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Monde

Chute d'une grue à La Mecque : les graves fautes que révèle l'enquête

Rédigé par | Vendredi 30 Décembre 2016 à 08:00

           

Quinze mois après la terrible chute de la grue sur la Grande Mosquée de La Mecque, l'enquête est achevée, à la justice de trancher. A l'heure du procès, intenté contre des responsables de BinLaden Group, on apprend plusieurs fautes lourdes sont imputées au groupe de construction. Saphirnews fait le point.



Chute d'une grue à La Mecque : les graves fautes que révèle l'enquête
L’affaire autour de l’effondrement d’une grue en septembre 2015 à la Grande Mosquée de La Mecque n'a pas révélé tous ses secrets mais il promet d'achever définitivement BinLaden Group. La terrible chute survenue peu avant le début du Hajj avait provoqué la mort de 111 pèlerins et blessé des centaines de personnes, poussant les autorités saoudiennes à sanctionner lourdement le groupe de BTP, chargé des travaux d’extension de la mosquée sacrée.

Après des mois d'investigations et d'auditions, l’affaire est désormais entre les mains de la justice, qui examine les responsabilités dans le cadre d’un procès ouvert en août 2016 au tribunal d’instance de Djeddah. Les accusés sont au nombre de 14, parmi lesquelles des directeurs et ingénieurs de l’entreprise qui sont de diverses nationalités (six Saoudiens, deux Pakistanais, un Canadien, un Egyptien, un Emirati, un Jordanien, un Palestinien et un Philippin). Ils sont accusés de violation des règles de sécurité et de négligence criminelle.

Défaut de permis, non-retrait de la grue…les fautes de BinLaden Group

La chute de la grue a longtemps été attribuée au vent qui soufflait fort le jour de l’accident. Un des accusés, ingénieur de profession, a révélé que la grue fonctionnait sans permis et que la plupart des travailleurs ne connaissaient pas les méthodes d’exploitation de l’engin, décrites dans un manuel, rapporte Saudi Gazette jeudi 29 décembre. « Certains d'entre eux ne savaient même pas qu'un tel manuel existait », a-t-il déclaré. La grue, haute de 200 mètres, pesait plus de 1 300 tonnes.

Au cours de l’enquête, le ministère des Finances avait fait savoir, dans un rapport cité par le quotidien saoudien Okaz, que le retrait de la grue du site avait été réclamé dix mois avant l’accident. Le ministère, qui s’est dégagé de toute responsabilité dans l’accident, avait cessé de payer BinLaden Group en novembre 2014 pour l’utilisation de l’engin, placé aux abords du lieu sacré en décembre 2012, car il était considéré comme inutile au projet d’extension de la mosquée. Une lettre avait même été envoyée avant le mois du Ramadan 2015 au groupe pour que celui-ci fasse le nécessaire et ainsi sécuriser les lieux en vue de l’affluence des pèlerins à La Mecque. Celui-ci aurait promis de le faire en 15 jours, ce qui n’a visiblement pas été fait. Pour son plus grand malheur et celui des victimes.

Le gouvernement saoudien a ordonné le paiement des indemnités aux familles des victimes : un million de riyals saoudiens, soit 255 000 euros, pour chacune des familles des défunts et des blessés ayant des handicaps permanents ; 500 000 rials (127 000 euros) pour chacun des autres blessés. Cumulés, les indemnités payées par l'Etat saoudien s'élèvent à au moins 60 millions d'euros, bien plus selon la part des quelque 240 blessés qui ont le droit au million de riyals. Les autorités ont également promis aux familles une invitation pour deux proches à accomplir le Hajj au titre d'invités du roi.

Ces compensations n'excluent pas pour les familles la possibilité de réclamer d'autres indemnités, bien plus conséquentes que devra alors payer BinLaden Group à l'issue du procès.



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