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Question coloniale « dans tous ses états » : la Revue n°165 de Cultures Sud

Rédigé par Fériel Berraies Guigny. Paris | Mardi 19 Juin 2007 à 06:37

           


Question coloniale « dans tous ses états » :  la Revue n°165 de  Cultures Sud
Le passé colonial, thématique qui réapparaît de plus en plus dans l’horizon politique mais également littéraire français ces derniers mois, est mis à l’honneur par la revue de l’Agence Culture France ce mois de juin 2007.

Le numéro 165 de Culture Sud, n’est pas un mea culpa, mais un hommage sur un pan de l’histoire de France qui a généré bien des analyses et écrits. Cet ouvrage qui voit le jour au lendemain de la nouvelle gouvernance française, est un acte littéraire courageux. Car le sujet est resté très controversé, influencé par les idéologies politiques et religieuses et souvent idéalisé pour « déculpabiliser ».
L’Agence Culture France a voulu parler de cette dimension de la condition humaine et dans ce numéro, la revisite au travers de ceux qui l’ont vécue et ceux qui réécrivent l’histoire. Loin de la nier, la revue aborde les sujets tabous pour mieux les comprendre.
C’est au gré d’analyses pertinentes que d’éminents spécialistes ont pu aborder des questions essentielles liées au colonial et post colonial : quelle est la place à donner à tout cet héritage humain ? Quelles ont été les idéologies du Nord au Sud, qui ont tenté d’expliquer le fait colonial ? Et enfin, quel en a été l’impact sur la littérature du Sud ?

Autant de questions qui donneront peut être les réponses permettant de construire et d’appréhender la nouvelle identité d’une France plurielle. Voyage à la recherche de l’autre, pour une meilleure compréhension d’un passé qui a forgé ce que nous sommes maintenant.

Aujourd’hui la part d’héritage se doit d’être assumée, et face aux derniers événements dans les banlieues, revendications indigènes sous couvert de résurgences d’un passé colonial, l’heure n’est plus au déni d’une certaine responsabilité.
Littérature et sciences humaines aidant, les historiens essayent d’amadouer un sujet encore douloureux mais dont l’actualité est plus que jamais pertinente

Les plus grands penseurs du Sud, sont issus des anciennes colonies ; quel est leur regard aujourd’hui s’ils étaient encore parmi nous ? Les penseurs actuels pourraient ils comprendre la colonisation de la même façon ? L’analyser, s’y projeter ?

Esclavage, tirailleurs africains, guerre d’Algérie, indigènes en rébellion, crise des banlieues, la France d’aujourd’hui est en quête de son nouveau moi. Comment faire face à tout ce patrimoine culturel et humain ? Que dire à cette descendance aujourd’hui en quête de réponses ?comment tenter d’expliquer certaines dérives de l’ancienne métropole, sans plonger dans de véritables procès d’intentions ?
Pour beaucoup, parler de la colonisation est un tabou, pour d’autres la colonisation a été porteuse de « richesses », tout comme le prétendait un certain projet de loi. Autant de regards croisés qui abordent la problématique du passé colonial. La vision plus cartésienne de l’historien viendra se mêler aux questions sensibles, qui restent du domaine de l’humain. Car l’on ne peut comprendre ou aborder cette question sans éprouver de l’émotion et l’on ne peut accepter de la rationaliser, sans avoir également une vision « froide » de l’histoire.

Autant d’interrogations laissées à la mémoire des descendants, ballottées au gré d’idéologies et polémiques de toute sorte, qui continueront de hanter les consciences populaires.
Comment s’est faite la transition jusqu’à aujourd’hui ? Si elle a été douloureuse pour beaucoup, pourra t-elle un jour, devenir rédemptrice ?

Pour une appréciation plus équitable du passé, les regards littéraires dans ce numéro, nous conduisent vers les trésors de la littérature africaine de l’époque à aujourd’hui, fragmentés par des analyses historiques, des entretiens, des analyses et des réflexions littéraires. Apports pertinents qui nous révèlent que cette époque douloureuse de l’histoire a aussi généré toute une floraison littéraire. Y sont nés les plus beaux écrits et œuvres théâtrales. Le cinéma d’aujourd’hui, s’est également approprié le fait colonial, apportant une vision encore plus moderne et réaliste, pour faire éveiller les consciences, contribuant ainsi, à dé stigmatiser le problème.
Si les historiens la content et que les scientifiques la rationalisent, que les politiques et diplomates la reconstruisent, que les cinéastes la filment, c’est bien parce que le temps du procès et de la victimisation est révolu. Aujourd’hui, il est primordial de sortir de cette dialectique infernale du complexe et de la culpabilisation.
Même si pour Pierre Boilley, c’est «… une goutte d’eau dans un océan d’incompréhensions et d’inégalités … » cela reste un passage nécessaire pour faire évoluer les mentalités, appréhender l’avenir et se réapproprier l’identité nationale.

La revue N° 165 de Culture Sud, ce mois de juin a été faite sous la Coordination de Nicolas Bancel, historien et professeur à l’université de Strasbourg II, auteur de « la Fracture coloniale : la société au prisme de l’héritage post colonial (Paris, la découverte, 2005).

Cultures Sud : Revue n°165. « Retours sur la question coloniale » (juin 2007)
Agence Culture France.
1 bis, Avenue de Villars
75007 Paris
Rédactrice en Chef de la Revue Culture Sud : Nathalie Philippe
www.culturesfrance.com




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