes à l’appui », raconte-t-on. « Une manifestante par ailleurs mère de famille, légitimement outrée réagit. Le service d’ordre intervient immédiatement pour les séparer, la police affectée à la manifestation arrive immédiatement également. Le provocateur se réfugie dans la boulangerie. Rapidement la manif reprend son cours normal. L’incident totalement isolé est clos. »

Enfin, et non des moindres, le gérant de la boulangerie, Benjamin Dreher, « médusé par les proportions que prend l’affaire », a aussi relativisé l’incident. « Les vendeuses, habituées à voir passer les manifestations, ne se sont rendu compte de rien », a-t-il indiqué, assurant qu'il n'y a eu aucun dégât. Mais face aux faits, le mea culpa d’Aurore Bergé était attendu. Elle a dit ses regrets mais n’a pas retiré son tweet initial et s’est enfoncée en évoquant un « climat antisémite entretenu » lors de la manifestation pro-palestinienne qui est « insupportable ».

« La boulangerie n'a heureusement pas été prise pour cible comme la vidéo le suggérait. Je regrette de l'avoir laissé entendre. Des passants s'y sont réfugiés. Ils ont été pris pour cibles. Dans des hurlements - "ces gens-là sont des criminels" - pendant une manifestation "Collectif Strasbourg Palestine". Et cette violence, ce climat antisémite entretenu, sont insupportables », a écrit la ministre, se victimisant en signalant un « cyber harcèlement » venant des rangs de La France insoumise.

De nombreux élus et sympathisants de LFI, mais aussi nombre de militants d'autres partis de gauche, ont surtout dénoncé la fake news. Pour le député du Nord David Guiraud, « la boulangerie n’a évidemment jamais été attaquée "car elle serait israélienne". Même la préfecture de police a démenti cette supposition infâmante pour les manifestants. La ministre Bergé sait très bien que c’est faux mais elle ne s’excuse pas. Les "soutiens inconditionnels" à Israël dont elle fait partie sont devenus complotistes ».

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