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Société

Roissy: mobilisation pour les employés écartés de l’aéroport

| Samedi 4 Novembre 2006 à 02:01

           

Suite à la décision de la préfecture de Seine-Saint-Denis de retirer les badges de 72 employés de Roissy (nord de Paris), des syndicats et des associations se mobilisent pour protester contre cette mesure.



Un devoir de précaution

Soixante-douze employés de Roissy se sont vu retirer leur badge permettant d'accéder à des zones réservées depuis mai 2005.

Jeudi, le sous-préfet de Roissy Jacques Lebrot a justifié ces mesures en affirmant que ces employés étaient proches de mouvances «potentiellement terroristes» et, pour une grande majorité, liés à une «mouvance islamiste».

Une quarantaine de dossiers sont en cours d'instruction, a-t-il ajouté. «Les enquêtes et les retraits de badge vont continuer jusqu'à ce qu'on ait éradiqué tous les gens qui posent problème au niveau de la sûreté aéroportuaire à Roissy», a affirmé le préfet.

Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, a lui justifié vendredi cette mesure par le «devoir de précaution». «Chaque fois qu'on retire un badge c'est parce qu'on a des éléments qui nous (le) permettent. Moi, j'ai un devoir qui est un devoir de précaution, sur la zone de Roissy, on s'approche d'avions, il y a des millions de passagers», a-t-il expliqué.

Appel à la grève

Des syndicats et des associations se mobilisent pour protester contre cette décision. Ils dénoncent une discrimination visant des bagagistes musulmans en raison de leur religion.

Une réunion intersyndicale avec la CGT, FO, CFDT, CFTC, CGC, Unsa et Sud aérien est prévue mardi à Roissy. La CGT a annoncé qu'elle proposerait de lancer un appel à la grève, et à un rassemblement devant la sous-préfecture de Roissy, fin novembre, pour dénoncer les conditions d'attribution des badges par la préfecture.

Le syndicat CFDT a déposé le 19 octobre une plainte contre X pour discrimination auprès du procureur de la République de Bobigny (région parisienne), qui a ouvert une enquête. Une procédure de référé a d'autre part été introduite par dix des employés ciblés devant un tribunal administratif.

«Le sous-préfet parle d'employés potentiellement terroristes mais n'apporte aucune preuve de ce qu'il avance. Si ces employés sont des terroristes, le sous-préfet devrait saisir le procureur de la République plutôt que de leur demander d'aller travailler ailleurs que sur l'aéroport», a réagi Daniel Saadat, l'un des avocats des employés qui ont engagé cette procédure.

Patrick Braouzec, député de Seine-Saint-Denis
Patrick Braouzec, député de Seine-Saint-Denis

Requête en citation directe pour discrimination

Le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a réuni les syndicats de Roissy fin octobre pour rassembler des témoignages en vue de déposer une requête en citation directe pour discrimination contre le préfet de Seine-Saint-Denis devant le tribunal correctionnel de Bobigny, ont annoncé à l'AFP Mouloud Aounit, président du mouvement et Pierre Mérat, l'avocat de l'association. La citation devait être déposée vendredi.

Le député de Seine-Saint-Denis Patrick Braouzec (PCF) a annoncé vendredi à l'AFP qu'il allait déposer une "proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête relative aux critères d'attribution et de renouvellement des agréments et des habilitations en zones réservées".

De son côté, la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) s'est saisie du dossier pour vérifier s'il y a eu discrimination dans le cadre de ces retraits de badge.






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