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Société

Les 100 ans d’Aimé Césaire célébrés

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Jeudi 27 Juin 2013 à 00:00

           

Si Aimé Césaire était encore en vie, il aurait eu 100 ans, mercredi 26 juin. En cette journée particulière, un hommage national a été rendu au poète, écrivain et homme politique martiniquais. Les idées de l’inventeur du concept de « négritude », décédé en 2008, marquent toujours les esprits.



Les 100 ans d’Aimé Césaire célébrés
Les 100 ans d’Aimé Césaire célébrés
François Hollande a rendu hommage à Aimé Césaire, dans la matinée du mercredi 26 juin, au Panthéon, à l'occasion du centenaire de sa naissance.

Né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe, en Martinique, l’homme politique et poète martiniquais incarne une figure historique de l’Histoire contemporaine de France.

Décédé en 2008, il entre au Panthéon, en 2011. Une plaque commémorative en son honneur a été déposée dans ce lieu réservé aux grands esprits. Aimé Césaire est resté enterré en Martinique, où il a été maire de Fort-de-France pendant plus de 50 ans et y a combattu l’esprit colonialiste.

Un quai Aimé-Césaire

Le centenaire de sa naissance était une bonne occasion pour rendre un vibrant hommage à Aimé Césaire. Lors de la cérémonie au Panthéon, François Hollande a tenu à saluer cette figure « intimement liée à l'esprit de la République » et à « la lutte contre l'esclavage, le colonialisme, la brutalité ». « Je tenais à venir ce matin honorer la mémoire d'Aimé Césaire à l'occasion du centenaire de sa naissance », a-t-il déclaré dans une allocution, en présence des ministres Aurélie Filippetti (Culture) et Victorin Lurel (Outre-mers).

« Je souhaite dire à tous les Martiniquais, mais aussi au-delà des Martiniquais, au-delà des Antilles, au-delà même de la France, combien la figure d'Aimé Césaire est intimement liée à l'esprit qui est celui de la République, c'est-à-dire la diffusion de valeurs, la promotion de chacun, la capacité à être digne en toutes circonstances, la lutte contre l'esclavage, contre le colonialisme, contre la brutalité », a poursuivi le chef de l’Etat.

De son côté, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a inauguré le quai Aimé-Césaire, dans le 1er arrondissement de Paris. Ce quai est situé près des Tuileries, à côté de la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, du nom de l’ancien président sénégalais, camarade du poète martiniquais.

Ailleurs, en France, Marseille est le siège du collectif « 2013, centenaire de la naissance d’Aimé Césaire ». La ville désignée Capitale européenne de la culture en 2013, compte bien rendre un bel hommage à l’homme de plume engagé et prolifique.

Un musée Aimé-Césaire

Aimé Césaire a effectivement rédigé de nombreuses œuvres sous diverses formes : poésie, théâtre, essai ou encore entretiens. Les visiteurs sont invités à découvrir les écrits de l’intellectuel mais aussi d’autres objets plus personnels de cette figure mythique de la lutte anticolonialiste, au sein du musée Aimé Césaire, le premier du genre inauguré mercredi 26 juin.

Le musée, qui n’est autre que le bureau qu’il a occupé en tant que maire de la ville de Fort-de-France pendant 56 ans, regorge de tous ses souvenirs, objets personnels, livres, manuscrits et cadeaux offerts par les personnalités du monde entier.

Pour faire découvrir l’œuvre d’Aimé Césaire, qui fut également député de la Martinique de 1945 à 1993, les maisons d’édition ont aussi choisi l’année du centenaire de sa naissance pour publier des rééditions de ses écrits. Œuvres complètes, publié en 1976, ressort ainsi le 27 juin chez CNRS Editions,avec des textes inconnus du Cahier d’un retour au pays natal, des essais de poétique et d’esthétique, des poésies et des pièces de théâtre.

Un musée de l'esclavage demandé

L’œuvre d’Aimé Césaire gagne à être plus connue par les jeunes générations, notamment ses écrits sur son rapport avec l’Afrique. Les questions qu’abordent ces derniers restent d’actualité et permettent notamment aux descendants d’immigrés des anciennes colonies d’en savoir plus sur leur origine.

Cette soif d’Histoire permit à Aimé Césaire de fouiller dans son identité africaine alors qu’il était élève au lycée parisien Louis-le-Grand, inscrit en hypokhâgne. C’est au sein de cet établissement qu’il rencontre et noue une amitié durable avec le futur président sénégalais Léopold Sédar Senghor. Avec d’autres camarades antillo-guyanais et africains, les deux compères fondent en septembre 1934, le journal L’Etudiant noir, dans lequel ils font apparaître pour la première fois le terme de « négritude », qu’établit Aimé Césaire. Avec ce concept, il souhaite promouvoir la culture africaine face à l’oppression culturelle du système colonial français.

Cahier d'un retour au pays natal étale sa prise de conscience des injustices vécu par les Noirs. Son long poème paraîtra en 1939. Puis, dans des essais comme Esclavage et colonisation (Presses universitaires de France), en 1948, Discours sur le colonialisme, en 1950, et Discours sur la négritude, en 1987, il se dressera en figure de la lutte contre l’esclavage et le colonialisme.

Au niveau politique, il est d’abord engagé auprès du Parti communiste dès 1945, date à laquelle il est élu pour la première fois maire de Fort-de-France, puis quitte le PC dont il dénonce le paternalisme en 1956. L’engagement et le militantisme d’Aimé Césaire lui valent aujourd’hui de garder une place de choix dans l’esprit des citoyens français, plus particulièrement ceux qui sont issus des Dom-Tom et des anciennes colonies françaises.

Pour beaucoup, il est un modèle à suivre. A l’occasion du centenaire de sa naissance, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a choisi de poser de manière symbolique la première pierre d’un musée de l’esclavage et de la colonisation. Les associations mémorielles gardent cette figure mythique toujours aussi vivante dans leurs esprits.





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