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Sur le vif

Fiche « détection » à la radicalisation : quand l'Université de Cergy-Pontoise déraille

Rédigé par Lina Farelli | Mardi 15 Octobre 2019 à 10:13

           


Fiche « détection » à la radicalisation : quand l'Université de Cergy-Pontoise déraille
A la direction de l'Université de Cergy-Pontoise (UCP), on a bel et bien déraillé au nom de « la vigilance ». Clément Carbonnier, professeur d’économie à l’UCP, a dénoncé publiquement un email envoyé à tous les personnels de l’université, lundi 14 octobre, les invitant à remonter les « signaux faibles » de la radicalisation. « J’ai honte », a-t-il écrit sur son compte Twitter en reprenant quelques critères qui devraient « alerter » selon le mail reçu.

« Bonjour, il existe deux types de menaces d’attaques terroristes : la menace exogène liée à des individus extérieurs à la structure (type Bataclan) ; et la menace endogène où c’est un ou plusieurs individus appartenant à la structure qui commettent les attentats (type Préfecture de police) », lit-on dans le mail en question provenant du « référent radicalisation » qui dirige également la direction de l’Hygiène, de la Sécurité et de l’Environnement de l’établissement universitaire.

Souhaitant attirer l’attention des enseignants et des personnels de l’université sur la « menace endogène », l’auteur du mail a fourni en pièce jointe un tableau à remplir pour signaler les comportements suspects d’un « étudiant ou collègue ».

Le tableau comporte trois volets qui complète l’identité d'une personne suspectée. Les « signaux de rupture » incluent la rupture familiale, sociale et scolaire/professionnelle, dont l’« absentéisme récurrent aux heures de prière et le vendredi ». Les « phénomènes d’isolement » et de « remise en cause » figurent également dans cette première catégorie.

La fiche appelle aussi à relever les « signaux d’appartenance », à l’instar du « changement de tenue vestimentaire », comme le « port d’une djellaba » ou d’un « pantalon dont les jambes s’arrentent à mi-molets », le « port de la barbe sans moustache », l’« arrêt de consommation de boissons alcoolisées » ou de « nourriture à base de porc », le changement des comportements avec les femmes et l’« intérêt soudain pour l’actualité nationale et internationale » ainsi que pour « la religion ».

Le troisième volet concerne les « signaux inquiétants liés au comportement d’une personne connue », incluant les « phénomènes d’acculturation » dont la « fréquentation d’individus radicalisés » et de l’« apprentissage intense de nouvelles pratiques "religieuses" » ; et la « légitimation de la violence ou d’une idéologie ».

Mieux encore dans la bêtise, la case « dissimulation des signaux faibles » peut aussi être cochée. Une véritable fichage de la honte d'autant qu'il cible uniquement les personnes de confession musulmane sur la base de « signes » ne disant absolument rien de l'état de l'individu.

Lire aussi : Du danger de se méprendre dans les signes d'alerte de la radicalisation à relever

Les excuses de l'université, la réaction de sa ministre de tutelle

A peine dévoilé au grand public, le tollé est immediat. Le président de l’UCP, François Germinet, a estimé qu'il s'agissait d'une « maladresse » de la part de l’auteur, qui a pris seul cette initiative. « Je ne l’accable pas. Il a cru bien faire, car beaucoup de personnels viennent le voir pour lui demander quoi faire s’ils sont témoins de tels comportements », a expliqué François Germinet, avant de s’excuser « publiquement auprès des personnes qui ont été blessées ».

Par ailleurs, le président de l’UCP a rédigé un rectificatif dès qu’il a eu connaissance de l'email. « Nous souhaitons lever toute ambiguïté quant à son objet. La démarche de l’établissement consistait à apporter une assistance aux personnes qui peuvent être touchées par ces phénomènes et, en aucun cas, organiser un système d’alerte », plaide l’université.

Elle dit regretter « d’avoir pu heurter ou choquer certaines personnes au sein de l’université et à l’extérieur par une formulation inappropriée et source d’incompréhension » avant de présenter « ses excuses ».

L’UCP a rappelé qu’elle « a toujours été une université de la diversité, porteuse de valeurs de tolérance et d’ouverture ». Son président a d’ailleurs ajouté que, « quand un débat national s’ouvre sur le voile à l’université, (il est) le premier à monter au créneau pour demander de (les) laisser tranquilles ».

« Je désapprouve la "fiche de remontée de signaux faibles", justement retirée par l'@UniversiteCergy. Si la lutte contre la radicalisation appelle la vigilance de chacun, ce combat ne sera jamais gagnant s’il s’appuie sur des préjugés et des caricatures », a réagi la ministre de l'Enseignement supérieure, Frédérique Vidal.

Cette affaire intervient plusieurs jours après le discours du président de la République appelant la société à la « vigilance » mais aussi des propos de son ministre de l'intérieur, Christophe Castaner sur les « signes de radicalisation » à relever.

Lire aussi :
Contre la radicalisation, ne tombons pas dans le piège tendu par les charognards de l'unité nationale




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 16/10/2019 06:04 | Alerter
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L'invraisemblable stupidité de cette honteuse et lamentable initiative est absolument effrayante. J'espère que mythopasmytho va se déchainer !!!

Sans rire, il s'agit là de la plus détestable, de la plus ridicule, de la plus atroce mesure qui soit: la délation par QCM, la dénonciation de son voisin à coup de clicks.

En fait la chose s'explique par la lâcheté de nos gouvernants, en l'occurrence le premier d'entre eux. Sidéré par l'impensable, qu'un fonctionnaire de police, qui plus est aux renseignements généraux en charge de la surveillance informatisée de la radicalisation se trouve lui même terroriste, le président perd pied, et maintenant convaincu de l'incapacité totale de la police, charge la population de se protéger elle même en détectant toute seule les signes du mal.

En fait le message du président est: nous(l'Etat, sa police, ses informateurs) n'y arrivons plus, il faut vous prendre en main seuls. Une sorte de blanc seing aux pogromes en quelque sorte. Pour atténuer ce terrible et terrifiant appel au meurtre de ses voisins musulmans radicalisés, un brave fonctionnaire a alors cru bien faire en inventant, on ne se refait pas, une procédure bureaucratique. C'est sans doute préférable, mais n'arrange rien.

Bien sur on eut préféré que l'on parle honnêtement de dysfonctionnement majeur et qu'on pense à vraiment chasser l'islam politique salafiste de l'espace public et du fonctionnariat par des politiques raisonnables et fermes, mais il semble qu'il faille encore attendre.

2.Posté par Mythopasmytho le 16/10/2019 23:16 | Alerter
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Coucou je suis là. Lol.
Votre j'espère que Mythopasmytho va se déchainer m'a fait exploser de rire.
Heureusement que vous m'avez. Que deviendriez-vous sans moi. Lol.
C'est d'ailleurs ce que je vous avais expliqué une fois. Sans contradicteur on deviendrait fous. On éprouverait plus le besoin de s'exprimer et ce serait intenable, invivable.
Ne vous inquiétez donc pas François, je suis là. Lol.
Moi ce qui me dérange c'est la confusion entretenue entre les religions
(ici l'islam mais ça pourrait etre une autre) et la radicalité (les signes extérieurs de foi musulmans mais ça pourrait etre d'autres).
On peut etre très bondieusard et etre une belle personne.
Les choses ont plus un rapport avec ce que l'on dit qu'avec ce dont a l'air.


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