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Culture & Médias

« Pas trop de tradition, pas trop de modernité »

3 questions à Derya Durmaz, actrice turque, rendue célèbre dans les feuilletons Ihlamurlar Altinda et Nazli Yarim notamment

Rédigé par Faïza Ghozali, Inês Almas Rodrigues & Esra Söylemez | Samedi 11 Juin 2011 à 13:47

           


SaphirNews : Comment expliquez-vous le succès des feuilletons turcs, tant au pays qu’à l’étranger ?

Derya Durmaz : La qualité s’est beaucoup améliorée, tant au plan technique qu’en termes d’investissements. Les feuilletons turcs ont l’air de productions occidentales, mais ils restent orientaux. Les gens peuvent davantage s’y identifier, parce qu’ils leur sont culturellement plus proches que les productions américaines. Il y a encore quelques années, les Turcs eux-mêmes regardaient les feuilletons mexicains et brésiliens, tandis qu’ils suivent aujourd’hui les sagas locales.

« Pas trop de tradition, pas trop de modernité »

SaphirNews : Jugez-vous, comme certains, qu’ils charrient malgré tout des stéréotypes?

Derya Durmaz : Assurément. Certains feuilletons continuent de charrier des stéréotypes sur les femmes, notamment, et banalisent certaines violences - ce qui est d’autant plus regrettable que la plupart des scénaristes sont des femmes, en Turquie. En apparence, les héroïnes sont toujours des femmes modernes, qui réussissent. En réalité, elles restent dans la tradition, bonnes épouses, bonnes mères et filles respectueuse. Les producteurs veillent à garder un équilibre : pas trop de tradition, pas trop de modernité.

SaphirNews : Continuez-vous de jouer dans ce type de feuilleton ?

Derya Durmaz : Non, plus du tout. Je trouve qu’aujourd’hui, les projets manquent d’idées et d’exigence en termes de qualité. On m’a proposé deux-trois projets de feuilleton que je n’ai pas du tout aimés. En tant qu’actrice, je peux jouer n’importe quel rôle, mais rien qui aille à l’encontre des valeurs qui sont les miennes. Je peux jouer la bassesse humaine, mais pas la promouvoir. J’ai récemment refusé un rôle parce que je n’aimais ni le scénario, ni le sujet. Les médias, eux aussi, doivent faire attention aux mots qu’ils emploient et à la façon de présenter les choses. Ils peut renforcer le nationalisme au lieu de mettre fin à la haine des autres.

Propos recueillis le 1er décembre 2010 à Istanbul par Faïza Ghozali, Inês Almas Rodrigues & Esra Söylemez




Cet entretien a été réalisé dans le cadre du programme « Dites non à la discrimination » du Conseil de l’Europe.




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