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Politique

Laïcité : Valls choisit le camp Badinter, Jean-Louis Bianco répond

Rédigé par | Mardi 19 Janvier 2016 à 13:38

           


Laïcité : Valls choisit le camp Badinter, Jean-Louis Bianco répond
Les propos d’Elsabeth Badinter, suivis d’un tweet critique du rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité Nicolas Cadène, continuent de faire des remous à gauche. Cette fois, c’est Manuel Valls qui entre dans la valse.

Invité lundi 18 janvier à une rencontre-débat par Les Amis du CRIF, le Premier ministre a été appelé à réagir à la polémique qui agite l’Observatoire. Il s’en est alors pris au président de cette institution Jean-Louis Bianco, lui reprochant d’avoir signé l’appel Nous Sommes Unis en ces termes : « L'Observatoire de la laïcité - qui est placé sous ma responsabilité - ne peut pas être quelque chose qui dénature la réalité de cette laïcité. Il doit être clair sur les appels que l'on signe: on ne peut pas signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme, que l’on a évoqué tout à l’heure (nauséabond, ndlr), ça n'est pas possible. »

« Un collaborateur d'un observatoire de la République ne peut pas s'en prendre à une philosophe comme Élisabeth Badinter - pas parce qu'elle est philosophe ni parce qu'elle s'appelle Élisabeth Badinter, mais à partir de ses propos : c'est une défense intransigeante, que je partage d'ailleurs, de la laïcité dans bien des domaines. Et ça, ça doit être rappelé à chacun. L'Observatoire est indépendant, mais là il y a des lignes qui ont été dépassées et je le rappellerai à chacun », a-t-il ajouté.

Nous Sommes Unis, un très large appel unitaire

Elisabeth Badinter est-elle à ce point intouchable ? C’est ce qui en ressort des propos du Premier ministre, rejoignant de fait le député Jean Glavany, la sénatrice François Laborde et le président du Comité Laïcité République Patrick Kessel dans leurs critiques acerbes à l’égard de Jean-Louis Bianco.

Blâmé pour son soutien à l’appel Nous sommes unis, le président de l’Observatoire a fait savoir, dans un communiqué daté du mardi 19 janvier, que le Premier ministre s’en est tout autant pris à lui et à Nicolas Cadène qu’à l’ensemble des personnalités signataires, citant entre autres les responsables de la Commission consultative nationale des droits de l' homme (CNCDH), d’ATD Quart Monde, de la fondation Abbé Pierre, de la Ligue de l’enseignement ou encore le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et le grand rabbin de France Haïm Korsia.

Manuel Valls « méconnaît la réalité des institutions indépendantes dans la République. L’Observatoire de la laïcité n’est pas placé sous sa responsabilité », affirme Jean-Louis Bianco, avant de conclure : « Un minimum de respect aurait justifié qu’il m’appelle avant qu’il s’exprime publiquement. » L’Observatoire continue son travail « avec sérénité et détermination ». Une rencontre entre les deux hommes devrait être prévue prochainement.

Mise à jour : Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) et le mouvement Coexister ont répondu dans la journée aux attaques de Manuel Valls. Pour en savoir plus.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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