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Politique

Pourquoi l'interdiction du voile aux sorties scolaires adoptée au Sénat est sans avenir

Rédigé par Benjamin Andria | Mardi 29 Octobre 2019 à 20:49

           

La proposition de loi interdisant les signes religieux - et le voile en particulier qui fait l'objet de débats houleux depuis quelques semaines - lors de sorties scolaires a été adoptée au Sénat. Elle n'a cependant que peu de chances d'avoir un avenir après son passage à l'Assemblée nationale. Explications.



©  Jacques Paquier / Wikimedia / CC BY 2.0
© Jacques Paquier / Wikimedia / CC BY 2.0
Au lendemain de l'attaque perpétrée lundi 28 octobre contre la mosquée de Bayonne qui renforce les inquiétudes des musulmans de France, le Sénat a maintenu son examen de la proposition de loi visant à interdire le port des signes religieux pour les parents accompagnant les enfants aux sorties scolaires.

Celle-ci, portée par la majorité Les Républicains au Sénat, a été adoptée, mardi 29 octobre, en première lecture par 163 voix pour et 114 voix contre.

En plein examen de la loi au Palais du Luxembourg, la sénatrice des Bouches-du-Rhône Samia Ghali a accueilli au Sénat une trentaine de femmes et d’enfants des quartiers populaires de Marseille, dont certaines mères voilées. « Un hasard du calendrier » selon la sénatrice, la visite étant prévue depuis plusieurs mois. Samia Ghali en avait appelé au « sens de la responsabilité » de Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, en lui demandant « de retirer dans un esprit d’apaisement la PPL sur le voile » à laquelle elle s'oppose. Sans succès.

L'opposition ferme de l'exécutif

Toutefois, les chances pour que l’Assemblée nationale, dominée par la majorité présidentielle, vote la proposition de loi est mince. Un amendement allant dans le sens d’une interdiction des signes religieux lors de sorties scolaires avait été retoqué en juin de la loi Blanquer par les députés.

Quelques jours après le barouf d’un élu RN au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, le Premier ministre, Edouard Philippe, a aussi réitéré son opposition d’une telle loi.

Même son de cloche du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui a indiqué face aux sénateurs que la loi d'interdiction souhaitée par Les Républicains est « contre-productive ». « Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires, nous avertissait déjà Montesquieu. En allant au-delà du nécessaire, une loi serait aussi contre-productive parce qu'elle enverrait un message brouillé aux familles », a estimé celui pour qui le voile n'est, pour autant, « pas souhaitable ».

« Pour nous, il n'est pas question d'interdire le voile pour les accompagnateurs », a affirmé aux micros d’Europe 1 Stanislas Guérini, délégué général de La République en Marche et député de Paris, qui a assuré que la majorité présidentielle ne soutiendra pas la proposition de loi adoptée au Sénat. « L’Etat est laïque, la société ne l'est pas. Les agents du service public ne doivent pas porter de signes religieux, mais les usagers sont libres d’en afficher », a-t-il rappelé.

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