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Religions

La rupture du jeûne au coeur de la mosquée Adda'wa

Rédigé par Aït bekkou Linda | Lundi 18 Novembre 2002 à 00:00

           

En ce Ramadan, mois béni et de partage chez les musulmans, les mosquées invitent les gens à prendre un repas chaud, lors de la rupture du jeûne. Parmi elles, à Paris, située en face d'une église protestante, rue de Tanger, la mosquée Adda'wa accueille, dans son quartier populaire du 19ème arrondissement, entre 1200 à 1400 hommes et femmes pour manger en commun….



En ce Ramadan, mois béni et de partage chez les musulmans, les mosquées invitent les gens à prendre un repas chaud, lors de la rupture du jeûne. Parmi elles, à Paris, située en face d'une église protestante, rue de Tanger, la mosquée Adda'wa  accueille, dans son quartier populaire du 19ème arrondissement, entre 1200 à 1400 hommes et femmes  pour manger en commun….

 

Près de 1400 repas servis tous les jours…

Au premier étage de la mosquée Adda'wa, un grand réfectoire ainsi que deux salles adjacentes, sont prêts à recevoir des hommes de tout horizon. Les deux classes dans lesquelles sont donnés habituellement des cours, se transforment, le soir, en cantines. Les cahiers et les stylos sont rangés pour laisser place à la rupture du jeûne. Pour 544 places assises, sont déposés sur toutes les tables, dattes, fromage, et dessert, sans oublier du lait et du pain à volonté. Quant au femmes, beaucoup moins nombreuses que les hommes, c'est au rez-de-chaussée qu'une salle leur est réservée, et une seconde pour les personnes handicapées et très âgées. Dans la région parisienne, la mosquée Adda'wa est la seule à rassembler un nombre aussi important d'hommes et de femmes, autour de la rupture du jeûne de Ramadan. Selon l'un des organisateurs, ' il y a des jours où le service est multiplié par trois'.

 

Dynamisme et dévouement…

 A l'entrée de la mosquée, une camionnette blanche s'arrête et ouvre ses portes à une livraison de 850 litres de lait que des bras transportent en direction des réfectoires. L'organisation et la rapidité sont de rigueur, les salariés et les bénévoles forment une vingtaine de personnes environ. Deux chefs cuisiniers sont chargés de la préparation du plat traditionnel riche en légumes et marié de viande, la chorba dont la délicieuse odeur vient parfumer la mosquée. Des commis coupent le pain et emballent d'un sachet, les kilos de dattes que les  convives n'oublieront pas d'emporter avec  eux. Après une préparation active et généreuse, tout est fin prêt. Des gens affluent dans la mosquée. Immédiatement, on entend, au moyen d'haut-parleurs, des récitations coraniques dont la mélodie  anime les cœurs. Pendant que certaines personnes prennent la file menant aux réfectoires, d'autres se dirigent vers la salle de prière. Le soleil couché, le jeûne est rompu, les croyants se prosternent.…Marie observant les femmes entrain de prier, se confie 'J'habite dans le quartier et je viens tous les jours. Cela m'arrange d'être ici car je suis handicapée et ça me fait plaisir qu'on s'occupe de moi '.    Une fois la prière accomplie, les organisateurs se chargent du premier service. On ne tarde pas à voir des habitants du quartier, musulmans ou non, des femmes avec leurs enfants, des SDF, des réfugiés toute origine confondue, des personnes handicapées, des démunis. Parmi les bénévoles, se trouve une très jeune femme qui raconte combien c'est important pour elle d'être présente, ' je ne veux pas leur faire sentir que de la nourriture leur est proposée, mais qu'ils sont ici chez eux. D'ailleurs, c'est un devoir pour nous d'être au service des plus pauvres. En plus, je suis très touchée car ils me considèrent tous comme leur fille'.

 

Cheminement et perspectives…

Cette organisation est à l'initiative de l'association de la mosquée Adda'wa, le Centre Socioculturel de la rue de Tanger créé en 1967. Cependant, l'idée de rompre le jeûne en collectivité ne s'est concrétisée que depuis 1980, à l'arrivée d'un militant associatif très engagé. Alors que les moyens requis pour ces préparatifs étaient des plus élémentaires , avec seulement quelques personnes sur le terrain, la rupture du jeûne avait lieu comme prévu. Depuis, une vingtaine de commis, salariés et bénévoles ont rejoint l'association. De plus, la nourriture est actuellement financée par des dons, et  achetée auprès de grossistes. En ce mois de Ramadan, d'autres activités sont proposées par le Centre Socioculturel. Ainsi, la soirée Ramadan  regroupera, le 28 novembre, quelques  300 invités, conférenciers annuels et représentants politiques, dirigée autour d'un débat suivi d'un repas. De même, la journée mondiale de lutte contre le sida sera au rendez-vous avec le concours du meilleur dessin. Le sens dégagé par ce mois de jeûne peut réveiller les consciences humaines dans bien des domaines et la responsabilité de l'homme dans la société. Mais cette lueur d'humanité brillera t-elle encore pour les mois à venir ?

 

 





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