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Religions

Au nom de la justice climatique, des personnalités religieuses jeûnent pour interpeller TotalEnergies

Rédigé par Lina Farelli | Lundi 27 Mai 2024 à 17:05

           

« La justice au menu ! » Des croyants de diverses traditions religieuses ont dénoncé, vendredi 24 mai, les projets « mortifères » engagés en Afrique par TotalEnergies, à travers un jeûne public d’interpellation.



Sous la houlette l’ONG GreenFaith, des personnalités religieuses se sont retrouvées, vendredi 24 mai, près du siège de TotalEnergies, dans le quartier de La Défense afin de dénoncer le mégaprojet pétrolier de la multinationale française en Afrique de l’Est. © GreenFaith/dalal.tmr
Sous la houlette l’ONG GreenFaith, des personnalités religieuses se sont retrouvées, vendredi 24 mai, près du siège de TotalEnergies, dans le quartier de La Défense afin de dénoncer le mégaprojet pétrolier de la multinationale française en Afrique de l’Est. © GreenFaith/dalal.tmr
Des centaines de personnes se sont donné rendez-vous, vendredi 24 mai, dans le quartier de La Défense pour dénoncer les projets « climaticides » de TotalEnergies. La multinationale française, qui organisait ce jour-là une assemblée générale des actionnaires, a dû essuyer les protestations de très nombreux militants écologistes parmi lesquels se trouvaient des personnalités religieuses. Accompagnés d’une quinzaine de croyants issus de cinq traditions religieuses, elles ont accompli un « jeûne public d’interpellation » pour réclamer de nouveau l'abandon immédiat du projet d'Oléoduc de Pétrole Brut d'Afrique de l'Est (EACOP) entre l’Ouganda et la Tanzanie et du nouveau champ pétrolier Tilenga.

L’initiative a marqué l’épilogue d’une semaine de jeûne interreligieux, qui a rassemblé symboliquement 379 croyant·es en France, « comme les 379 millions de tonnes équivalent CO2 qu’émettraient ces projets pétroliers ». Il s’agit de la troisième action interreligieuse menée sous la houlette de l’ONG interreligieuse GreenFaith. Celle-ci était entourée, pour l’occasion, de l’évêque émérite Monseigneur Marc Stenger, président de Pax Christi France, de la pasteure Caroline Ingrand-Hoffet, de l’imam Kadjoura Baradji, de l’enseignant zen Michel Genko Dubois et de l’activiste juive Noa.

« Faim et soif de justice »

« À l’heure du repli sur soi, je jeûne avec mes coreligionnaires pour dessiner, bâtir un monde de paix. Oui cela peut paraître naïf ou être perçu comme un rêve. On dit que les rêves d’aujourd’hui sont les réalités de demain. Alors oui, je veux rêver pour pouvoir construire le monde de demain », a signifié l’imam Kadjoura Baradji. « En islam, le jeûne symbolise la maîtrise de soi, permet la lucidité, la remise en question, le partage, l’empathie, lutter contre l’égoïsme. »

« En jeûnant, je manifeste que j’accepte de remettre en cause mon mode de vie occidental, privilégié, en solidarité avec les populations en Tanzanie et en Ouganda dont les moyens de subsistance sont mis en péril par EACOP, (…) en signe de soutien aux opposants à EACOP qui sont durement et arbitrairement réprimés en Afrique de l’Est et ailleurs, (…) pour dire STOP au pillage de notre planète à la destruction de la biodiversité par quelques-uns à leur seul profit immédiat », a affirmé Caroline Ingrand-Hoffet.

Pour Noa, « en tant que croyante (juive), je suis guidée par l’idée de faire le bien. Et pour moi, cela implique une responsabilité, celle de ne pas rester passive face à ce qui se passe dans le monde, de ne pas me contenter d’une prière le vendredi soir ou le samedi matin, mais de m’engager contre ceux qui détruisent, qui tuent et qui mettent en péril la vie ».

© Greenpeace
© Greenpeace

Refuser la passivité et l'indifférence

« Je choisis le jeûne comme chemin de conversion pour dire non au débordement de la consommation et à la recherche invétérée du profit, à l’exploitation de l’Homme par l’Homme, à la blessure infligée à notre maison commune », a fait savoir Mgr Marc Stenger. Pour le bouddhiste Michel Genko Dubois, « les dérèglements climatiques et l’extinction d’une multitude d’espèces végétales et animales mettent en évidence l’interdépendance des phénomènes. Nous sommes individuellement et collectivement les héritiers de nos actes. Nous sommes également les héritiers de notre indifférence et de notre passivité ». Une passivité dont ne veulent pas se rendre coupable les protestataires, qui en appellent « à un sursaut des consciences pour la justice et le vivant ».

Quelques heures plus tôt, l'ONG Greenpeace avait déployé une banderole géante sur la façade du centre commercial CNIT à La Défense, Avec « WANTED » au-dessus du visage du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, on pouvait lire : « La société civile recherche le dirigeant de l’entreprise française la plus polluante qui se fait des milliards au détriment de la planète et des populations. Si vous avez des informations, surtout, ne contactez pas le gouvernement, c’est son principal complice. » A l'issue de l'assemblée générale de l'entreprise, il a été réélu pour un quatrième mandat de trois ans. Quant à la stratégie climat, elle a été validée au grand dam des militants. Notons toutefois que plus d'un actionnaire sur cinq (79,7 %) a voté contre la stratégie climatique de la multinationale, une proportion en baisse par rapport à 2023 (88,7 %).

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