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Religions

Pèlerinage 2006 : attention danger !

Rédigé par Nadia Sweeny | Mercredi 29 Novembre 2006 à 12:43

           

De nombreux incidents sont intervenus lors de la préparation du grand pèlerinage, remettant gravement en considération la sécurité des 27 000 pèlerins français devant se rendre dans les Lieux saints de l’islam. Les premiers départs pour l’Arabie Saoudite devaient avoir lieux le 5 décembre 2006. Or, à ce jour, la majorité des agences de voyages n’ont pas obtenues les visas des voyageurs, les places dans les avions, ni les chambres d’hôtels sur place. De plus, les constructions d’un ensemble sécurisé non loin des stèles de Mina ne sont pas achevées, laissant donc un chantier où doivent se rendre plus de 2,5 millions de pèlerins. Mina est une des places ou les mouvements de foule ont fait, l’année dernière, plusieurs centaines de morts.



Les retards administratifs précipitent l’organisation du voyage

Les retards dans l’organisation du pèlerinage 2006 ne se comptent plus. Rien n’est près à quelques jours des premiers départs. Les voyageurs n’ont ni visas, ni billets d’avions, ni place dans les hôtels… C’est un véritable champ de bataille au sein d’une organisation primordiale qui concerne cette année environ 27 000 pèlerins français.

L’association SOS Pèlerins lance un cri d’alarme sur les dangers de la totale désorganisation du pèlerinage à La Mecque pour cette année. « Le plus gros soucis reste qu’aucun des opérateurs français n’a reçu les agréments finaux des saoudiens pour instruire et constituer les dossiers pour les visas hajj. Il y a trois à quatre semaines de retards », déclare ainsi Zakaria Nana, président de SOS Pèlerin.

« Nous lançons un état d’alerte, car la précipitation engendre des difficultés plus importantes que l’année dernière. » insiste t il. « Les visas sont toujours en attente d’obtention », ajoute la femme de Djaber Rachid, gérant de l’agence de voyage VIP tour, à Gennevilliers. « Mon mari est en Arabie Saoudite depuis plus de 15 jours. (…) Nous attendons toujours les stickers à mettre sur les passeports. Ces stickers sont donnés par le gouvernement saoudien, mais pour l’instant nous n’en avons reçus aucun, les pèlerins ne peuvent donc pas partir. »

L’ambassade saoudienne en France ne constate en revanche aucun problème majeur : « Tout va bien, il n’y a pas de retard de notre côté, nous distribuons de manière normale les visas », déclare un représentant de l’ambassade.

Les raisons de ces retards dans les contrats d’agences de voyages pour l’obtention des visas viennent apparemment des nouvelles normes de sécurité imposées par le gouvernement saoudien. En effet, suite à l’effondrement l’année dernière d’un immeuble de neuf étages causant plusieurs dizaines de morts pendant le pèlerinage 2006, le gouvernement a mis en place des normes de sécurité plus strictes pour les hôtels. Cependant, ces hôtels n’ont pas démarré les travaux assez tôt, compromettant ainsi leur collaboration avec les agences de voyages. Ces dernières ne peuvent en aucun cas héberger leur pèlerins dedans, sous peine de ne pas obtenir les visas. « La seule alternative pour les opérateurs français, est de ne pas instruire un dossier avec un hôtel aux normes de sécurité des saoudiens, mais avec des résidences. Les hôtels sont sous haute sécurité mais pas les résidences d’habitation. Pourquoi ? Je ne sais pas », s’étonne Zakaria Nana.

De plus, « Il semblerait que le gouvernement saoudien effectue un certain « nettoyage » au ministère du Hajj à Djeddah, notamment sur les passes droits. Certains voyagistes avaient peut être l’habitude de passer par des réseaux qui n’existent plus là bas », explique Bernard Godard, conseiller au Bureau central des cultes du ministère de l'intérieur.


Pèlerinage 2006 : attention danger !

Cette année, pas d’avions supplémentaires pour le hajj

Cette année, la compagnie aérienne saoudienne, Saudi Arabian Airlines, n’a annoncé aucun vol supplémentaire pour les départs en direction des Lieux saint de l’islam. En conséquence, plusieurs milliers de pèlerins se retrouvent, à quelques jours du départ, sans billets d’avions. « C’est catastrophique, les pèlerins attendent toujours les dates de leur départ et nous aussi. Les responsables de la Saudi Arabian Airlines nous disent que les dates des avions pour l’Arabie Saoudite ne sont pas encore disponibles. » Déclare un imam accompagnateur du pèlerinage depuis plus de 15 ans.

« Il y a une semaine, il y eu une réunion à la Saudi Arabian Airlines, ça c’est très mal passé. Dans un premier temps, ils parlaient en arabe, donc je n‘ai pas tout compris », explique la femme du gérant de VIP Tour. « L’objet de cette réunion était d’attribuer des places dans les avions aux agents de voyages présents pour le pèlerinage de 2007. Ils ont le monopole des vols, donc on ne peut pas dire grand-chose, nous », insiste la jeune femme. « Ils nous donne au compte goutte, trente places par ci, dix places par là. Beaucoup de nos clients ont des allers mais pas de retour. Sachant que nous avons 250 pèlerins qui partent. La majorité n’ont pas encore de place dans les avions », s’indigne la jeune femme.

Cette année, les retards sur l’attribution des places dans les avions sont donc très importants. « Ils ne nous ont pas prévenus ni expliqué quoi que se soit sur les raisons de ce retard et pourquoi ils n’ont pas mis en place de vols supplémentaires », s’étonne la gérante de VIP Tour. « Les premiers pèlerins étaient prévus le 3 décembre, mais ils ne partiront qu’à partir du 10. Le pire, c’est que beaucoup travaillent et on posé leurs vacances, ils ont donc dû s’arranger avec leurs employeurs. »

Les bureaux français de la Saudi Arabian Airlines confirment que cette année, aucun avion supplémentaire n’a été mis en place pour assurer le voyage des pèlerins français. « Cette décision a été prise par la direction. Ce n’est pas une action contre les musulmans de France, mais il faut savoir que chaque année le nombre de pèlerins dans le monde augmente, donc la demande est de plus en plus forte. (…) Toutes les compagnies aériennes ont des problèmes d’avions », déclare un responsable commercial de la compagnie aérienne saoudienne.

Bernard Godard explique que ce n’est pas la première année que cela se produit. « C’est la troisième fois que ça arrive. Les raisons sont commerciales. Concernant ces affrètements d'avions, s’ils sont fait à l’avance normalement il n’y a pas de soucis. Ce n’est pas spécialement la faute des opérateurs. Cependant, il est vrai que cette année les proportions sont plus importantes », explique ainsi le conseiller du Bureau des cultes.

Mina en travaux

Outre les nombreux retards administratifs, un autre grave problème de type sécuritaire se pose. En effet, l’environnement des stèles de Mina a été totalement détruit l’année dernière suit aux bousculades qui ont fait plusieurs centaines de morts. La nouvelle construction n’est pas terminée. Il reste donc sur place un chantier, vers lequel vont devoir converger plusieurs millions de pèlerins annuels. Un risque énorme, sachant que les mouvements de foule, sur Mina, sont les plus meurtriers. « Si les travaux ne sont pas finis les risques sont que des gens vont trouver la mort là bas », explique un imam, accompagnateur du pèlerinage.

« Ils veulent tout détruire et reconstruire avec de nouveaux dispositifs de sécurité. C’est quelque chose d’exceptionnel. Le problème est que sur douze mois le chantier n’est pas fini. Certains de nos correspondants nous disent que si ça reste en l’état actuel, ce ne sera jamais praticable », prévient ainsi le directeur de SOS Pèlerin. « Je me demande s’il ne faut pas faire un boycott du pèlerinage de cette année. C’est lourd en conséquence ce que je dis car boycotter le pèlerinage, cela veut dire déposer le bilan pour les voyagistes. (…) Mais si la situation reste ainsi, j’appel à boycotter ce pèlerinage, simplement pour éviter les drames comme l’année dernière multipliés par 100 en terme de risque », poursuit il.

« Le président de SOS Pèlerin a prévenu les plus hautes autorités de l’Etat, des risques encourus cette année par les 27 000 pèlerins français qui devraient se rendre à la Mecque, le mois prochain », peut-on lire dans un communiqué de l'association.

Bernard Godard souligne la confiance donné à SOS Pèlerin tout en rappelant que l’association « peut avoir intérêt a augmenté le danger pour faire valoir un certain type d’assurance ». En effet, SOS Pèlerin a fait un partenariat avec l’entreprise AXA Assurances afin de promouvoir un nouveau produit spécialement réservé aux pèlerins nommé « Pèlerin assistance ». Bernard Godard insiste sur le fait que « chaque année rencontre son lot de problèmes pour le pèlerinage, ce n’est pas nouveau ».





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