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Quand l'islam angoisse les patrons

Rédigé par lila13@hotmail.co.uk | Mercredi 25 Novembre 2009 à 00:01

           


Dessin de Hephez
Dessin de Hephez
Lancez le débat sur le fait religieux dans les sociétés, les pratiques musulmanes seront rapidement au coeur de la conversation. "Lorsqu'on parle de diversité religieuse dans l'entreprise, il semble que le débat tourne autour de la pratique de l'islam, témoigne Patrick Banon, chercheur en science des religions. C'est bien sûr tout à fait exagéré." Il n'en reste pas moins que les managers se montrent bien moins à l'aise avec cette religion qu'avec une autre.

Les choses peuvent toutefois bien se passer. Ainsi en témoigne ce salarié d'une société d'études géologiques : "Mes supérieurs sont compréhensifs, ils acceptent que j'adapte mon emploi du temps durant le ramadan. Mais cette attitude conciliante n'est pas la règle."

Car l'islam peut "angoisser" les managers. Parmi les éléments d'explication figurent bien évidemment les peurs collectives face au spectre du terrorisme, qu'elles soient ou non rationnelles. Elles peuvent parfois faire croire qu'un islamiste radical sommeille derrière un musulman cherchant juste à pratiquer sa religion.

En conséquence, une simple requête d'un adepte de l'islam peut devenir un casse-tête pour l'employeur. "A ses yeux, refuser serait prendre le risque d'être taxé de racisme ; accepter serait prendre celui de voir l'intégrisme entrer dans sa société", indique un sociologue. Et lorsque les demandes se révèlent extrêmes, les managers auront même parfois une attitude différenciée selon la religion concernée : "Ils pourront hésiter face à Hamid qui dit ne pas pouvoir toucher des fioles contenant de l'alcool alors que si Jean-Pierre refuse le contact avec de la viande parce que c'est carême, il sera sanctionné", résume Dounia Bouzar, anthropologue du fait religieux.

Les relations entre entreprises et musulmans ont pourtant bien débuté en France. Elles ont même pu montrer la voie. Dans les années 1960, les immigrés d'Afrique du Nord ont apporté leurs bras à des industries tels l'automobile ou le BTP. Horaires aménagés, agencement de salles de culte : ces secteurs ont été précurseurs dans l'intégration du fait religieux à l'organisation du travail. "Mais une expérience historique n'est pas une expérience de la diversité", souligne M. Banon.

Les entreprises manquent aujourd'hui de repères. "Et le problème des représentations demeure criant, ajoute Mme Bouzar. La tolérance peut progresser, mais les Français musulmans restent souvent perçus comme appartenant à une autre culture. L'islam est, pour beaucoup, incompatible avec les valeurs modernes."


Auteur : François Giolat - 16/11/2009
Source : LeMonde.fr




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