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Les priorités du ministre de l'intérieur

Rédigé par Colin Mohammed | Samedi 20 Juillet 2002 à 00:00

           

Sans grande surprise la priorité du gouvernement est la lutte contre l'insécurité, en revanche le montant de 5,6 milliards d'euros consacré aux forces de l'ordre constitue une exception dans l'histoire. L'autre surprise est la grande volonté du ministre de faire sortir l'Islam de l'ombre, ce qui fait sa seconde priorité.




Le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy a présenté mercredi 10 juillet son projet de loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieur. Très fidèle à la volonté politique d’enrayer l’insécurité exprimée par le Président de la République lors des campagnes présidentielles et législatives, Nicolas Sarkozy se dote de gros moyens. Une enveloppe supplémentaire de 5,6 milliards d’euros pour la période de 2003 à 2007 a été accordée. C’est plus du double de ce qui a été initialement promis.

 Une création d’emploi qui s’élève à 13 500 postes dont 7 000 au sein de la gendarmerie et 6 000 au sein de la police. Avec le rachat des jours de récupération et l’embauche définitive de nouveaux fonctionnaires, le ministre a sa disposition 18 000 hommes en plus. Il a obtenu en moins de deux mois tout ce dont ont pu rêver de décrocher ses grands prédécesseurs pour lutter contre l’insécurité Le ministre de l’intérieur justifie ses mesures en affirmant que l’insécurité constitue la première préoccupation des français et que l’exigence des citoyens est fondée sur une réalité alarmante. La délinquance durant l’année 2001, selon les propos du ministre de l’intérieur lors du conseil des ministres du mercredi 10 juillet 2002 aurait progressée de 7,7 %, soit plus de 4 millions de crimes et délits.
Fini « la guerre de boutons », les gendarmes et les policiers devront converger leurs forces et travailler en étroite collaboration. 1 000 policiers et 600 gendarmes renforceront les services d'enquêtes judiciaires. 500 policiers et 700 gendarmes supplémentaires traqueront les délinquants de la route. 300 gendarmes et 300 policiers s’ajouteront à l’effectif pour lutter contre le terrorisme et la criminalité. De plus, la communication entre policiers et gendarmes sera renforcée. De nouveaux moyens seront utilisés : « Les systèmes de communication Acropol, pour la police, et Rubis, pour la gendarmerie, sont incompatibles. Les deux réseaux doivent être impérativement interconnectés ».

La prévention
Le ministre a largement privilégié l’autorité de l’Etat et veut rompre avec la prévention faite depuis une vingtaine d’années. La prévention pour Nicolas Sarkozy commence par la lutte contre l’absentéisme scolaire et déclare que les sanctions contre les parents ne respectant pas l'obligation scolaire de leurs enfants seront aggravées. Pourtant sans la prévention, le projet ne tient que sur une jambe. N’utiliser que le matraquage peut produire l’effet inverse et endommager davantage le lien social. On peut craindre dans l’exaltation de la force publique des traitements musclés conduisant à des bavures. Certains, comme le syndicat de la magistrature dénonce le projet d’un véritable Etat Policier visant « à mater les populations considérées comme rebelles en raison même de leur précarité »

Une publication mensuelle des statistiques nationales de la délinquance.
Le ministre veut une transparence totale. Nous devons la vérité aux Français. Comment évaluer une politique publique sans publier les résultats ? C'est impossible. Les responsables de la police et de la gendarmerie devront travailler en fonction d'objectifs précis et seront évalués en permanence. Il ajoute : « De leurs résultats dépendra leur carrière », car « pas un centimètre carré de la République ne doit pouvoir être considéré comme une zone de non-droit ».

Deuxième priorité : « sortir l’Islam de la clandestinité »
Lors de l’on interview du mercredi 10 juillet 2002 sur France 2 et l’entretien accordé à nos confrères du Figaro, le ministre a fait savoir que sa deuxième priorité concerne « la question de l'intégration d'un islam de France dans la République ». Il ajoute que faire sortir le culte musulman de la clandestinité est un défi ! Il souligne qu’il s’agit bien d’un islam de France et non d’un islam en France. Il s’approprie ainsi le discours des associations musulmanes qui ont œuvré durant plus de 15 ans à faire sur le terrain des conférences et des colloques pour montrer que l’idée un islam de passage est fausse. Au contraire, l’islam comme l’a dit explicitement est « la deuxième religion de France » Pure démagogie penseront certains, mais il a eu le courage intellectuel et politique –ce qu’aucune personnalité politique n’a eu- de reconnaître que l’Islam constitue dans certains quartiers un facteur de socialisation. Ainsi, il note au journal Le Figaro l’Islam « peut notamment fournir une réponse à la déstructuration totale d'un certain nombre de jeunes délinquants des cités. » Il ne faut donc plus regarder l’islam derrière un voile de suspicion, s’interrogeant sur l’intégrisme dénonce l’abus de ce terme et souligne qu’ « une pratique religieuse orthodoxe n'est pas forcément antirépublicaine ». Cette religion peut nous aider car elle est porteuse de valeurs, reconnaît il.
Sur la Consultation le ministre ne s’est pas exprimé. Beaucoup d’organisations musulmanes, en premier lieu l’UOIF avaient émises lors des campagnes électorales, des craintes sur la victoire de la droite, car elles redoutaient la mise en cause du processus de la consultation. Tandis que la mosquée de Paris, soutenait ouvertement la droite en espérant gagner le leadership sur l’organisation de l’islam de France. Le ministre semble cependant s’engager dans la continuité de Jean Pierre Chevènement et d’Edouard Vaillant. Le lendemain de son élection, il avait reçu tour à tour les différents protagonistes de la consultation. De plus le message : « nous devons associer toutes les sensibilités » semble rassurer les différentes organisations.






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