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Antisémite, Pascal Boniface ? Non, et critiquer Israël n'est pas un délit

Rédigé par | Mardi 23 Janvier 2018 à 17:00

           

Pascal Boniface n’est pas antisémite. Une évidence que tout le monde n’entend pas de cette oreille. C’est pour mettre fin aux viles polémiques qui le fragilisent lui comme l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) que le géopolitologue a écrit « Antisémite », paru le 11 janvier aux éditions Max Milo. Au-delà de sa personne, il s’agit d’un plaidoyer contre l’amalgame « critique d’Israël = antisémitisme » et sonne comme un appel à élever le débat public sur les multiples questions qui agitent la société française.



Antisémite, Pascal Boniface ? Non, et critiquer Israël n'est pas un délit
Pascal Boniface est-il antisémite ? A qui veut bien le suivre et l’écouter attentivement, cette accusation est aussi ridicule que fallacieuse. Il n’empêche qu’elle est encore soufflée à ce jour dans des milieux pro-israéliens, plus de seize ans après sa note interne au Parti socialiste qui a fait basculer la vie publique (mais aussi personnelle) du géopolitologue.

Il ne faisait pourtant que rappeler des évidences en appelant le PS, avant les élections présidentielles de 2002, à redéfinir une ligne sur le conflit au Proche-Orient plus juste envers les Palestiniens en tenant compte non pas du poids des communautés mais des principes universels que la France aime revendiquer en d’autres circonstances. Déjà, déplorait-il, « le terrorisme intellectuel consistant à accuser d’antisémitisme ceux qui n’acceptent pas la politique des gouvernements d’Israël ».

A peine la note divulguée, Pascal Boniface n’a pas manqué d’être foudroyé par les accusations dans le but a été (et est encore) de le disqualifier du débat public. Car « être considéré comme antisémite est très certainement le motif d'exclusion des sphères publiques le plus puissant en France », écrit-il dans son dernier livre titré Antisémite. Pourtant, aucune condamnation pour ce motif n’a entaché la carrière de Pascal Boniface.

Antisémite, Pascal Boniface ? Non, et critiquer Israël n'est pas un délit
Un mensonge mille fois répété ne devient pas pour autant une vérité. C’est donc bien pour répondre aux accusations et à ses détracteurs que Pascal Boniface a écrit Antisémite, un ouvrage bien plus personnel que ses précédents ouvrages dans lequel ce spécialiste des questions internationales revient sur son parcours scolaire et universitaire ainsi que sur ses expériences politiques - essentiellement au PS -, ponctuées par la création en 1991 de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) qu'il dirige à ce jour, non sans mal depuis 2001. Le centre, qui a plusieurs fois frôlé la disparition, est régulièrement menacé d'être coupé de financements, dernièrement par Manuel Valls en novembre 2017.

Lorsque Pascal Boniface écrivit sa note qui le mena à démissionner du PS en 2003, « j’avais des fonctions extrêmement modestes mais il fallait un exemple afin de dissuader toute tentative de suivre mon chemin. La même note (…) écrit par quelqu'un d’extérieur au PS n’aurait pas représenté le même enjeu », raconte-t-il, non sans rappeler qu’il avait eu à l’époque le soutien de Manuel Valls « qui, à l’époque, n’avait pas opté pour la ligne pro-israélienne dans laquelle il s’inscrit aujourd'hui ». Et si, dès lors, « de vrais antisémites m’entouraient de leur sollicitude », « je leur faisais immédiatement comprendre que je ne partageais pas leurs vues et que je refusais tout amalgame », écrit-il également.

Halte au chantage à l'antisémitisme

Des détracteurs, Pascal Boniface n'en manque pas. Mais des défenseurs, aussi. Le sociologue Michel Wieviorka, choisi en qualité de témoin de l’intégrité de Pascal Boniface, a écrit la préface d’Antisémite pour « rendre justice » au géopolitologue mais aussi « pour plaider pour une société où le débat public est moins haineux et injuste, où l'esprit critique puisse être exercé ».

Car au-delà de la personne, le livre est un plaidoyer contre l’amalgame énonçant que toute critique d’Israël est égale à ou mène nécessairement vers l'antisémitisme. Un amalgame qu'il dénonçait déjà dans le livre Est-il permis de critiquer Israël ? (Ed. Laffont, 2014) et qu’il est plus que temps d’enterrer tant il mine régulièrement le débat public en France sur le conflit israélo-palestinien. Les médias d'information - dont certains sont accusés par Pascal Boniface de le censurer - ont en ce sens un rôle important d'apaisement sociétal qu'il leur faut exercer sur ce sujet et sur bien d'autres comme la lutte contre toutes les formes de racisme, sans hiérarchie aucune.

On ne peut que souhaiter, comme Michel Wieviorka et le principal concerné, qu’Antisémite permette « d’en finir une fois pour toutes avec des polémiques haineuses, des stigmatisations qui devraient céder la place à des échanges argumentés, sur le fond ».

Pascal Boniface, Antisémite, Max Milo, janvier 2018, 201 p., 18 €.



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Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Gneu le 23/01/2018 19:59 | Alerter
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Le problème c'est que les Juifs font d'Israel leur identité. Quand je dis le problème je veux dire la difficulté plus exactement. Les Algériens par exemple sont pareils. Ils sont très sensibles sur ça. Si on critique l'Algérie ils se braquent, soupçonnent le racisme et défendent leur origine. Et il est vrai aussi que certains vilipendent parfois les pays par racisme. Il faut pouvoir critiquer, mais il faut le faire sans incriminer les peuples. D'ailleurs ils ne sont responsables de rien, que de leurs choix électoraux, ce ne sont pas eux qui prennent les décisions.

2.Posté par François CARMIGNOLA le 23/01/2018 21:18 | Alerter
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Pascal Boniface, avant d'être accusé d'antisémitisme, peut l'être d'aveuglement. Comme beaucoup, me direz vous, il ne pensait pas que du terrorisme de masse soit possible début septembre 2001, et croyait pas au danger islamiste juste après la révolution tunisienne.
Bref, un ravi optimiste, en plus soutien et ami de feu Tariq Ramadan dont il pense, et cela est sans doute la clé de la chose, qu'il est un moderniste utile à la modernité. Il est lui un idiot utile aux frères musulmans.

3.Posté par Drum le 24/01/2018 17:39 | Alerter
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Personne n'avait vu venir le 11 septembre. C'est à cette date que l'on a commencé a envahir et à entrer en guerre au moyen orient. Les auteurs du 11 septembre était essentiellement saoudien et la Confrérie et l'Arabie sont adversaires.

4.Posté par Miamou le 24/01/2018 17:53 | Alerter
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Le sujet c'est le racisme sur le fait d'évoquer la politique d'un Etat. Et pas l'Arabie ou le terrorisme.
Vous etes hors sujet François.

5.Posté par Végétarien le 24/01/2018 18:20 | Alerter
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Et quand on va dégommer S.Hussein, c'est anti sémite!
Et quand on va envahir l'Afghanistan c'est raciste!

6.Posté par Caramel le 25/01/2018 05:46 | Alerter
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Je ne vois pas la différence entre prétendre descendre des tribus juives et prétendre descendre des tribus musulmanes. Le sionisme est un islamisme comme les autres. Si on transpose le sionisme en France ne pourraient devenir français que les catholiques.

7.Posté par François CARMIGNOLA le 25/01/2018 21:08 | Alerter
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@Drum
Ben Laden était connu. Des islamistes venus de Belgique (tiens tiens) assassinèrent le même jour Massoud. Passées sous silence partout sous peine d'accusations de racisme, les propagandes islamistes extrêmes fleurissaient partout. Tareq Obrou embrassait ses amis le 11 Septembre 2001, c'est dire...

@Drum Si la "confrérie" est aujourd'hui adversaire des saoudiens, cela ne fut pas historiquement le cas, bien au contraire. La séparation intervint lors de l'affaire du koweit au mieux.
Quand aux membres d'Al Qaida auteurs du 11 Septembre, saoudiens effectivement, ils n'étaient les soutiens ni des frères ni des séouds. Votre remarque est donc doublement hors de propos...

Boniface n'est pas un "critique d'israël", il est le soutien et le propagandiste d'une position indulgente (pour le moins) vis à vis de l'islam politique en général.

8.Posté par Drum le 27/01/2018 07:32 | Alerter
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Massoud était un islamiste modéré soutenu par les américains qui l'ont ensuite laché. Il a été utilisé.
Vous me contredisez sur des choses que je n'ai pas écrites. Al Qaeda considère l'Arabie comme étant compromise avec les américains et les bases américaines sur son sol comme étant des verrues en terre d'islam. Al Qaeda est l'ennemi de l'Arabie et des américains.
Sur votre dernier point.
Dans une meme phrase vous parlez d'Israel puis de l'Arabie.
Si on l'inverse ça donne. Vous n'etes pas un critique de l'Arabie. Vous etes un soutien un propagandiste d'une position indulgente vis à vis du sionisme. Ni queue ni tete.
On doit pouvoir critiquer et l'Arabie et Israel. Ou bien alors si l'on ne peut pas critiquer l'un on ne peut pas critiquer l'autre non plus. Autrement c'est se contredire.
Soit on le peut soit on ne le peut pas, on ne peut pas changer de discours selon qu'il s'agisse d'un tel ou qu'il s'agisse d'un autre.
Ceux qui tiennent ce discours sont généralement ce qui le font eux memes. Vous venez d'en faire la démonstration. Vous critiquez la politique intérieure d'un Etat étranger tout en disant qu'il ne faudrait pas le faire car ce serait raciste.

9.Posté par Fania le 27/01/2018 07:53 | Alerter
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Ca se bouscule pas pour critiquer l'Arabie ou Israel par contre pour critiquer le Venezuela ou la Turquie ça y va.

10.Posté par François CARMIGNOLA le 28/01/2018 07:57 | Alerter
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@Drum Massoud "islamiste modéré" ? L'expression est plaisante: votre humour est ravageur. Mais l'"utilisation" dont vous parlez m'intrigue: que voulez vous dire par là?

La critique simultanée d'Israël et des Saoudiens est bien pratiquée par les frères, ce que j'appelle l'"islam politique" et c'était ce que je voulais dire...

Sinon la "critique" de Boniface ne porte évidemment pas sur son droit absolu à s'exprimer comme il l'entend. Simplement, on a le droit de dire que ses prises de position semblent engagées plutôt que critiques.

11.Posté par Drum le 31/01/2018 18:52 | Alerter
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Dites. Ce n'est pas moi qui ait inventé cette expression. C''est une expression française. Je l'a trouve niaise, absurde, mais c'est ainsi que la France parle. Massoud combattait les talibans, il a été utilisé puis ensuite laché par les américains.

12.Posté par François CARMIGNOLA le 02/02/2018 21:25 | Alerter
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@Drum Massoud n'a pas été "lâché par les américains": il ne fut jamais vraiment soutenu par eux.
Considéré comme pro iranien, car violemment anti pakistanais, il fut assassiné parce qu'évidemment futur soutien de la réaction américaine à prévoir après le 11 septembre. Ben Laden avait évidemment raison et l'Afghanistan pleure avec lui son dernier grand homme.
Massoud n'était pas Taliban mais était un musulman tout à fait rigoriste. Le qualifier d'"islamiste modéré", à l'occidentale, est comique, excusez moi.

13.Posté par Leroy le 05/02/2018 15:25 | Alerter
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Pascal Boniface ne doit pas être antisémite, mais un "idiot utile" de l'islam politique, toujours prêt à dénigrer son pays, certainement.

14.Posté par François CARMIGNOLA le 16/02/2018 20:56 | Alerter
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@Gneu Je suis d'accord avec vous et votre jugement est équilibré.
Simplement il faut comprendre que les actions type BDS rompent cet équilibre. Comme si on se mettait à boycotter gaz de France parce que l'Algérie fait des procès à des chrétiens:
http://www.jeuneafrique.com/354995/societe/algerie-slimane-bouhafs-chretien-condamne-a-3-ans-de-prison-ferme-atteinte-a-lislam/


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