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Points de vue

La condition de la femme musulmane, de Zeina El Tibi, pour un débat franc

Rédigé par Mustapha Chérif | Vendredi 23 Juillet 2021 à 12:30

           


La condition de la femme musulmane, de Zeina El Tibi, pour un débat franc
Aux éditions du Cerf, premier éditeur religieux de France et de l'espace francophone, qui accueille autant les œuvres théologiques, spirituelles que philosophiques et autres sujets de notre époque, est paru un ouvrage passionnant sur un thème d’actualité : « La condition de la femme musulmane » de l’essayiste Zeina El Tibi, présidente de l’Association des femmes arabes de la presse et de lacommunication à Paris.

Avec une vision humaniste et critique des dérives et des dévoiements intégristes et ceux islamophobes, elle présente le vrai visage de l’islam au sujet de la condition de la femme. Le but, notamment dans la première partie du livre, est de mettre fin aux ignorances et aux préjugés et démontrer que les textes fondateurs, le Coran révélé et la Sunna prophétique ont permis des progrès exceptionnels au sujet du statut et de la fonction de la femme dans la société.

La condition de la femme musulmane, de Zeina El Tibi, pour un débat franc

Un hymne à la complétude et à la tolérance

L’islam, se voulant doctrine libératrice et voie du juste milieu, accorde une place centrale aux femmes, notamment sur la base de l’égalité ontologique, la complémentarité avec l’homme et l’indépendance économique. Le Prophète a pleinement réussi sa mission grâce aussi à des femmes exemplaires comme son épouse Khadija, et les femmes compagnons.

La deuxième partie du livre traite avec pertinence de la condition de la femme et de la modernité, notamment dans les pays arabes. Des faits et des exemples sont cités comme arguments. Aucun sujet tabou n’est ignoré. D’autant qu’un précédent ouvrage de cette auteure avait permis d’entamer déjà la problématique : « Les femmes des deux rives de la Méditerranée face à l'extrémisme. »

L’intérêt de ce nouvel essai réside dans le fait que la diversité culturelle et les conditions historiques propres à chaque société sont pris en compte. En effet, personne, ni les intégristes religieux, ni les libertaires propagandistes de mœurs spécifiques, n’a le droit d’imposer son point de vue. C’est un hymne à la complétude et à la tolérance, tout en respectant une éthique, que la philosophie de ce livre, à la fois tranché, documenté et pédagogique, invite.

Avec force et clarté, il démontre que la grande place des femmes dans l’islam est méconnue et instrumentalisée. Durant l’âge d’or de la civilisation musulmane, la femme a occupé des rangs élevés et a contribué aux progrès civilisationnels sur tous les plans. Les discriminations ne sont en rien islamiques.

Lire aussi : Féminisme et islam : le combat d'Amina Wadud, Coran en main, pour une justice de genre, une source d'inspiration

Retrouver la vérité universelle de l’islam, ouvert, éthique et bienveillant

Depuis l’essor de la modernité il y a trois siècles, l’auteur note que des leaders pertinents et des courants islamiques critiquent la stagnation des sociétés musulmanes et cherchent sur la base du réformisme à revenir aux sources sur la base de l’ijtihad, afin de redonner à la femme ses pleines prérogatives et droits afin qu’elle contribue au renouveau de la civilisation, loin de tous les extrémismes.

Il s’agit de retrouver la vérité universelle de l’islam, ouvert, éthique et bienveillant. Religion qui respecte la nature humaine, l’égalité et ne confond pas entre le féminin et le masculin, ni les oppose, mais appelle à conjuguer les qualités et à renforcer le vivre ensemble et l’équilibre par le dialogue et le débat franc. Un sujet sensible et intarissable. Ä lire.

*****
Mustapha Cherif, philosophe et islamologue, est auteur d’une vingtaine d’ouvrages, notamment « L’émir Abdelkader, apôtre de la fraternité » (éditions Odile Jacob, Paris, 2016).

Lire aussi :
La condition de la femme musulmane, entre le texte et la pratique, sous l'œil de Zeina El-Tibi




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Carmignola le 24/07/2021 19:01 | Alerter
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Le statut de la femme dans les sociétés du tiers monde administrées ou non par les ottomans ne fut pas amélioré par l'islam qui s'y pratiqua pendant des siècles, c'est le moins qu'on puisse dire, mais faut-il une "réforme" pour le faire enfin ?
Le statut de cette réforme est donc en question et quand on réalise que la quasi totalité d'entre elles (je parle du salafisme moderne et de ses avatars) fut clairement orientées dans le sens des régressions sociétales, on demande à le voir, cet islam ouvert, éthique et bienveillant...

2.Posté par Abdoulaye le 31/07/2021 00:26 | Alerter
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Le statut de la femme française n'a pas été amélioré par la République. La troisième notamment n'a amené aucun droit aux françaises, alors que dans la royauté anglaise les femmes votaient des 1917, les turques des 1934, les françaises vont attendre jusqu'en 1946!!!
Pas de quoi se vanter... Pauvre Olympe de Gouges qui demandait l'égalité en 1789, elle y a laissé sa tête et il a fallu tellement longtemps pour avoir quelques resultats....

3.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 04/08/2021 09:01 | Alerter
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Il est intéressant de savoir qu'une des premières raisons qui expliquent ce retard incontestable (toutes les années trente refusèrent ce droit de vote, front populaire inclus) est que la gauche "radicale" craignait l'inféodation majoritaire des femmes françaises au clergé !
Bref c'est au nom du combat contre l'obscurantisme religieux qu'on refusa cette liberté là !

4.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 04/08/2021 09:01 | Alerter
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Il est intéressant de savoir qu'une des premières raisons qui expliquent ce retard incontestable (toutes les années trente refusèrent ce droit de vote, front populaire inclus) est que la gauche "radicale" craignait l'inféodation majoritaire des femmes françaises au clergé !
Bref c'est au nom du combat contre l'obscurantisme religieux qu'on refusa cette liberté là !


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