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Société

Vers la fin de l’usage de la chloroquine dans le traitement du Covid-19 en France

Rédigé par Lina Farelli | Mardi 26 Mai 2020 à 20:00

           

La publication d'une étude scientifique mondiale démontrant l'inefficacité et les risques du traitement à base de chloroquine pour le traitement des patients atteints du Covid-19 a poussé le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à rendre un avis défavorable à leur usage en France.



Vers la fin de l’usage de la chloroquine dans le traitement du Covid-19 en France
Sur demande du ministre de la Santé, Olivier Véran, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a rendu son avis, mardi 26 mai, sur l’usage de l’hydroxychloroquine dans la prise en charge des patients atteints du Covid-19.

Après analyses « des recommandations internationales relatives à la prescription de l’hydroxychloroquine dans le Covid-19, les publications sur le sujet, dont l’article du Lancet, les rapports des centres régionaux de pharmacovigilance rapportant des effets secondaires potentiellement graves, en particulier cardiovasculaires, en lien avec l’utilisation de ce médicament », le HCSP a conclu « à l’absence d’étude clinique suffisamment robuste démontrant l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le Covid-19 quelle que soit la gravité de l’infection ».

En conséquence, le HCSP recommande « de ne pas utiliser l’hydroxychloroquine, seule ou associée à un macrolide (un antibiotique, ndlr) dans le traitement du Covid-19 » mais aussi « d’évaluer le bénéfice/risque de l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans les essais thérapeutiques » et « de renforcer la régulation nationale et internationale des différents essais évaluant l’hydroxychloroquine dans le Covid-19 ».

Fin des essais cliniques pour l'ANSM

L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé, pour sa part, le lancement d’une procédure de suspension « par précaution » des essais cliniques évaluant l'hydroxychloroquine chez les patients atteints de Covid-19, et ce après un appel en ce sens lancé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Ces prises de positions interviennent après la parution, samedi 23 mai, d’une étude dans la revue médicale The Lancet qui, sur la base de 96 000 personnes admises dans 671 hôpitaux, révélait l'inefficacité et même les risques de ce médicament pour les malades du Covid-19.*

En réponse, l’infectiologue Didier Raoult, promoteur du traitement à base de chloroquine, a qualité l'étude de « foireuse faite avec les ''big data'' ». « Rien n'effacera ce que j'ai vu de mes yeux », a-t-il déclaré dans une vidéo postée lundi 25 mai, ajoutant se « ficher » d’avance de l’avis du HCSP.

Dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, et face à l'emballement crée autour du traitement fétiche de Didier Raoult, la prescription de la chloroquine a été autorisée en France depuis fin mars mais était uniquement réservée aux malades hospitalisés et gravement atteints du Covid-19, sur décision collégiale des médecins. Un décret encadrait son usage en ce sens. Après l’avis du HCSP, les règles dérogatoires de prescription devraient donc être très vite révisées par le ministère de la Santé.*

*Mise à jour : Les dispositions dérogatoires concernant la prescription de l'hydroxychloroquine ont été abrogées, mercredi 27 mai, par décret du gouvernement.

*Mise à jour mercredi 3 juin : Près de deux semaines après la publication de l'étude par The Lancet, la revue a publié une mise en garde vis-à-vis des résultats, venant appuyer des doutes émis par des scientifiques, et a indiqué qu'elle attendait les résultats d’une enquête indépendante visant à vérifier les données de l'étude. L'OMS a annoncé, pour sa part, la reprise des essais cliniques sur l'hydroxychloroquine.

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