Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

La laïcité pour principe rassembleur: lettre ouverte au Président de la République sur les parents accompagnateurs aux sorties scolaires

Rédigé par Asif Arif, Mehdi Thomas Allal et Madjid Messaoudène | Mardi 24 Septembre 2019 à 17:00

           


La laïcité pour principe rassembleur: lettre ouverte au Président de la République sur les parents accompagnateurs aux sorties scolaires
Monsieur le Président de la République,

Nous prenons l’initiative de cette tribune afin de vous interpeller sur un sujet que nous avons tous à cœur : la laïcité. Depuis des mois, désormais, nous écoutons notre Ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, parler d’atteintes à la laïcité dans nos écoles républicaines. Il en profite également, comme ce fut le cas ce mardi 24 septembre au micro de RMC, pour rappeler sa position personnelle – étant donné qu’il n’existe aucune loi sur le sujet – très stricte sur les parents accompagnateurs, et plus particulièrement sur les femmes voilées, puisqu’il leur conseille de ne pas porter le voile lors des sorties scolaires.

Nous ne concevons pas la laïcité comme un principe qui exclut les femmes voilées de notre République. Nous le concevons comme un principe ayant pour objectif de nourrir le « vivre ensemble », mais également comme une dynamique d’inclusion dans notre société, qui peut y être représentée dans toute sa diversité culturelle et religieuse. Le principe de laïcité n’interdit pas, il proclame une grande liberté, la liberté de conscience.

Voir aussi la vidéo de La Casa del Hikma : la laïcité, un outil contre les religions en France ?

L'exclusion de femmes ne sied pas à la République

Comment peut-on, d’un côté, tenir l’argumentaire visant à dire que les femmes voilées devraient mieux s’intégrer, alors que, de l’autre, nous faisons tout pour qu’elles s’éloignent de la communauté éducative? Cette exclusion ne sied pas à la République, Monsieur le Président. Le principe de laïcité n’a pas valeur constitutionnelle pour diviser nos concitoyens. Lorsqu’un membre du Conseil des sages de la laïcité suscite la polémique sur le voile de Mennel Ibtissem, sur la syndicaliste Maryam Pougetoux et sur beaucoup d’autres sujets d’actualité concernant la laïcité, alors que le Conseil des sages se veut être une institution d’apaisement, il y a là une problématique qu’il faut envisager de front.

Nous ne souhaitons pas d’une France qui vend son principe de laïcité à l’agenda du Rassemblement national. Nous souhaitons revenir à ce que notre État de droit a toujours eu de plus concret : la jurisprudence. Tant le Conseil d’État, dans une étude, que les arrêts des tribunaux administratifs vont dans le sens d’une permission et non d’une interdiction.

Faisons le pari d’un avenir ensemble

Inscrivons clairement dans la loi que les parents accompagnateurs ont le droit de porter des signes religieux en tant qu’usagers du service public, mais que ce port du signe religieux ne doit pas empêcher le bon fonctionnement du service public, notamment à travers des actes de prosélytisme. Nous ne pouvons plus exclure les femmes portant le voile simplement sur la base qu’elles représenteraient une idéologie politique. D’abord, parce que nous n’en savons rien. Ensuite, parce que tant qu’elles respectent les lois républicaines, nous ne pouvons rien leur reprocher.

Comment expliquera-t-on, Monsieur le Président, aux enfants de la République, qu’ils n’ont pas pu bénéficier de sorties scolaires en l’absence d’encadrants, alors que des femmes voilées se portaient volontaires, mais qu’elles ont été délaissées par la République ? Comment expliquera-t-on aux enfants de ces mamans voilées, qui souhaitaient accompagner des classes entières lors des sorties scolaires, que la République a mis leurs mamans de côté aux motifs qu’elles portaient un voile ? Une telle solution serait un scandale pour la République, une régression pour nos droits individuels et une atteinte à nos libertés fondamentales.

Monsieur le Président, faisons le pari d’un avenir ensemble, pas d’une société que la République aura fracturée pour de petits calculs électoraux. Laissez les musulmans de France être fiers de leur pays.

*****
Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et spécialisé sur les questions de laïcité et de libertés publiques. Il est l’auteur de Être musulman en France (Harmattan, 2019).

Mehdi Thomas Allal est maître de conférences à Sciences Po et responsable du pôle « Vivre ensemble » au sein du think tank le Jour d’après (JDA).

Madjid Messaoudène, militant antiraciste, est adjoint au maire à la lutte contre les discriminations de la ville de Saint-Denis.

Lire aussi :
Laïcité : une affiche de la FCPE défendant le droit des mères voilées aux sorties scolaires critiquée
Mères voilées et sorties scolaires : mettons un terme à l'instrumentalisation de la laïcité




Réagissez ! A vous la parole.
Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

6.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 25/09/2019 20:57 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
On a tout à fait le droit de manifester sa religion en public, mais dans les limites des usages et des lois. Par exemple, on ne l'a pas mineur dans l'enceinte d'une école, on ne l'a pas quand cette manifestation est excessive (les déguisements outrageants hors période de carnaval) ou spécifiquement interdite (la dissimulation du visage par le voile islamiste dit "intégral").

On a aussi le droit de critiquer et de refuser absolument ces pratiques ou croyances. C'est précisément l'objet des lois de "laïcité" que de respecter ces désaveux et de permettre de cacher derrière un "voile d'ignorance" les points de désaccords conflictuels, ce qui facilite et rend possible certaines cohabitations et partages. La neutralité des expressions publiques sur les lieux de ces cohabitations et partages est pour cela extrêmement importante et en est en fait une condition.

Pour ce qui concerne les accompagnatrices scolaires, il faut respecter les opinions de certains parents, ceux qui refusent absolument l'idéologie manifestée par les mamans voilées et qui, au nom de la laïcité, refusent d'avoir à confier leurs enfants à des personnes en qui ils n'ont pas confiance à cause de cela.

Car il faut comprendre cette histoire de confiance: l'affirmation publique de la différence ontologique entre homme et femme heurte profondément les usages et croyances d'une partie de la population française.
C'est comme ça.

Quand à la qualification de droits de l'homme "à géométrie variable" au sujet d'une pratiqu...  

5.Posté par Mythopasmytho le 25/09/2019 20:24 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Tout ça pour pas un rond. Elles sont quand meme bien couillon. Le temps c'est de l'argent mesdames. Lol.

4.Posté par Abdoulaye le 25/09/2019 17:34 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Effectivement il y a de graves atteintes à la laïcité ds l'école de la république.
Là laïcité c'est la neutralité de l'état et de ses agents. Les professeurs donc, agents de l'état, font très souvent part de leurs opinions et de leur croyance ou non croyance alors qu'ils n'y sont pas autorisés.
Par contre les élèves et les parents d'élèves devraient pouvoir eux en faire état sans difficultés car ils ne sont pas soumis à la neutralité.
J'invite chacun à se reporter à l'article 18 de la déclaration universelle des droits de l'homme proclamée à Paris le 10 décembre 1948 qui stipule qu'on peut manifester sa religion ou sa conviction en public.
Cette déclaration ayant été d'ailleurs reprise in extenso par l'union européenne en 2012.
Notre pays à toujours eu des droits de l'homme à géométrie variable. Hélas...

3.Posté par Abdoulaye le 25/09/2019 17:33 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Effectivement il y a de graves atteintes à la laïcité ds l'école de la république.
Là laïcité c'est la neutralité de l'état et de ses agents. Les professeurs donc, agents de l'état, font très souvent part de leurs opinions et de leur croyance ou non croyance alors qu'ils n'y sont pas autorisés.
Par contre les élèves et les parents d'élèves devraient pouvoir eux en faire état sans difficultés car ils ne sont pas soumis à la neutralité.
J'invite chacun à se reporter à l'article 18 de la déclaration universelle des droits de l'homme proclamée à Paris le 10 décembre 1948 qui stipule qu'on peut manifester sa religion ou sa conviction en public.
Cette déclaration ayant été d'ailleurs reprise in extensif par l'union européenne en 2012.
Notre pays à toujours eu des droits de l'homme à géométrie variable. Hélas...

2.Posté par Mythopasmytho le 24/09/2019 23:31 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Sacré François. Toujours égal. Un vrai chapelet.

1.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 24/09/2019 18:08 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Plusieurs arguments méritent d'être considérés:

1) exiger des femmes voilés qu'elles s'intègrent mieux? Et bien, c'est précisément en ce qu'elles retirent leur voile, par exemple lors des sorties scolaires. Fierté des enfants qu'on leur accorde cela !

2) Le voile représente bien sur une idéologie politique. C'est par conviction religieuse et obéissance à des préceptes que les femmes voilées le sont. Préceptes portant sur le comportement en public, devant afficher devant tous le respect du précepte, et donc sa visibilité comme idée, organisée en idéologie.

Prétendre autoriser le voile comme une fanfreluche innocente, portée par des esprits futiles suivant une mode passagère serait il une stratégie ? Certainement que non.

3) L'argument du conseil d'Etat cité précise:
« les exigences liées au bon fonctionnement du service public de l’éducation peuvent conduire l’autorité compétente, s’agissant des parents qui participent à des déplacements ou des activités scolaires, à recommander de s’abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses »

Autorisant donc... etc. La chose est critique en France, et il y a peu de chances que des évolutions se fassent, le passage par une loi pouvant même à l'occasion, régler le problème.

4) Il y a une imam femme qui prêche non voilée et qui prétend que le coran ne prône pas vraiment le voile. Quel est son statut ?

1 2 3

SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !