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Psycho

Saba : « Nous passons pour le couple idéal alors que nous vivons comme des colocataires »

Rédigé par Sabah Babelmin | Samedi 22 Août 2020 à 09:00

           


Saba : « Nous passons pour le couple idéal alors que nous vivons comme des colocataires »
Je suis mariée depuis plus de 20 ans et j'ai une grande fille. Ça fait quelques années que je me pose la question si je dois divorcer ou pas.

Mon mari est très gentil et respectueux mais je n'ai pour lui que des sentiments d'amitié. Désolé de dire ça, mais je n'arrive pas à avoir des relations intimes avec lui. En ce moment, on fait chambre à part, mais ce que je remarque, c’est qu’il ne cherche pas à ce que je partage le lit conjugal avec lui. Ça me fait de la peine de lui faire subir ça. Car je pense que ça doit quand même le chagriner malgré qu'il soit passif comme ça.

À l'extérieur, avec la famille et les amis, on passe pour le couple idéal. Personne ne se doute de notre vie à la maison. Je ne laisse rien transparaître. Je veux quand même dire qu'on ne se boude pas. Nous avons notre fille et je fais tout pour qu'elle ne se doute pas.

J’essaie de lui parler mais impossible d'avoir une conversation. Je suis une personne qui aime bien dialoguer pour résoudre les problèmes. Mais, pour lui, c'est tout à fait l'inverse, il n'ose pas parler. Ça fait des années que je lui explique mon état d’esprit mais il ne veut pas l'entendre. Il fait comme si de rien n'était.

On ne se dispute jamais, mais j'ai l'impression qu'on vit comme des colocataires. Il y a de moins en moins de dialogue. Une chose me chagrine aussi, c’est que j'ai une sclérose en plaques, et il ne me demande jamais comment je vais.

Je ne sais plus quoi faire, j'ai la quarantaine et là c'est la grande remise en question.

Sabah Babelmin, psychanalyste

Chère Saba,

Vous vous êtes mariés très jeune et c’est normal qu’après deux décennies de mariage, votre couple s’use un peu. Il faut beaucoup d’énergie et de travail au quotidien pour maintenir l’amour et l’harmonie dans un couple et pour continuer à avoir des relations intimes avec son partenaire.

Apparemment, cela vous coûte de ne plus avoir de sexualité avec votre mari et vous avez envie de lui en parler, mais il ne veut rien savoir soit par orgueil soit par machisme soit parce qu’il se sent blessé, castré, diminué et vous en veut beaucoup. Vous dites qu’il fait comme si de rien n’était et vit dans le déni et ne se soucie pas de votre état de santé non plus, comme si c’était sa manière de prendre une certaine revanche. Ce n’est pas sain comme atmosphère, ni pour vous, ni pour lui ni pour votre fille !ce sont trois solitudes qui se côtoient !

Il est plus juste comme vous dites, d’être authentique comme vous l’êtes dans cette lettre et lui dire clairement que cela vous pèse mais que vous êtes triste et malheureuse que ça se passe comme cela.

Faire semblant ne sert à rien. En outre, cela demande beaucoup d’énergie ! Et puis il y a votre fille qui doit sentir ce qui se passe entre vous, surtout qu’elle entre dans sa vingtaine, elle doit percevoir que vous n’êtes plus qu’un couple parental et cela n’est pas positif pour sa future vie de femme.

Il y a aussi votre maladie et j’ai l’impression que vous êtes toute seule à l’affronter alors que vous auriez besoin d’aide et d’empathie. Ce que vous vivez et faites vivre à votre mari, qui en est complice, car il ne fait rien pour changer la situation est très violent et destructeur. Il est très important de mettre du tiers entre vous, si vous n’arrivez pas à communiquer et aller consulter un thérapeute pour vous aider à y voir plus clair. Bon courage.

La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com




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