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Société

Les Noirs entendent peser dans la présidentielle

| Jeudi 1 Février 2007 à 10:16

           

Un sondage consacré aux Noirs de France, une première, puisque la loi interdit tout fichier basé sur des critères ethniques. Ils seraient 1,865 million, âgés de plus de 18 ans selon une étude TNS Sofres, et entendent peser dans la campagne présidentielle.



56% se disent victimes de discrimination raciale

Selon cette étude publiée mercredi et commandée par le Conseil représentatif des associations noires (Cran) en association avec le Parisien, il y aurait en France 1.865.000 Noirs de plus de 18 ans, soit 3,86% de la population.

Parmi eux, plus de la moitié (56%) se disent personnellement victimes de discrimination raciale : 12% déclarent l'être souvent, 19% de temps en temps et 25% rarement. 61% ont le sentiment d'avoir vécu au moins une situation de discrimination raciale au cours des 12 derniers mois.

Pire, 37% des Noirs interrogés affirment que les discriminations dont ils sont victimes se sont aggravées depuis un an (contre 17% qui pensent qu'elles se sont réduites et 40% qu'elles n'ont pas changé).

Ni statistique, ni recensement

Le directeur général adjoint de la Sofres, Brice Teinturier, qui présentait l'étude mercredi à la presse, a pris soin d'en noter "la stricte légalité", la loi interdisant de constituer des fichiers à partir de données ethniques.

"Nous ne sommes là ni dans la statistique, ni dans le recensement, a-t-il déclaré, mais dans l'étude d'opinion", soulignant que l'étude était fondée sur "la perception subjective de ceux qui se déclarent Noirs".

Il a en outre précisé que l'étude, réalisée par téléphone du 3 au 23 janvier en France métropolitaine et dans les Dom, auprès de 13.059 personnes, montrait que 81% d'entre elles étaient de nationalité française.


Les Noirs feront la différence dans l'isoloir

Le président du Cran, Patrick Lozès, s'est déclaré "choqué" que 61% des Noirs français se soient sentis discriminés au cours de l'année et que seuls 29% fassent confiance aux politiques.

"Les Noirs feront la différence dans l'isoloir", a-t-il lancé, rappelant qu'il n'y avait eu "que 200.000 voix de différence entre Jospin et Le Pen au premier tour" de la présidentielle de 2002.

Le président du Cran - qui a grandi en région parisienne -, pharmacien et fils d'un ancien sénateur de la IVème République, a dénoncé l'existence en France d'un "racisme de faible intensité, que l'on ne perçoit que lorsque l'on est d'un seul côté de la barrière".

Louis-Georges Tin
Louis-Georges Tin

Il faut bien fixer des objectifs

Récusant les termes de "discrimination positive" et de "quotas" pour lutter contre les discriminations, Patrick Lozès a néanmoins déclaré que si l'"on veut que cesse la surreprésentation des hommes blancs en costume-cravate (...) il faut bien fixer des objectifs", citant notamment 8% de députés et de membres du gouvernement noirs.

Le porte-parole du Cran, Louis-Georges Tin, a déclaré qu'il fallait "fonder une politique équitable". "L'Etat essaie sans cesse, dit-il, de rééquilibrer. Il le fait déjà en ce qui concerne la parité homme/femme ou, pour les inégalités économiques, avec l'impôt sur le revenu".

"Pour nous, a-t-il ajouté, il s'agit de corriger un handicap social et être noir est un handicap social".

Le Cran a soumis un questionnaire aux différents candidats à la présidentielle sur la façon dont ils comptent lutter contre les discriminations, et attend les réponses pour le 16 février.





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