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Points de vue

Comment vivre un confinement positif

Rédigé par Lalla Chams En Nour | Mardi 14 Avril 2020 à 19:00

           

Après l'annonce d'Emmanuel Macron d'un confinement d'au moins un mois supplémentaire, la nécessité de vivre au mieux le confinement est plus que jamais présente pour tous. La psychanalyste, Lalla Chams En Nour, qui anime la rubrique Psycho de Saphirnews émet ses conseils pour mettre à profit cette période délicate.



Comment vivre un confinement positif
Cette expérience extra-ordinaire qu’est le confinement est vécue de manière unique par chacun de nous. Beaucoup de facteurs entrent en jeu dans la façon de gérer ce phénomène, conséquence d’un virus invisible à l’œil nu contraignant une grande partie de l’humanité à se retrouver « aux arrêts ».

Certains le vivent comme une catastrophe, une déstabilisation, une perte de repère, une source d’angoisse devant l’avenir incertain ; ils éprouvent une sensation d’asphyxie, de colère, une perte de liberté individuelle, des peurs souterraines. C’est sûrement pour d’autres l’occasion de s’arrêter de courir, de faire une pause pour réfléchir à sa vie, à ses relations aux autres devenus soit des ennemis, soit des partenaires dans la peine. L’occasion aussi de prendre le temps de vivre avec les siens.

Et l’on peut éprouver tous ces sentiments contradictoires d’un instant à l’autre. Sans compter, bien entendu, la peur de la mort qu’attisent les chiffres brandis chaque jour par les médias comme une menace.

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Comment ne pas penser en ces instants aux avertissements répétés des textes sacrés des religions monothéistes avertissant les humains des conséquences de leur obstination à oublier le droit chemin, le chemin de la justesse et du respect de l’autre ? Que l’on soit juif, chrétien, musulman, bouddhiste, animiste, hindouiste ou non croyant, comment ne pas se demander ce que cet événement inédit, comme nous ne cessons de le dire, a à nous dire ? A dire au « Soi » de chacun ?

Tout est affaire de point de vue : si l’on met en avant les inconvénients d’une telle expérience, on risque de s’y noyer. Si l’on s’efforce de tirer les leçons de l’expérience en considérant en quoi elle peut nous transformer, une dynamique s’enclenche qui permet de ne pas subir les choses en victime.

Un mal pour un bien à venir ?

Qu’est-ce ce virus a à nous enseigner ? Quelles leçons tirer de cette privation de liberté, cet enfermement, cette impossibilité de rencontrer les autres, de s’agiter, de se projeter, de cette découverte que l’on n’est pas entièrement tout puissant ? Entièrement maître de sa vie ? Le virus est le plus puissant, pour l’instant. Il bouscule, déconcerte, renvoie à l’essentiel : la survie.

Mais si l’on y regarde de plus près, il peut rendre quelques services. En nous renvoyant dans nos familles, ce fichu virus nous met aussi souvent à l’épreuve. Les caractères se heurtent, s’affrontent, les conflits éclatent, confrontés chaque instant à nos proches, au risque de subir des violences physiques ou psychologiques, des abus, à saturation. Mais l’on peut aussi se redécouvrir les uns les autres, goûter le partage, la solidarité, avoir envie de faire des efforts, de s’améliorer, de faire l’apprentissage de l’écoute, de la patience.

Le virus peut être un « bien à venir », à condition que l’on accepte de faire face aux questions qu’il nous pose.

Comment bien utiliser le confinement ?

- Ne pas s’immerger sans recul dans les commentaires médiatiques, aller à l’essentiel de l’info. La décharge émotionnelle (et souvent idéologique) émise par les media est anxiogène.

- Structurer sa journée en moments dédiés, établir un rythme : la toilette, la prière pour ceux et celles qui la font, des repas à heures régulières, un temps de travail, un temps de repos, un temps de jeux avec les siens, un temps de partage de tâches selon la capacité de chacun.

- Mobiliser l’énergie de chacun pour les tâches du quotidien, afin d’aider à ne pas subir, au contraire devenir acteur de son expérience, transmettre des connaissances, des recettes, des savoir-faire des anciens aux enfants, qui apprécieront qu’on les prenne en considération.

- Se parler, échanger des idées, ne pas se scotcher devant les écrans trop longtemps, cela décervèle.

- Encourager la créativité à travers le dessin, la peinture, la pâte à modeler, raconter des histoires, en écrire.

- Ecouter les enfants, répondre à leurs questions, car là, il y a le temps.

- Se concentrer sur les avantages de cette situation inédite, les bénéfices que l’on en tire.

- Tenir un journal de crise, avec des sensations, des rêves, des instantanés, des expériences partagées.

- Revenir à soi, faire le bilan de ses choix.

- Se remettre en cause, s’oublier pour l’autre.

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Lalla Chams En Nour est psychanalyste. Elle anime la rubrique Psycho de Saphirnews.





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