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'Marianne M'a TUER'

Rédigé par Propos recueillis par Assmaâ Rakho Mom | Jeudi 5 Avril 2007 à 10:23

           

Albert-Ali le Franchouillard est le pseudonyme que s'est donné l'auteur de ce livre au titre provocateur de "Marianne m'a tuer". Saphirnews l'a sollicité afin d'en savoir plus. Par ailleurs, Albert-Ali sera présent à la rencontre annuelle des musulmans de France pour la signature de son livre.



'Marianne M'a TUER'

Saphirnews : Pourquoi avoir écrit cet ouvrage ?

Albert-Ali : Suite au premier livre de mon ami Abdelaali, « Entrée interdite aux animaux et aux femmes voilées », qui concernait la polémique sur le foulard dit « islamique », un certain nombre de ses lecteurs ont soulevé de nombreuses questions traitant de thèmes récurrents, concernant la présence des musulmans en France.
Héritage colonial dans la culture des élites françaises, influence de l’islam dans l’histoire de la pensée en Europe, la femme musulmane, le féminisme, les élites françaises, la récupération des revendications issues des quartiers populaires, l’antisémitisme, l’impérialisme américain, la géopolitique de l’islamisme, l’antisémitisme en France et la concurrence des mémoires, l’identité française et le modèle républicain d’assimilation etc.
Certains de ces thèmes méritent une analyse profonde et une proposition de réponses innovantes et avant-gardistes.
D’autres sujets sont volontairement tus par beaucoup de musulmans ou du moins par ceux qui portent une voix communautaire, par crainte de ne pas pouvoir les assumer publiquement.
J’ai donc décidé de sortir de ma réserve d’être invisible et de m’adresser aux humains par ce livre destiné à éclairer ces diverses questions d’un regard neuf, mais surtout comme je le répète fréquemment à chaque chapitre, de susciter de nouveaux auteurs qui pourraient approfondir ces questions.
En résumé chaque chapitre de ce roman peut faire l’objet d’un ouvrage complet, et mon ambition est d’éveiller certains lecteurs à l’envie de prendre la plume à leur tour en leur débroussaillant le terrain et en leur donnant quelques idées directrices.

Est-ce que sa publication très peu de temps avant les échéances électorales a un sens pour vous et lequel ?

A. : La publication était à l’origine prévue pour 2006, mais les sujets n’ont cessé de s’accumuler, pour rendre le livre de plus en plus épais.
Par exemple, parler de l’escroquerie des « ni-putes, ni-soumises » – que l’on n’entend étrangement plus – sans aborder la question de la femme musulmane dans la littérature coloniale, en démontrant la persistance des représentations héritées de cette époque, n’aurait pas de sens.
Il a fallu donc ajouter au premier chapitre intitulé « féministe », un autre chapitre traitant de la femme musulmane dans l’imaginaire « gaulois », et approfondir ainsi les raisons profondes et inavouables du fameux débat sur le foulard.
Débat qui reviendra, me semble-t-il, sur la scène encore plus violement, au vu des projets d’interdiction dans les services publiques qui émergent un peu partout en Europe.
Ainsi un chapitre en imposant un autre j’ai rapidement doublé puis triplé la taille de l’ouvrage, d’où son retard.
Finalement avec les élections, les sujets qui semblent émerger à chaque nouveau débat politique, « marseillaise, identité nationale, modèle d’assimilation en panne.. » furent traité dans certains chapitres bien avant leur apparition, ils tombent donc à pic.
Les élections sont par la volonté du destin, une échéance idéale pour la sortie de mon roman.
Ca tombe bien.

Pourquoi avez-vous choisi le style romanesque pour l'écriture de ce livre ?

A. : Le roman est depuis longtemps dans la tradition littéraire française une voie privilégiée pour explorer les questions de société, à l’abri d’une créativité qui n’est pas bornée par la crainte d’être brûlé sur la place publique ou de finir au tribunal.
Il s’agit pour Marianne m’a tuer plus d’une fiction, d’une aventure littéraire contée par un narrateur non humain, qui accompagne le lecteur dans la découverte de son univers intellectuel, que d’un roman avec personnages et intrigues.
Le lecteur y est guidé pour y trouver des explications singulières sur ces différents sujets que j’ai cité précédemment, dans une ambiance drôle et parfois tragique.
Le roman a aussi l’avantage de maintenir un doute continuel sur la véracité de certains propos ou faits, ne sachant pas s'il s’agit de l’expression du narrateur ou d’une réalité avérée.
Ce doute pourrait être, si l’on veut, la ligne éditoriale du livre.
Parce que douter des apparences et se questionner est le propre de celui qui cherche à comprendre, douter des vérités qui nous sont dictées par ceux qui écrivent l’histoire est une nécessité pour ne pas subir la dictature d’une vision unique de ce qui se passe ou s’est passé. Le dictateur étant aussi celui qui dicte l’histoire, définie par Napoléon comme un « mensonge que personne ne conteste ».
En se questionnant sans cesse, j’espère créer chez mon lecteur l’envie de vérifier les faits et de susciter ainsi des aspirations nouvelles à l’écriture et surtout à la recherche.
Enfin ma stratégie littéraire s’inscrit dans une logique un peu plus subtile, qui prendra son sens dans le temps, elle apparaîtra alors plus évidente à chacun, mais je n’en dirais pas plus maintenant.

En utilisant cette plume trempée dans le vitriol, ne craignez-vous pas de basculer dans la violence des mots ?

A. : Violent ne veut rien dire, il y a toujours une relativité dans la violence, on a constamment plus violent que soit.
La violence des mots en littérature, est récurrente, parce que la vérité écrite porte en elle une certaine forme de dureté et d’amertume, qui peut parfois choquer le lecteur, c’est ce caractère terriblement angoissant des mots qui me fascine.
Comment de simples caractères d’encre sur un papier, peuvent-ils créer autant d’émotions en nous, de sentiments contradictoires d’un chapitre à un autre ?
C’est particulièrement intrigant, et dans ce sens l’on peut dire qu’un livre est un concentré d’émotions fortes, donc violentes qui perdurent à l’inverse de la parole qui elle ne subsiste pas.

Par ailleurs, je ne crois pas qu’il s’agisse vraiment dans mon cas de propos violents, une plume acerbe même trempée dans du vitriol, ne veut pas dire une plume violente, c’est le caractère inattendu de certaines vérités qui peut paraître violent.
Mais la force des mots donne aussi des émotions intenses, l’ambition ici est de sortir certains lecteurs d’une léthargie profonde, comme pour certains comateux on use d’odeurs puissantes pour éveiller la conscience de l’endormi.
Quant au bandeau rouge de la couverture, « de quoi faire sauter 20 fois la République », j’indique bien qu’il s’agit d’un propos d’Alfred Sirven, en somme c’est un clin d’œil à l’actualité oubliée, d’une affaire d’Etat particulièrement grave rapidement oubliée.

Enfin la drôlerie dans les textes, permet justement d’amortir le choc et de pousser mon lecteur à réfléchir à posteriori à ce qu’il a lu.

Des ouvrages sérieux sur ces mêmes sujets sont nombreux, mais peu accessibles au plus grand nombre, je fais le pari de la vulgarisation avec ce style particulier, c’est la postérité qui nous dira si ce fut un bon choix.
Pour l’instant le courriel des lecteurs semble me donner raison.
Enfin pour rester dans la violence des mots et l’usage du roman pour défendre des idées méprisables, on peut désigner certains auteurs qui reçoivent des grands prix littéraires et qui font effectivement preuve d’une violence réelle, par exemple une grande plume nationale fait dire à son héros, dont l’amie meurt dans un attentat :

« L’islam avait brisé m’a vie, et l’islam était certainement quelque chose que je pouvais haïr ; les jours suivants, je m’appliquai à éprouver de la haine pour les musulmans. J’y réussissais assez bien, et je recommençais à suivre les informations internationales.
Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattus par balles dans la bande de Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme à la pensée qu’il y avait un musulman de moins. Oui on pouvait vivre de cette manière ».

Pas de commentaires, c’est inattaquable juridiquement et pourtant il faut poser la question sur l’opinion réelle de l’auteur sur ce sujet.

Parlez nous des sujets féministe et islamiste.

A. : En fait les sujets traités dans ce roman fiction, sont des sujets très polémiques.
Nombreux, j’ai du donc me tenir à chaque fois à quelques clefs de lecture et à des faits nouveaux et essentiels pour comprendre la thématique abordée.
Le chapitre "féministe" est à conseiller parce qu’il nous éclaire sur les motivations profondes et inavouables qui expliquent le regard porté sur la femme musulmane en France, par les féministes historiques ou médiatiques.
J’essaie de fixer le contour de ces représentations qui prennent leurs sources dans l’histoire.
On y trouve aussi une explication inattendue sur le foulard avec le soutien de Baudelaire !
Quant au chapitre "islamiste" il correspond comme le chapitre 9, "science fiction", à une analyse fondée sur une prospective originale, pour mieux comprendre l’évolution de ces dernières années du "Paysage islamique français" et ce qui nous attend dans les prochaines décennies.
Ce sont aussi des chapitres qui ambitionnent de réhabiliter l’islamisme politique et nous font découvrir des alliés inattendus, pour le retour de l’islam en Europe : le capitalisme, le féminisme et les gays, démonstration au chapitre 9.

Enfin le chapitre qui devrait faire couler le plus d’encre c’est le chapitre 3. On y découvre des maîtres à penser oubliés, parmi nos ancêtres sarrasins, dont les travaux scientifiques constituent la matrice de l’éclosion de la pensée européenne des Lumières, une vérité à souligner et à développer.
Prouver que Marianne a été la fiancée puis la co-épouse de M. Islam, est une passionnante aventure intellectuelle que je propose à mes lecteurs.


Vous pouvez réagir aussi sur : albertali.lefranchouillard@yahoo.fr





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