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Sur le vif

Assassinat de Jamal Khashoggi : le prince héritier saoudien appelé à être « puni sans délai »

Rédigé par Benjamin Andria | Lundi 1 Mars 2021 à 11:30

           


Assassinat de Jamal Khashoggi : le prince héritier saoudien appelé à être « puni sans délai »
Depuis le départ de Donald Trump de la Maison Blanche, il y a comme du plomb dans l’aile des relations entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite. L’administration américaine a décidé de rendre public, vendredi 26 février un rapport des services de renseignement, parmi lesquels la CIA, accusant le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, surnommé « MBS », de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre 2018 à Istanbul.

Près de deux ans et demi après le meurtre brutal de Jamal Khashoggi, celui qui est surnommé « MBS » est directement incriminé car accusé d’avoir « validé une opération à Istanbul » visant à « capturer ou tuer » l’opposant au régime saoudien. « Nous basons cette évaluation (sur le fait) que le prince héritier contrôle la prise de décision dans le royaume, l'implication directe d'un conseiller clé (du prince) et des membres de l'équipe de protection de Mohammed Ben Salmane dans l'opération, ainsi que sur (le fait que) le prince héritier appuie l'utilisation de mesures violentes pour réduire au silence les dissidents à l'étranger, dont Khashoggi », indique le rapport. Des conclusions que les autorités démentent catégoriquement.

Face à la pression internationale, MBS avait, au cours d'une interview donnée à la chaîne américaine CBS News en septembre 2019, endossé « l'entière responsabilité » du meurtre du journaliste « car il a été commis par des individus travaillant pour le gouvernement saoudien » mais avait assuré n'avoir « absolument pas » ordonné l'assassinat du résident américain qui collaborait notamment avec le Washington Post. Il a ainsi été blanchi par la justice de son pays, de même que des membres de son entourage.

Huit personnes dont l'identité n'a pas été révélée ont été jugées par la justice saoudienne pour leur implication dans l'assassinat du journaliste et condamnées en septembre 2020 à des peines allant de sept à vingt ans de prison, quelques mois après que les enfants de Jamal Khashoggi avait indiqué officiellement avoir accordé leur pardon aux tueurs de leur père. Ces peines sont néanmoins loin de suffire pour d'autres proches du journaliste, pour qui les principaux instigateurs de l'assassinat n'ont pas été punis.

Un appel à envoyer « un signal » fort contre le régime saoudien

Après la déclassification du rapport que le prédécesseur de Joe Biden souhaitait garder secret, la fiancée turque du journaliste saoudien, qui mène depuis plus de deux ans une campagne internationale visant les membres et proches de la famille royale saoudienne, a appelé lundi 1er mars à « punir sans délai » Mohammed ben Salmane. « Il est impératif que le prince héritier, qui a ordonné le meurtre brutal d'une personne innocente, soit puni sans délai », a fait savoir Hatice Cengiz dans un communiqué dans lequel elle salue la publication d’une « vérité qui était déjà connue ».

« Si le prince héritier n'est pas puni, cela enverra un signal pour toujours que le principal coupable peut tuer en toute impunité », a-t-elle estimé, appelant à une sanction veillant à « non seulement rendre justice pour Jamal, mais aussi éviter que des actes semblables ne soient commis à l'avenir ».

« Les gouvernements du monde entier, à commencer par l'administration Biden, doivent se demander s'ils sont prêts à serrer la main d'une personne dont la culpabilité (...) a été attestée, sans avoir été punie », a-t-elle affirmé.

Cependant, à ce stade, les Etats-Unis n’ont pas annoncé de sanctions à l’encontre de MBS malgré la publication du rapport accablant. L’administration a mis en place, dans la foulée de la publication du document, une nouvelle politique de restriction en matière de visas appelée « Khashoggi Ban », destinée à punir les gouvernements œuvrant à réduire les dissidents au silence. Ainsi, 76 responsables saoudiens qui, selon les Etats-Unis, ont menacé des dissidents à l'étranger ont d'ores et déjà été visés par des premières sanctions dans ce cadre.

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