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Sur le vif

Une plainte en diffamation de l'Ifop contre un professeur secoue le monde universitaire

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 6 Avril 2022 à 15:30

           


© Flickr / Yves Tennevin
© Flickr / Yves Tennevin
L’Ifop a déposé plainte en septembre 2020 pour diffamation contre un enseignant très critique des pratiques de l’institut de sondage mais l’affaire, qui vient d’être rendue publique, irrite au plus haut point le Conseil national des universités (CNU). Celui-ci a lancé une pétition dénonçant une tentative de l’Ifop de « faire taire les universitaires » et signée par plus de 200 chercheurs selon Le Point en défense au professeur de sciences politiques à l'université de Montpellier, Alexandre Dézé, auteur de 10 Leçons sur les sondages politiques.

L’enseignant, mis en examen en début d’année, est poursuivi pour avoir déclaré auprès du Monde qu’un sondage selon lequel un quart des musulmans de moins de 25 ans ne condamneraient pas les attentats du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo était « sans aucune valeur », aux conclusions « discutables » et souffrant d'une « faiblesse méthodologique (…) délirante ».

Selon l’Ifop, les propos d’Alexandre Dézé relèvent d’un « abus caractérisé de la liberté d'expression ». « L'accusation relative à la faiblesse méthodologique de son enquête portant sur le sentiment d'approbation ou de réprobation des personnes musulmanes vis-à-vis des attentats contre Charlie Hebdo, sujet éminemment controversé et polémique, conduit à imputer à la société Ifop un biais idéologique », a indiqué l’institut dans sa plainte consulté par Le Point. « S'agissant d'un sujet particulièrement sensible qui électrise la société française, les allégations diffamatoires sous-entendent un biais idéologique, voire une malveillance délibérée, désignant ainsi l'Ifop à la vindicte de ceux qui se sentiraient injustement mis en cause sur la base de chiffres bidon. »

« Il ne fait aucun doute que mon client est dans son rôle d'universitaire et qu'il convient de protéger la liberté des chercheurs et des enseignants en protégeant les controverses scientifiques et les avis d'experts de condamnations. Ce serait un grave précédent, a réagi Me David Mendel, l'avocat d'Alexandre Dézé. Nous sommes, surabondamment, dans un authentique débat d'intérêt général. »

L’Ifop est régulièrement critiqué pour sa méthodologie à l'occasion de la sortie de divers sondages d'opinion. En décembre 2021, la Vigie de la laïcité dénonçait les « nombreux biais » d’un sondage portant sur l'ampleur des « atteintes à la laïcité » dans les lycées publics, ce qui avait alors donné lieu à une passe d’armes entre l’institut et l’association.

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