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Points de vue

De l’apostasie à la liberté religieuse

Rédigé par Fatima Adamou | Vendredi 30 Mai 2014 à 06:00

           


La récente affaire très médiatisée puis vite oubliée de la condamnation à mort d’une Soudanaise pour apostasie a non seulement orienté une fois de plus les projecteurs sur les musulmans et la supposée violence de l’islam, mais elle a également mis en lumière le manque, au sein de la communauté musulmane, de conversations franches sur l’apostasie, la conversion ou tout simplement la liberté religieuse.

La liberté religieuse est très certainement la notion qui nous est très chère puisque nous, musulmans, où nous sommes minoritaires, passons notre temps à la réclamer : nous savons demander le respect de nos pratiques comme nos besoins de prier à des moments précis de la journée, nous sollicitons le droit à un jour chômé pour nos fêtes, nous exigeons le respect de nos traditions et croyances.

À l’évidence, nous acceptons très facilement les conversions. Cela ne pose aucun problème à la communauté de voir de nombreuses personnes embrasser l’islam. L’on trouve quantité de témoignages écrits et vidéos sur Internet racontant le cheminement vers l’islam de ces nouveaux musulmans. Les vidéos circulent, on les partage en famille, entre amis, on les ponctue de « masha Allah » « al hamdulillah », on verse sa petite larme. Des tournées sont parfois organisées lorsque certains d’entre eux sont des personnes médiatiques ou ont été impliqués dans un combat acharné contre les musulmans.

Ces conversions-là sont perçues comme des victoires. La dernière étant celle d’un politicien hollandais, Arnoud Van Doorn , producteur d’un film amateur moquant le Prophète Muhammad et l’Islam.

En revanche, ce qui demeure opaque, c’est notre compréhension de « la liberté religieuse » lorsqu’elle concerne le non-musulman ou le musulman de naissance choisissant une autre religion . Ainsi, il n est pas rare qu’un converti à l’islam soit pressé de convaincre ses proches d’accepter également sa nouvelle religion. Dans le cas où la conversion des proches ne s’ensuit pas, certains n’hésitent pas à faire culpabiliser le nouveau musulman dans l’espoir de l’encourager à prêcher plus activement.

Malgré la consternation au sein de la communauté musulmane face au rejet et difficultés infligés par les proches de certains convertis à l’islam, les musulmans renonçant à l’islam pour une autre religion subissent aussi ces obstacles avec leurs proches. Dans leur cas, le rejet est souvent violent, voir fatal. Cela arrive dans les pays à majorité musulmane où l’exil est parfois l’unique option face aux persécutions. En Europe, cela se traduit souvent par le rejet et l’exclusion de la famille, ces convertis se voient parfois contraints de se cacher.

On aime à parler du Prophète comme l’exemple à suivre, pourtant des conversions existaient de son vivant sans mise à mort ni toute autre forme de discriminations et de persécutions. Il est clair que des parties de la biographie du Prophète sont inconnues de nombreux musulmans. En outre, l’absence de contrainte en religion est bien mentionnée dans le Livre saint.

Il est temps que les discussions autour des termes d’« apostat », de « conversion » et de « liberté religieuse » fassent leur entrée dans les foyers et les mosquées. Ils ne doivent plus être l’exclusivité de savants et d’une poignée d’intellectuels.

Osons nous demander si naître musulman, c’est naître croyant, si naître musulman induit d’aimer l’islam.

Interrogeons-nous : ne sommes-nous pas hypocrites en publiant sur les divers sites Internet musulmans les témoignages et extraits d’ouvrages de parents non-musulmans acceptant la conversion de leurs enfants sans avoir évoqué au préalable le traitement réservé par les familles musulmanes à leurs membres renonçant à l’islam ?

L’absence de discussions et d’enseignement sur ce sujet facilite l’intolérance et ses dérives. Bien entendu, penser se battre sérieusement pour le droit de pratiquer sa religion comme c’est le cas en France, tout en refusant le droit à la liberté religieuse à autrui rend tout simplement toutes revendications irrecevables.

Fatima Adamou est researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Fatoumata le 30/05/2014 11:17 | Alerter
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Ca sent l'apostata devenu agente sioniste-croisée qui veut ataquée l'islam au nom de la toleranse !

2.Posté par AJM le 30/05/2014 12:32 | Alerter
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"On aime à parler du Prophète comme l’exemple à suivre, pourtant des conversions existaient de son vivant sans mise à mort ni toute autre forme de discriminations et de persécutions."

Des références?

3.Posté par David ADAM le 30/05/2014 12:45 | Alerter
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dadafx
Salam,

L'apostat, à mon sens, qui est "condamnable" à mort, est celui ou celle qui apostasie de l'islam pour rejoindre les rangs ennemis, en temps de guerre, et donc combattre, avec les armes, les musulmans, ou alors fournir, par l'espionnage, des renseignements militaires à l'armée adverse. Il s'agit donc d'un traître en temps de guerre, avec la condamnation que cela implique.

Maintenant, en temps de paix, je ne sais pas ce que l'islam dit à ce sujet. Mais ce qui est sûr, par contre, c'est que l'islam garantit dans ses statuts la liberté religieuse, par protection des lieux de culte des autres communautés et par protection directe accordée à ces communautés.

Et Dieu sait mieux...

4.Posté par Marie Lestegèle le 30/05/2014 13:36 | Alerter
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J'apprécie ce discours plein de sagesse.
Beaucoup de Français de souche, sans oser trop le dire, de peur d'être hâtivement et injustement traités de racistes, constatent en effet que les Musulmans réclament et même exigent ici, où ils sont minoritaires, des droits et des égards qu'ils n'accordent pas dans les pays où ils sont majoritaires. Et même quand ils sont minoritaires leurs pratiques met nettement une barrière 'raciste" entre eux et les autres.
Ils se victimisent aisément en déplorant que les Français d'origine acceptent difficilement les signes religieux très visibles comme le voile. Mais s'interrogent-ils sur la signification de ce voile, le rejet qu'il exprime vis-à-vis des populations dites "mécréantes" ? Un voile ne veut-ils pas dire : "Cette femme est pudique" (sous-entendu "celles qui ont les cheveux libres sont impudiques" comme il est dit dans certaines mosquées) ? Un voile ne veut-il pas dire : "Cette femme ne doit épouser qu'un musulman" (rejetant tout mélange avec des Chrétiens ou des athées) ? N'est-ce pas là du racisme ? N'est-ce pas du racisme que de vouloir manger à part, une nourriture spéciale, de vouloir être enterré à part et non pas mélangé à des "kouffars" ?
Il me semble que les Musulmans devraient se demander si, en fait, ils ne sont pas plus racistes que ceux qu'ils accusent d'islamophobie.

5.Posté par zozotte le 30/05/2014 14:29 | Alerter
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Fatumatata, as-tu un cerveauveau ?

6.Posté par L''''imam Mohamed le 31/05/2014 20:11 | Alerter
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Je vous rassure Madame, que l'esprit du Coran est , avant tout, la liberté religieux. Voici quelques passages coraniques que vous auriez dû inclure dans votre article pour consolider votre argumentation:

1-Nulle contrainte en religion! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. (V256-Sourate 2)

2- Quiconque le veut, qu’il croie, quiconque le veut qu’il mécroie (Verset 29-S18)

3-Ô les croyants! Vous êtes responsables de vous-mêmes! Celui qui s’égare ne vous nuira point si vous vous avez pris la bonne voie. C’est Vers Allah que vous retournerez tous; alors Il vous informera de ce que vous faisiez. (V105-S5)
...
En résumé, Les passages indiquant qu'il n' y a aucun problème pour changer de religion sont multiples dans le Coran...

Pour terminer, je vous rappelle que l'apostasie a été presrcrite en islam bien après la mort du prophète. Donc , il s'agit plutot d'une peine à caractère politique destinée à supprimer certains opposants des anciens régimes musulamans (Moeyades, Abbasides...).

Merci d'avoir soulevé ce problème qui a tant défiguré et sali l'image de notre belle religion...

7.Posté par Alain JEAN-MAIRET le 01/06/2014 07:45 | Alerter
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Les textes parlent bien de "changer de religion", pas de trahir une armée. Plusieurs hadiths sahih remontant au prophète le précisent de manière tout à fait univoque. Comment pourrait-il en être autrement vu la sévérité des reproches que le coran adresse aux mécréants?

D'ailleurs, dans l'islam classique, le fait de nier les obligations de la religion, notamment la prière, était assimilé à une apostasie et très strictement sanctionné, généralement de la peine de mort. À certaines époques, le manquement d'une seule prière valait la peine de mort. Et certains juristes estimaient légitime de torturer à mort les "prévenus" afin de les inciter à revenir à la religion (car rien n'est pire que l'enfer éternel).

D'autre part, selon les textes, le prophète a lancé de nombreuses expéditions avec pour but de détruire des lieux de culte. Il ne saurait y avoir de liberté religieuse là où l'islam domine. Et c'est bien logique: pour les croyants, rien n'est pire que de ne pas pratiquer la vraie religion et prévenir cette erreur majeure est dès lors considéré comme un acte de compassion.

8.Posté par GhislaineL le 01/06/2014 22:16 | Alerter
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De manière à comprendre cette notion d'apostasie qui peut me renseigner sur ce type de situation :
Une femme catholique épouse un musulman et ils ont des enfants. Je crois que l'Islam devient la religion des enfants et c'est le père qui doit enseigner sa religion. Très tôt le père quitte sa femme et ne participe plus à l'éducation religieuse de ses enfants et abandonne le foyer familial. C'est la mère qui élève ses enfants dans la foi catholique. Quand ceux-ci seront en âge de se marier, quelle sera leur religion face à Dieu ? Sont-ils toujours musulmans malgré l'absence de leur père ou catholique de part leur éducation maternelle ?
Autre cas : si le père vient a décédé très tôt et que la mère élève seule ses enfants mais dans sa foi catholique,
quelle sera là aussi la foi des enfants au moment où ils se marieront ?
Merci pour une réponse à mes questions.

9.Posté par Issa le 02/06/2014 00:18 | Alerter
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Les musulmans demandent des libertés dans les pays où ils sont minoritaires mais ne les accordent pas dans les pays où ils sont majoritaires.

Cet argument est souvent employé par des islamophobes pour dire aux musulmans de ne pas venir se plaindre, et pour discréditer leurs revendications (genre "quand vous en ferez autant chez vous on verra"), or analyser ces choses sous l'angle religieux est malhonnête.

Parler de liberté pour les minorités religieuses, dans des pays qui sont (presque tous) des dictatures, et dans lesquels LA MAJORITÉ n'a pas le droit à la liberté religieuse (ou autres libertés), c'est juste oublier l'essentiel (que dans une dictature, il n'y a pas de liberté), et amalgamer les musulmans pour mieux les rejeter ("VOUS dans VOS pays, NOUS dans NOS pays").

10.Posté par OoOil le 02/10/2014 16:34 | Alerter
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"Il est temps que les discussions autour des termes d’« apostat », de « conversion » et de « liberté religieuse » fassent leur entrée dans les foyers et les mosquées. Ils ne doivent plus être l’exclusivité de savants et d’une poignée d’intellectuels".

Mais chez nous" on noie toujours le poisson" en entretenant sciemment la confusion entre "liberté religieuseé et LIBERTE DE CONSCIENCE !!!!

Cette ambigüité est, je crois, délibérée et trompeuse quand on aborde ce sujet biaisé d'entrée.

Osons dire qu'il y a problème, sinon on nous accusera de fourberie !

11.Posté par OoOil le 02/10/2014 16:38 | Alerter
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@imam M
Vous ne faites donc aucune distinction entre les sourates abrogées et abrogeantes, entre La Mecque et Médine ?
Bien étrange votre lecture coranique, non ?


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