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Sur le vif

Niger : l’arrestation d’un imam conduit à l’incendie d’une église

Rédigé par Lina Farelli | Lundi 17 Juin 2019 à 15:30

           


Niger : l’arrestation d’un imam conduit à l’incendie d’une église
Dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 juin, une église de Maradi, troisième ville du Niger, a été brûlée par des manifestants qui protestaient contre l’arrestation d’un influent imam local. Celui-ci officie dans la mosquée située dans le même quartier que le lieu de culte protestant incendié. La voiture du pasteur a également été brûlée.

Le cheikh Rayadoune avait été arrêté samedi 15 juin après avoir qualifié d’« anti-islam » une proposition de loi du gouvernement portant sur une meilleure régulation des lieux de culte. Pendant sa garde à vue, l’imam a reconnu ses torts et a déclaré avoir été victime d’une mauvaise traduction, du français au haoussa, d’un document supposé officiel présentant le projet de loi et qui l’a induit en erreur.

Avant sa remise en liberté après sa garde à vue, il a condamné les violences qui ont suivi son arrestation. « Mes partisans doivent arrêter de créer des désordres en ville. L’islam ne veut pas cela. Je n’ai aucunement été maltraité par la police », a-t-il fait savoir publiquement, appelant ses partisans à « cesser de brûler et de créer des troubles en ville ». Dès sa sortie, il s’est rendu dans l’église incendiée et a promis de « rectifier » ses propos lors de « la prière hebdomadaire du vendredi prochain ».

Au total, 178 manifestants ont été arrêtés à la suite de ces destructions. La police a indiqué qu’il enquête sur les auteurs de la manipulation dont des religieux ont été victimes avec une mauvaise traduction de la proposition de loi, adopté fin avril en conseil des ministres et aujourd’hui à l’étude au Parlement après plusieurs concertations avec des représentants des cultes et des experts.

Le texte gouvernemental dispose que l'exercice du culte en lieu public va être « soumis au régime de l'autorisation préalable ». « C’est pour prévenir les risques de dérives constatées dans d’autres pays qu’il s’avère impérieux que l’État se donne les moyens d’un plus grand contrôle des pratiques qui ont cours dans la sphère religieuse », fait part le gouvernement, souhaitant éviter que l’absence d’encadrement légal puisse devenir une « source d’instabilité et d’insécurité dans un environnement sous-régional marqué par l’apparition d’organisations terroristes ». Le Niger, à majorité musulmane, compte 1 à 2 % de chrétiens.

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