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Economie

Le gouvernement envisage de supprimer un jour férié

Rédigé par Bouchene Salem | Mercredi 29 Octobre 2003 à 00:00

           

Face aux victimes de la canicule de cet été 2003 (plus de 13000 personnes),le gouvernement se devait de réagir. La semaine dernière, la décision a donc été prise de supprimer un jour férié pour financer le plan d’aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées : ce sera le lundi de pentecôte*.



Face aux victimes de la canicule de cet été 2003 (plus de 13000 personnes), le gouvernement se devait de réagir. Aussi, la semaine dernière, la décision a été prise de supprimer un jour férié pour financer le plan d’aide aux personnes âgées et aux handicapés : ce sera le lundi de pentecôte*.

 

Un jour férié en moins dès 2004

Les quotidiens Les Echos et France Soir affirment, mardi 28 octobre, que le gouvernement a choisi de faire du lundi de Pentecôte la 'journée de solidarité' destinée à financer l'aide aux personnes âgées.

Après le drame de la canicule, Jean Pierre Raffarin avait déjà émis l’hypothèse de supprimer un jour férié pour financer un plan d’aide aux premières victimes, c’est à dire les personnes âgées et les handicapés. Vendredi 24 octobre, il aurait confirmé son intention lors de la dernière réunion des ministres à Matignon et cette mesure serait applicable dès 2004.

Les architectes de ce plan, le ministre des Affaires Sociales, du travail et de la solidarité, le ministre de la santé  J.F.Mattei et les secrétaires d’Etat aux personnes âgées, devraient présenter leur projet au conseil des ministres du 6 novembre.

Les salariés du privé et du public devront travailler un jour de plus dans l’année. La mesure doit rapporter quelque 1,9 milliards d'euros. Selon Les Echos, bénéficiant d'un jour de travail supplémentaire, 'les entreprises reverseront à l'Etat l'équivalent supposé du produit de leur activité, sous la forme d'une cotisation nouvelle de 0,2 % à 0,3 % de la masse salariale'. La mesure épargnera un certain nombre de catégories sociales puisque les chômeurs, les retraités non imposables, agriculteurs et professions indépendantes non salariées seront exonérés. France Soir précise que 'des non-salariés, comme les retraités imposables, seront assujettis à une taxe équivalente'. Bercy chercherait également à mettre en place une taxe sur le capital devant rapporter 'environ 200 millions d'euros', d'après le quotidien économique.

Parmi les mesures qui seront financées grâce à ces ressources nouvelles, Les Echos évoquent 'un programme d'ouverture de 100 000 lits médicalisés pour les personnes âgées dans les maisons spécialisées à l'horizon 2015', l'affectation de 400 à 500 millions d'euros à l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) ou encore l’amélioration des services gériatriques.

Des effets négatifs sur l’emploi
Une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) met pourtant en garde contre les possibles effets négatifs de la suppression d'un jour férié sur l'emploi. Selon l'OFCE, la politique du gouvernement risquerait, dans les conditions de la conjoncture  actuelle, de contribuer à la perte de dizaines de milliers de postes.

Selon Xavier Timbeau, chef du département analyse et prévisions de l'OCFE, 'en théorie, la suppression d'un jour férié augmente l'activité de 0,45 % [...] mais cela suppose une bonne conjoncture économique, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui en France'. Au vu du niveau actuel du chômage et de sa tendance à la hausse, il juge le résultat de la mesure 'hypothétique'.

Le rapport souligne, toutefois, que des emplois pourraient être créés grâce, notamment, à une hausse des cotisations supérieures et l'affectation intégrale des recettes aux personnes âgées. Selon M. Timbeau, la couverture d'un risque universel pour les personnes âgées 'devrait se faire sur une imposition plus large que le seul travail', notamment avec 'un dispositif de taxation des revenus, principalement les revenus du capital'.

*         La Pentecôte est pour les Chrétiens la fête de la naissance de leur Eglise, célébrée le dimanche et non le lundi. Au Moyen-Age, sans doute pour compenser l'absence de vacances, le lendemain des fêtes religieuses était souvent chômé. Comme le lundi de Pâques, le lundi de Pentecôte chômé a été officiellement institué sous la IIIe République, en 1886, 84 ans après Noël, l'Ascension, l'Assomption (le 15 août) et la Toussaint.





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