Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

Des musulmans se demandent si la charité ne doit pas commencer à la maison

Par Sughra Ahmed*

Rédigé par Sughra Ahmed | Samedi 11 Août 2012 à 12:01

           


Leicestershire, GB – Le fait que je respecte le ramadan et que je m’engage dans le secteur du volontariat en Grande-Bretagne m’ont enseigné de ne jamais temporiser lorsque se présente une opportunité de venir en aide à quelqu’un dans le besoin.

Pourtant, bien souvent, les musulmans, tout comme les autres individus, sont plus prompts à donner à ceux avec lesquels ils parviennent à s’identifier, ou avec lesquels ils partagent quelques connexions, en particulier des membres de leur communauté religieuse. Les œuvres de charités musulmanes anglaises ont accompli un travail important grâce à cette générosité. Islamic Relief (Secours islamique) est probablement l’une des plus importantes œuvres musulmanes de charité et l’une de mieux établies en Grande-Bretagne ; elle se spécialise en aide internationale et en aide au développement dans 25 pays.

Mais, en fin de compte, la connexion qui nous motive à donner à une œuvre de charité devrait être celle d’une humanité commune. Lorsque l’on voit ou que l’on entend parler de quelqu’un dans le besoin, indépendamment de sa foi ou de son origine, nous devons ressentir de la compassion parce qu’il est dans le besoin, et non pas nécessairement parce qu’il partage la même foi en Dieu.

En tant que musulmans britanniques, cela vaut la peine de nous demander, lorsque nous sommes face à quelqu’un qui donne de l’argent pour venir en aide à des sans-abri, ici en Grande-Bretagne, ou lorsque nous sommes sollicités par une campagne en ligne qui cherche à venir en aide aux réfugiés, si cela engendre les mêmes sentiments d’empathie et de compassion que si nous avions été sollicités afin de participer à une campagne ayant pour but de venir en aide uniquement aux enfants vulnérables appartenant à la même foi que la nôtre.

Nous faisons tous partie de la famille humaine

Il est probablement nécessaire que nous considérions quelques-unes des campagnes qui ont eu lieu lors de ce dernier ramadan.

L’une d’entre elles est organisée par l'Islamic Society of Britain (ISB) (Société islamique de Grande-Bretagne). Etablie en 1990, ISB concentre ses efforts sur les moyens qu’ont les musulmans de dépasser les frontières de leur communauté religieuse. Par exemple, dans le but d’attirer l’attention sur des projets locaux, ISB établit des partenariats avec des organisations telles que The Children’s Society (Association des enfants), une organisation chrétienne, qui travaille avec des jeunes et qui se spécialise dans l’aide aux jeunes fugueurs.

« La charité doit commencer à la maison », explique ISB, « les musulmans britanniques doivent se montrer aussi concernés par la pauvreté, l’inégalité et l’injustice régnant sur le pas de leur porte qu’ailleurs dans le monde. »

Les deux organisations, et les deux communautés religieuses, donnent de la valeur au bien-être des enfants. Grâce à cet intérêt commun, elles apprennent à leurs communautés à quel point il est utile et facile de travailler ensemble. La collaboration peut aider les gens à comprendre les enjeux et à appréhender la façon dont ils peuvent travailler afin d’améliorer les conditions de vie des enfants, ce qui profite à la société dans son ensemble.

Bien que ISB et la Children Society espèrent lever de l’argent, leur principal objectif est d’encourager le désir de donner localement. Il y a quelque chose de satisfaisant à donner de l’argent pour soutenir des projets lointains parce que les besoins sont différents de ceux de Grande-Bretagne, mais nous ne devons pas sous-estimer la différence que nous pouvons faire lorsque nous partageons avec ceux qui sont autour de nous – leurs besoins sont parfois plus grands du fait que beaucoup de gens ne les considèrent pas comme des priorités.

Durant le ramadan, beaucoup de musulmans essaient d’être généreux, jeûnant durant la journée pour se remémorer ce qu’ils ont et penser aux besoins des autres. Lorsque nous réfléchissons à qui donner, rappelons-nous que nous faisons tous partie de la famille humaine et que nous avons le devoir d’aider tous les êtres humains.


* Sughra Ahmed est chercheur associé au Policy Research Center (Centre de recherche en politique), un groupe de réflexion basé à l'Islamic Foundation, à Leicestershire (Royaume-Uni).





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Orlando le 12/08/2012 00:19 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
"durant le ramadan, beaucoup de musulmans essaient d'être généreux".

Pourquoi tous ces tourments ? Ma mère maintenant décédée à donne cent euros lors du tsunami d'Indonesie. Elle ne s'est jamais demandée si elle aidait des gens d'une autre religion. C'est vrai, comme c'est dit dans l'article, on aide dans l'islam les gens dont on est proche. La compassion ne se rencontre pas partout, disons pudiquement dans tous les systèmes de pensee. La générosité désintéressée reste une chose rare

Le Ramadan est une curiosité. Durant 4 semaines, on mime le jeune, en prenant trois kg en moyenne d'après les statistiques. Alors qu'il faut se mortifier...

2.Posté par Emile Moatti le 14/08/2012 20:37 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
L' exemple de l'hospitalité désinteressée est donné par Abraham et sa famille. Elle est parfaitement décrite en Génese 18 dans la Torah (c'est a' dire l'enseignement) de Moïse qui vivait 1300 ans avant l'ere chrétienne. Les chrétiens partagent avec les juifs la Bible hébraïque qui est pour eux un livre sacré auquel ils ont associé les Evangiles qui racontent la vie de Jésus. Les musulmans ont repris l'histoire d'Abraham (Ibrahim en arabe) dans le Coran. Dans la Bible, on décrit aussi, en Génese 19, le comportement interessé, brutal et corrompu des habitants de Sodome; il est le contraire meme de l'hospitalité offerte par Abraham.
Loth, neveu d'Abraham, qui habite a' Sodome, est seul pret a'offrir l'hospitalité aux étrangers de passage, quelle qhe soit leur origine et leurs appartenances ou croyances, comme le fait Abraham. La raison est qu'il a grandi et a été éduqué dans la maison de son oncle Abraham, dans laquelle les
regles de l'hospitalité lui ont été enseignées.
J'ai bien connu l'hospitalité musulmane dans la région de ma ville natale (Miliana, en Algérie); et en Asie, (Ouzbekistan) ou dans le Caucase (Bakou, en Azerbaïdjan) ou jai passé 15 mois comme jeune ingénieur francais en mission d'assistance technique pour la construction de deux immenses usines de fabrication de maisons d'habitation de 4 niveaux préfabriquées en usine (capacité de chaque usine: 4000 logements par an, capables de résister a' des tremblements de terre de forte amplitude).
Je suis persuadé que seul...  


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !