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Société

Les Restos du Cœur épinglés pour l'exclusion de bénévoles portant le voile

Rédigé par | Vendredi 6 Décembre 2019 à 19:30

           

Le brillant engagement des Restos du Cœur en faveur des plus démunis en France est constant depuis sa création en 1985. Mais alors que sa 35e campagne d'hiver a été lancée en cette fin d'année, le choix fait par l'association de refuser l'aide de bénévoles portant des signes religieux visibles tels que le voile fait tâche. Ce choix n'est pas nouveau mais il n'en demeure pas moins « incompréhensible » pour le mouvement Coexister, qui appelle la direction des Restos du Cœur à réviser son interprétation excluante de leur charte d’engagement des bénévoles.



Les Restos du Cœur épinglés pour l'exclusion de bénévoles portant le voile
Les Restos du Cœur sont de nouveau épinglés pour avoir exclu de ses rangs une bénévole en raison de son port du voile. Cette exclusion, opérée par l’association en septembre 2019, a été dénoncée fin novembre par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). La direction de la communication des Restos du Cœur a confirmé auprès de Libération l’interdiction pour les bénévoles – qui ne vaut pas pour les bénéficiaires ainsi que les donateurs et donatrices – de tout « signe ostensible d’appartenance à un mouvement religieux ».

Le mouvement Coexister a dénoncé, jeudi 5 décembre, « la décision répétée des Restos du Cœur d’interpréter leur charte d’engagement des bénévoles dans le sens qui permet d’exclure automatiquement ceux portant des signes religieux », estimant que leur charte va « à l’encontre de la fraternité ».

« Si l’engagement exemplaire et indispensable des Resto du Cœur auprès des plus démunis n’est plus à démontrer, cette posture excluante est dès lors incompréhensible », indique-t-elle dans un communiqué, qui rappelle l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) portant sur la liberté de conscience et de religion.

Porter le voile ne doit pas être considéré de facto à un manquement à l'indépendance

Le mouvement de jeunesse déplore la confusion faite entre signes religieux et prosélytisme. « Le droit est sans appel, le port d’un signe religieux est un droit et ne peut et ne doit être considéré comme une forme de prosélytisme ou volonté de convertir ou d’imposer ses convictions aux autres ».

Si l’exigence d’« une indépendance totale vis-à-vis du politique et du religieux », formulée dans la charte d’engagement des bénévoles, est légitime, « considérer apriori qu’un signe extérieur individuel (sans y accoler un comportement prosélyte avéré) remet nécessairement en cause "l’indépendance" à l’égard du "religieux" ne peut être une posture d’ouverture, de respect et d’inclusion ».

« Les plus démunis ont besoin de tous les Françaises et les Français ! »

« L’enjeu est de lutter contre tous les comportements prosélytes et de pression ou les paroles qui remettent en cause l’indépendance, pas les signes et vêtements, et les deux ne vont pas nécessairement de pair ! », martèle Coexister, qui déplore « le climat islamophobe actuel ».

« Il n’est pas trop tard pour repenser l’interprétation de la charte des bénévoles au Restos du Cœur. Dans une société de plus en plus facturée sur les questions de convictions religieuses et philosophiques, il nous paraît primordial d’apporter un peu d’apaisement afin d’inclure toutes les personnes de bonne volonté dans la lutte contre la précarité », souligne l’association, qui appelle à ne pas tomber « dans le piège de la division » car « les plus démunis ont besoin de tous les Françaises et les Français ».

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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