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Sur le vif

Recueillement et émotion à la synagogue de la Victoire

| Jeudi 23 Février 2006 à 21:39

           


Le visage baissé, la mère d'Ilan Halimi allume doucement la bougie qui symbolise l'âme de son fils, mort sous les tortures voilà dix jours en banlieue parisienne. Dans la grande synagogue de la Victoire, la foule se recueille.

Jeudi soir à Paris, le président Jacques Chirac, coiffé d'un feutre, le Premier ministre Dominique de Villepin, avec une kippa, exceptionnellement réunis dans une synagogue, étaient venus entourer Ruth Halimi. Mais aussi de simples fidèles juifs, parfois venus en famille, aux côtés de nombreux ministres et personnalités politiques, associatives ou religieuses.

La foule compte quelque 1.500 personnes à l'intérieur de la synagogue et des centaines à l'extérieur, selon des responsables. Sur un banc au premier rang, à côté de Simone Veil et Bernadette Chirac assises dans des fauteuils rouges, la mère d'Ilan garde la tête baissée sous son béret gris.

Un moment, elle attrape un mouchoir en papier, essuie une larme puis reprend contenance. Ses deux filles Anne-Laure et Yaël sont près d'elles, l'une a une enfant dans ses bras.

Le choeur est poignant, des enfants de l'école juive de Montrouge psalmodient des psaumes. Devant eux se dresse une grande photo d'Ilan, mort à 23 ans des tortures d'une bande qui se faisait appeler "le gang des barbares" et l'avait enlevé et séquestré durant trois semaines.

"La communauté juive est en deuil, la République est en deuil, la France est en deuil", dit Joël Mergui, président du consistoire de Paris. Mais "au-delà de la colère, il y a de l'espoir parce que les plus hautes autorités de la République combattent sans relâche le cancer antisémite qui ronge notre pays".

Désormais "il y a un avant et un après Ilan", observe le grand rabbin de France Joseph Sitruk qui demande "à tous les Français de se lever, tous comme un seul homme et crier: ça suffit" et demande aux juifs d'être "sereins" car "ils sont "une composante indéfectible de la France".

Le grand rabbin de Paris, David Messas, récite la hachkaba, la prière pour l'âme du défunt, et récite le kaddich, la prière pour les morts. Les fidèles répondent par des "amen". M. Messas rappelle qu'Ilan veut dire "arbre" en hébreu: "d'autres ont déraciné l'arbre et semé la haine, l'horreur et l'épouvante".

Dans l'assistance se mélangent personnalités politiques --Ségolène Royal, François Hollande, François Bayrou, Jean-Louis Debré ou Christian Poncelet-- ou religieuses --l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, Jean-Noël de Bouillane de Lacoste pour la Fédération protestante de France-- ou des artistes comme Enrico Macias.

Un tract demande aux fidèles de se cotiser pour un "sefer Torah" --les rouleaux de la Torah-- au nom d'Ilan. "Tous les juifs sont touchés en plein coeur", dit une femme coiffée d'un "kissoui" (couvre-chef), venue de Sarcelles où elle a laissé ses six enfants.

La cérémonie s'achève avec le chant "Yassé Shalom" (Il fera la paix). M. Chirac va embrasser la mère d'Ilan et ses filles, sort en serrant des mains . Des cris fusent parmi les fidèles: "Vive la France!".




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