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Le Tchad accuse toujours le Soudan

| Mardi 18 Avril 2006 à 07:38

           

Lundi, le Tchad a de nouveau mis en cause le Soudan, l'accusant de reconstituer la rébellion en vue d'une nouvelle attaque contre N'Djamena, mais a assoupli sa position sur le contentieux pétrolier avec la Banque mondiale et sur la décision d'expulser les 200 000 réfugiés soudanais.



Une nouvelle armée?

Après avoir rompu ses relations diplomatiques avec Khartoum et accusé le président soudanais Omar el-Béchir de "génocide" au Darfour, le régime du président Idriss Deby Itno a affirmé cette fois que son voisin était en train de réarmer les rebelles du Front uni pour le changement (Fuc). "Les Soudanais sont en train de reconstituer une nouvelle armée" de l'autre côté de la frontière et "de préparer une nouvelle boucherie", a affirmé à l'AFP le chef de la diplomatie tchadienne Ahmat Allami. Des sources militaires tchadiennes et la rébellion ont aussi annoncé lundi que plusieurs officiers supérieurs ont déserté depuis jeudi les rangs de l'armée pour rejoindre le Fuc.


La crise du Darfour, la principale source de déstabilisation

Le Tchad a retiré dimanche sa délégation des négociations de paix sur le Darfour à Abuja (Nigeria) entre le gouvernement de Khartoum et les rébellions de la province soudanaise. "Il ne sert à rien de jouer les médiateurs alors que nous sommes victimes de l'agression soudanaise", a expliqué à l'AFP dimanche le chef de la diplomatie tchadienne. "On ne peut pas être partie à un conflit et assurer sa médiation", a estimé Ahmat Allami. La crise du Darfour est considérée par le régime tchadien comme la principale source de déstabilisation de son pays depuis 3 ans, et les camps qui accueillent 200.000 réfugiés soudanais dans l'est de son territoire comme l'un des "réservoirs" du Fuc. Le Tchad a toutefois baissé d'un ton au sujet de ces réfugiés qu'il avait menacé vendredi d'expulser avant la fin juin.


La Banque mondiale

Le Tchad a aussi mis un bémol à ses exigences dans le conflit qui l'oppose à la Banque mondiale (BM) au sujet de l'utilisation de ses revenus pétroliers, en annonçant dimanche soir qu'il acceptait de reporter à la fin du mois sa menace de fermer son robinet de brut (200.000 barils par jour) afin de permettre une médiation des Etats-Unis. En proie à une grave crise financière exacerbée par la situation militaire, le Tchad souhaite récupérer environ 100 millions de ses pétrodollars, actuellement bloqués par la BM ou retenus par le consortium pétrolier américano-malaisien qui extrait le brut des champs de Doba (sud).

Accrochages ce week-end

Sur le plan militaire, le Tchad a assuré que la colonne rebelle repoussée jeudi devant N'Djamena s'était "éparpillée sur tout le territoire". "Le ratissage se poursuit mais il n'y a plus de force constituée qui menace le territoire", a dit M. Allamiassuré, alors que lundi, les autorités tchadiennes ont à nouveau exhibé publiqement des armes et des véhicules saisis aux rebelles et provenant du Soudan, selon elles. Des sources militaires tchadiennes ont malgré tout fait état d'accrochages ce week-end autour de Sarh (500 km au sud de N'Djamena), au cours desquels le seul hélicoptère de combat de l'armée tchadienne a été mis hors d'usage. Un émissaire du président de la Commission de l'Union africaine Alpha Oumar Konaré est arrivé lundi à N'Djamena, précédé la veille par un responsable libyen pour rencontrer le président Deby. La médiation de l'UA et de la Libye a permis la signature le 8 février à Tripoli d'un accord dans lequel Tchad et Soudan s'interdisaient mutuellement d'entretenir des rébellions sur leur territoire ou de mener des activités hostiles à l'autre.




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