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Religions

Polémique sur un mariage homosexuel musulman : le président de HM2F s'exprime

Rédigé par Pauline Compan | Vendredi 2 Mars 2012 à 11:27

           

Un premier mariage homosexuel musulman ? Le président de l’association Homosexuels musulmans de France (HM2F) s’est uni « « religieusement » à son compagnon sud-africain, Qiyaam, 29 ans. La cérémonie s’est tenue dans un appartement de Sevran (93), le samedi 18 février, sous le patronage d’un aspirant imam, membre de HM2F. Ludovic Mohamed Zahed, 35 ans, y avait convié sa famille et des membres et sympathisants de l’association.



Ludovic et Qiyaam lors de leur mariage.
Ludovic et Qiyaam lors de leur mariage.
L’union a eu lieu devant une cinquantaine de personnes au cours d’une cérémonie œcuménique, où les invités ont également récité un Notre Père et des prières hébraïques. Un geste symbolique pour ce militant contre l'homophobie, musulman pratiquant.

En couple avec un Sud-Africain, également de confession musulmane, Ludovic Mohamed Zahed a souhaité officialiser leur union devant témoins. Un mariage qui n’a, bien sûr, aucune valeur juridique mais qui voudrait poser un débat sur l’union de personnes du même sexe en islam.

Saphirnews a pu questionner ce doctorant en anthropologie du fait religieux à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) sur sa démarche.

Saphirnews : Pourquoi célébrer cette cérémonie ?

Ludovic Mohamed Zahed : Nous avions envie de partager un moment de fête avec ma famille et nos amis et d’officialiser notre union aux yeux de tous. C’est la source même du mariage islamique d’affirmer son union devant la communauté. En plus, mon ami étant sud-africain, nous avons déjà contracté un mariage civil en Afrique du Sud avec sa famille. En France, nous ne pouvons pas nous pacser car, aux yeux de la loi, mon compagnon est déjà marié à l’étranger, donc ce mariage religieux était important pour nous.

Quels obstacles rencontrez-vous pour vous pacser ?

Ludovic Mohamed Zahed : Notre mariage civil en Afrique du Sud fait que mon compagnon ne peut être attesté comme célibataire par son ambassade. Ce n’est pas le cas pour moi, car la législation française ne reconnaissant pas un mariage entre deux personnes du même sexe, je reste officiellement célibataire.

Aujourd’hui, nous avons plusieurs options. Nous pouvons divorcer en Afrique du Sud pour pouvoir nous pacser en France où nous résidons, mais je ne privilégie pas cette option. J'attends le résultat de l’élection présidentielle. En cas de victoire de la gauche, nous pourrions être autorisés à faire reconnaître ce mariage par l’Etat français. Dans le cas contraire, nous essayons d’obtenir une dérogation auprès de la Chancellerie, car il devrait être possible pour un couple marié à l’étranger de se pacser en France, si les deux protagonistes sont bien les mêmes personnes. Il y a un vide juridique sur cette question.

Ce mariage est médiatisé. Pourquoi ce choix ?

Ludovic Mohamed Zahed : Car nous sommes des militants, mon compagnon est aussi dans une association LGBT musulmane en Afrique du Sud. Et je souhaitais communiquer sur ce tabou pour dire à tous les homosexuels musulmans qui nous contactent qu’ils ne doivent pas se sentir honteux de leur nature.

Pour les médias, nous ne voulions pas d’articles avant la cérémonie car nous avions peur de troubles éventuels. Une journaliste de VSD avait contacté notre association quelques jours avant le mariage pour proposer un reportage sur notre association. C’est pour cette raison que le magazine a publié un article sur notre mariage.

Vous avez réuni les trois religions monothéistes au cours de la cérémonie...

Ludovic Mohamed Zahed : Nous avions voulu poursuivre notre démarche en faveur d’un meilleur dialogue interreligieux, illustré notamment par le voyage de notre association en Israël avec des jeunes juifs et chrétiens.

D’un point de vue personnel, il était important pour moi de partager ce moment avec mes amis de différentes confessions. C’est pour cela que nous avons récité le Notre Père et des prières hébraïques. De même une amie à moi, femme, a dirigé une prière. Nous croyons que ce mariage avant-gardiste est un symbole fort, aussi à cause de ce mélange œcuménique.

Quel message adressez-vous à la communauté musulmane ?

Ludovic Mohamed Zahed : Notre message est toujours le même. L’homosexualité est une réalité et les LGBT existent au sein de l’Islam. Ils sont en droit de s’approprier un héritage culturel et cultuel, comme tout un chacun.

Oui, mais les savants rejettent le mariage entre personnes du même sexe…

Ludovic Mohamed Zahed : A la création de l’association, il y a trois ans, nous avions eu des réactions encourageantes, notamment celle de l’imam Tareq Oubrou contre l’homophobie. Depuis, cela s’est un peu calmé par peur des menaces, mais notre combat continue. Il s’agit d’éthique islamique et cette éthique appartient aux musulmans. C’est à nous de la faire évoluer, il n’y a pas de raisons que nous soyons plus conservateurs en France qu’ailleurs.

Avez-vous connaissance de précédents mariages similaires entre personnes du même sexe ?

Ludovic Mohamed Zahed : Oui, en Angleterre, mais aussi en Afrique du Sud, aux États-Unis et même en Indonésie, grand pays musulman, où des homosexuels évoluent plus ouvertement sur ces questions. Au Maroc, des couples homosexuels vivent ensemble sans que cela pose de problèmes. Ce qui pose réellement problème, ce sont les traditions patriarcales, hétérocentrées et machistes, héritées du passé.

Des stéréotypes qui se retrouvent dans le chiisme. Car si cette branche de l’islam accepte la transsexualité, c’est au prix d’une mutilation. Pourtant, même dans les sociétés chiites, les mentalités évoluent. Il m’a ainsi été possible de participer à une action de distribution de préservatifs en Iran avec une association de lutte contre le sida. Un travail de prévention que le gouvernement autorise depuis cinq - six ans dans des lieux de rencontres connus entre personnes homosexuelles.

Qui était l’imam qui a dirigé votre cérémonie ?

Ludovic Mohamed Zahed : C’est un membre de HM2F, étudiant en psychologie à Paris, musulman et homosexuel. Il est le petit-fils d’un imam de l’île Maurice et il avait l’habitude d’assister son grand-père dans ses fonctions. Il aspire à incarner cette fonction sociale d’imam, peu importe sa vie privée. Il se documente énormément et assiste à des conférences et à des réunions, sur le soufisme par exemple.

Comment sa famille a-t-elle réagi à son homosexualité ?

Ludovic Mohamed Zahed : C’est un secret de polichinelle, car ils voient bien sa différence mais n’en parlent pas clairement. Il peut y avoir, là aussi, un blocage machiste culturel.

Et votre famille d'origine algérienne, comment réagit-elle à ce mariage ?

Ludovic Mohamed Zahed : J’ai toujours été efféminé, donc mon « coming out » n’avait pas surpris ma famille. Mon père a été très dur avec moi au début, mais il a beaucoup évolué sur ces questions, il le dit lui-même : « Personne ne peut juger ce genre d’engagement, à part Allah. » C’est un grand progrès depuis 10 ans et, aujourd’hui, ma mère m’encourage même à avoir des enfants.

Justement, quelle est votre position sur l’adoption par des couples homosexuels ?

Ludovic Mohamed Zahed : Je suis tout à fait pour, c’est d’ailleurs dans nos projets. En tant que diplômé en psychologie cognitive (de l'Ecole normale supérieure, ndrl), je connais beaucoup d’études qui montrent que cela ne pose pas de problèmes aux enfants dans leur développement ou leur équilibre. Il faut donner cette liberté à des couples qui en ont l’envie, d’autant plus que nous ne sommes plus dans le mythe du risque de l’extinction de l’humanité. Quant à la protection de la filiation, il me semble que c’était une question importante dans le contexte de naissance de l'islam et qu'ils ont dû trancher. Les choses sont différentes aujourd'hui.






Réagissez ! A vous la parole.
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31.Posté par takbir le 22/10/2012 09:28 | Alerter
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Assalamou3alaikoum

Première erreur de Saphir News, écrire en titre:

"mariage homosexuel musulman"....

un non sens évident, mais qui, par cette gymnastique journalistique, tend a semer le doute dans l'esprit des gens, NON homosexuel ne fonctionne pas avec MUSULMAN !

Pourquoi pas "mariage zoophile musulman"? ou "trafic de drogue musulman"? "vin musulman" ou même "élevage de porc musulman" ? .... désolé mais je suis choqué par ce que je lis, et par l'état de notre communauté.

Qu'Allah nous guide

32.Posté par Sam Byhel le 19/11/2012 10:57 | Alerter
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En relisant l’histoire de Tristan et Iseut, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec la très médiatique question du mariage entre personnes du même sexe. A une époque où le mariage d’amour était considéré comme une menace pour la bonne marche de la société, ce couple mythique se retrouve hors la loi. Son refuge, il le trouve au fond des bois, en marge de la société.
Leur union, aujourd’hui banale, était, elle aussi, considérée comme « contre nature » selon l’ordre du monde d’alors où le mariage arrangé était la norme. Une norme que l’on comprend aisément lorsque l’on connaît le potentiel subversif de l’amour.
Si autrefois en effet le cœur du mariage était la présomption de paternité, aujourd’hui, c’est le couple qui en est le cœur. Le mariage n’a plus la finalité quantitative et utilitaire de procréer mais celle de protéger deux personnes qui s’aiment.
Les réticences actuelles à reconnaître les amours homosexuelles nous viennent de loin. La loi de Moïse déjà nous en parlait. Société patriarcale au besoin vital de grandir, les Hébreux condamnent clairement et fermement l’homosexualité masculine. Cette société n’existe plus et la loi de Moïse n’est pas en self-service. Soit elle s’applique à la lette dans son intégralité, soit elle ne correspond plus à notre monde en tant que loi.
En tant que texte fondateur de nos civilisations, on ne peut certes pas la balayer en quelques lignes. Mais selon les écrits néo-testamentaires, cette loi, nous en disposons. La loi est fai...  

33.Posté par zohra le 03/12/2012 13:40 | Alerter
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Maintenant c'est leur choix d'être homosexuel chacun et libre de ses faits et gestes, viendra le jour où chaque être humain sera jugé...

Mais C EST INTERDIT DANS L'ISLAM, qu'ils arrêtent qu'ils relisent le CORAN, et cette personne qui est en train de les marier cet escroc

34.Posté par manai le 03/01/2013 22:11 | Alerter
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Je trouve que la plus belle histoire du monde est celle de Abubakr rachetant l'esclave Bilal torturé par son maître a cause de l'Islam. Je me suis dit qu'il serait bien pratique de m'acheter un esclave. Mais on m'a dit que cela n'était pas possible. Comment, le saint Coran ne peut mentir! Ou alors cela voudrait dire qu'il y a dans le Saint Livre des choses qui étaient vraies a une certaine époque mais qui ne le sont plus? C'est très intéressant,ne trouvez vous pas?

35.Posté par jack QUEBEC le 15/10/2013 14:23 | Alerter
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il existe des gays par millions au Maghreb et ailleurs en terre musulmane
il existe des vins musulmans excellent au Maroc, et aussi en Tunisie...
il existe des élevages de porcs au Maroc en vallée de l'Ourika et ailleurs.
Le déni de réalité n'est pas que de politique intérieure française, il est aussi musulman comme peut être dans d'autres religions... HEUREUSEMENT QUE le DENI DE CO N NERIE EXISTE AUSSI, certains seront donc absout.

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