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'Pour une politique de la racaille', de Sadri Khiari

Essai

Rédigé par Assmaâ Rakho Mom | Mercredi 1 Mars 2006 à 18:56

           

« Racaille ». Une fois de plus, le mot est lâché. Rassurez-vous, le qualificatif est employé, cette fois-ci, non dans le cadre d’une politique de ratissage de voix en vue d’élections majeures, mais plutôt dans celui d’une réflexion constructive menant au débat. « Pour une politique de la racaille », ouvrage de Sadri Khiari sera sûrement l’objet de multiples débats et autres tables rondes, puisqu’il pose, et ce en termes clairs et sans tabous aucuns, les jalons d’une introspection profonde s’agissant de la politique postcoloniale de la France.



'Pour une politique de la racaille', de Sadri Khiari

Mouvement des Indigènes de la République


Initiateur du Mouvement des Indigènes de la République, Sadri Khiari ne nie nullement son caractère intellectuel. Pourtant son ouvrage, admirablement bien argumenté et documenté, reste accessible au plus grand nombre, au public le plus large. Et une vulgarisation, une diffusion généreuse s'impose. Car le Mouvement des Indigènes, malgré le lancement de son fameux Appel des Indigènes du 24 janvier 2005 et malgré la mobilisation lors des manifestations qu'il organise, reste mal cerné dans ses motivations et largement inconnu du grand public. Avec Pour une politique de la racaille, Sadri Khiari ne fait rien d'autre que nous éclairer, et de brillante manière, sur les tenants et les aboutissants du mouvement auquel il appartient. Et il faut avouer qu'en refermant son essai, l'on n'observe plus le microcosme politique de la même manière.

En bref et pour faire court, le Mouvement des Indigènes de la République s'inscrit « dans une triple filiation », comme le souligne Sadri Khiari : « Filiation dans l'oppression : parce qu'on est descendants d'esclaves ou de colonisé, on est discriminés. Filiation de la mémoire : les descendants d'esclaves et de colonisés partagent la même mémoire des atrocités coloniales. Filiation dans les luttes : l'héritage commun des luttes anticoloniales et antiracistes reconstruit cette histoire brisée ».

Le Mouvement des Indigènes souhaite, selon M. Khiari, « contribuer à l'émergence d'une expression politique et organisée de la colère des populations issues de l'immigration ». Et comme il est aisé de le constater en lisant Pour une politique de la racaille, les membres du mouvement s'expriment « pour dire l'indicible », pour « bousculer les calculs politiciens », pour mettre fin au fait de « subordonner leurs propres revendications aux enjeux des 'recompositions' électoralistes ». En permanence, les termes sont clairs et sans tabous, les objectifs nettement définis et explicites. Divisé en cinq parties, Pour une politique de la racaille restera dans les annales de la réflexion menée par ceux qu'il nomme les « postcolonisés ».

L'auteur

Sadri Khiari est docteur en science politique. Membre de l'opposition démocratique tunisienne, installé en France depuis trois ans, il fait partie des initiateurs de l'Appel des indigènes de la République, publié en janvier 2005. Il est par ailleurs l'auteur de Tunisie, le délitement de la cité – Coercition, consentement, résistances, publié chez Karthala en 2003.

Titre : Pour une politique de la racaille.
Nombre de pages : 158.
Editions : Textuel (Diffusion Seuil).
Ouvrage à paraître le 13 avril 2006




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