Connectez-vous S'inscrire

Religions

Interreligieux : le Service pour les relations avec l’islam fête ses 40 ans

Rédigé par | Vendredi 27 Septembre 2013 à 00:00

           

En 1973, la Conférence des évêques de France créait le Service des relations avec l'islam afin de « bâtir des ponts » avec les musulmans. Samedi 28 septembre 2013, le SRI célèbre ses 40 ans de relations et d'amitié islamo-chrétiennes.



Interreligieux : le Service pour les relations avec l’islam fête ses 40 ans
« Entrer en dialogue ne signifie pas oublier les différences doctrinales fondamentales qui existent, mais assumer ces différences, pratiquer la rencontre et l’action commune », déclare Père Christophe Roucou, directeur du Service national pour les relations avec l’islam (SRI), qui fête en ce mois de septembre 2013 ses 40 ans d’existence. « L’objectif est non pas de dialoguer » stricto sensu, précise P. Roucou, « mais, grâce au dialogue, de mieux vivre ensemble dans le respect les uns des autres, de passer de la coexistence à la reconnaissance des autres et à la vie ensemble. »

Pour marquer le coup, le SRI organise conférences et tables rondes sur le dialogue interreligieux, samedi 28 septembre, et publie l’ouvrage Le Prêtre et l’Imam (Éd. Bayard, 2013), un livre d’entretiens entre Christophe Roucou et l’imam de la Grande Mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou, préfacé par le cardinal Jean-Louis Tauran , président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Informer sur le monde musulman, former sur l’islam

C’est en 1973 que naît, sous la houlette de la Conférence des évêques de France, le premier Secrétariat pour la rencontre avec les musulmans, qui deviendra en 1975 le SRI. Celui-ci est présidé, jusqu’en 1981, par le père Michel Lelong. Lui succèdent, notamment, le père Michel Serain et le père Gilles Couvreur .

Dans 70 diocèses, des délégués (prêtres, religieux ou laïcs), nommés par l’évêque du lieu, sont chargés des relations islamo-chrétiennes. Venant en appui des rencontres sur le terrain, le SRI édite des dossiers thématiques (les mariages islamo-chrétiens, en 2004 ; la prière, en 2005, la présence des musulmans dans l’enseignement catholique en 2011…) et organise une session annuelle de formation , réunissant une quarantaine de participants, dont la moitié sont des laïcs, venant de plus de 25 diocèses différents.

Les missions du SRI suivent trois axes, explique P. Christophe Roucou. « Un : informer les évêques sur ce qui se passe dans le monde musulman, en particulier en France. Deux : être un interlocuteur de l’Eglise de France pour les responsables musulmans. Trois : former et soutenir les catholiques en relation avec les musulmans ». « Cette dernière tâche occupe le plus clair de mon temps », estime le directeur du SRI.

Rencontres entre croyants au service du bien commun

Car il a fallu traverser les années noires d’Algérie et la tragédie de Tibhirine mais aussi dépasser les crispations qui ont émergé à la suite du 11-Septembre. « Comment concilier ouverture à l’autre et fidélité à soi, partage et authenticité ? Or, à la suite du 11 septembre 2001, sont apparues une préservation identitaire et une fermeture de chacune de nos communautés religieuses, aussi bien chrétiennes que musulmanes et juives », diagnostiquait à l’époque P. Jean-Marie Gaudeul, à la tête du SRI en 2000.

Les initiatives ne manquent alors pas de part et d’autre. Outre les traditionnels vœux de l’Aïd émis chaque année et les rencontres interreligieuses menées sur le plan local, c’est la Lettre des 139 responsables musulmans, adressée en 2007 au pape Benoît XVI et aux chefs religieux des Eglises, qui a marqué symboliquement le rapprochement islamo-chrétien. Cet appel au dialogue est rejoint par plus de 500 intellectuels et savants musulmans.

« C’est une initiative qui a reçu un écho fort positif chez les musulmans comme chez les chrétiens, rappelle Mustapha Cherif, cosignataire de la Lettre et auteur de Rencontre avec le Pape. Mettre fin aux préjugés (Al Bouraq Ed., 2013). « Il reste un avenir de paix et de justice à construire, si nous dialoguons pour faire prévaloir l’intelligence du cœur et de la raison. Ce qui nous unit, nos convergences, est bien plus important que nos différences », affirme M. Cherif.

En 2008 a alors eu lieu le 1er Forum catholico-musulman, à Rome, qualifié d'« historique » par l'Eglise catholique.

« Condamnés » au dialogue interreligieux en vue d’actions concrètes

En France, c’est en 2011 que se tient le 1er Forum national islamo-chrétien, à Lyon, co-organisé par Azzedine Gaci, recteur de la mosquée Othmane (Villeurbanne), et Vincent Feroldi, délégué épiscopal pour les relations avec les musulmans. Objectif : créer un réseau afin de pouvoir parvenir à des déclarations communes. Car « des prises de position communes peuvent être attendues et exprimées sur des sujets qui rassemblent comme l’écologie, la bioéthique ou la justice et les solidarités », explique Azzedine Gaci.

Après « Les tentatives extrémistes », thème traité par les quelque 50 responsables chrétiens (catholiques et protestants) et musulmans réunis lors du 2e Forum en 2012, ce sera « La transmission de la foi » qui sera au centre des débats du 3e Forum islamo-chrétien, qui se tiendra cette année les 29, 30 novembre et 1er décembre à Lyon.

« Les relations entre chrétiens et musulmans ne doivent pas se limiter à un échange de parole », prévient P. Christophe Roucou. Il faut « oser prendre des initiatives dans trois directions », insiste-t-il. D’abord, la solidarité, « sans distinction de religion, depuis nos quartiers jusqu’aux peuples qui nous appellent à l’aide comme en Syrie ». Ensuite, les échanges spirituels. Enfin, la priorité donnée aux jeunes générations.

« Le dialogue islamo-chrétien est naturel et nécessaire parce que le monde nous unit », complète Tareq Oubrou. « S’il existe des séparations théologiques, nous pouvons trouver des convergences éthiques, entre croyants et avec tous les citoyens, pour développer une action commune au service de la société et de l’homme. » « Nous sommes sollicités par notre foi à rencontrer Dieu à travers l’autre », argue le recteur de la mosquée de Bordeaux. Et de conclure, en guise de boutade : « Nous sommes, d’une certaine manière, “condamnés” au dialogue ! »

Site du Service national pour les relations avec l’islam (SRI)



Journaliste à Saphirnews.com ; rédactrice en chef de Salamnews En savoir plus sur cet auteur


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !