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Le CFCM dans le miroir de Fouad Alaoui

Rédigé par Bamba Amara | Vendredi 13 Mai 2005 à 00:00

           

Le Conseil français du culte musulman se remet en question. Il demande le retour de Fouad Alaoui. Car la démission de M. Alaoui jette un discrédit sur le fonctionnement de cette institution déjà contestée par une grande partie des musulmans de France qu’elle est censée représenter. Le coup est d’autant plus sévère que M. Alaoui est non seulement vice-président du CFCM, mais secrétaire général de l’Union des organisations islamiques (UOIF), le poids lourd du monde associatif musulman français. L’UOIF se réunit aujourd’hui pour donner une suite à cette demande qui fut exprimée après « une rencontre avec le ministre ».



Le Conseil français du culte musulman se remet en question. Il demande le retour de Fouad Alaoui. Car la démission de M. Alaoui jette un discrédit sur le fonctionnement de cette institution déjà contestée par une grande partie des musulmans de France qu’elle est censée représenter. Le coup est d’autant plus sévère que M. Alaoui est non seulement vice-président du CFCM, mais secrétaire général de l’Union des organisations islamiques (UOIF), le poids lourd du monde associatif musulman français. L’UOIF se réunit aujourd’hui pour donner une suite à cette demande qui fut exprimée après « une rencontre avec le ministre ».

 

La démission de Fouad Alaoui le 4 mai 2005, intervient après celle de Dounia Bouzar le 4 janvier 2005. Madame Bouzar siégeait au Conseil d’administration du CFCM en tant que personnalité qualifiée. Elle a rendu son tablier en reprochant au CFCM de ne pas tenir son cahier de charges sur les questions de fond. Il s’agissait donc d’un « divorce pour divergence de priorités. » Il en va autrement de la démission de M. Aloui.

 

La goutte d’eau qui fait déborder le vase

                       

« Ma démission n’est pas liée seulement à la nomination de l’aumônier général, explique M. Alaoui. Il ne s’agit pas de ça. Ce que je remets en question c’est la démarche du Conseil dans le traitement de ses dossiers.» Par la voix de son président, Lhaj Breze, l’UOIF avait dénoncé la « précipitation » dans laquelle le premier aumônier général musulman des prisons avait été désigné. Mais elle n’a avancé aucun autre nom pour occuper le poste.

 

Et M. Alaoui d’énumérer quelques-uns uns des dossiers sur lesquels le CFCM est censé travailler. La question de la viande Halal, l’organisation de l’Aïd, l’organisation du pèlerinage, la formation des imams et bien entendu la question des aumôniers sont sur la liste. Sur chacun de ces dossiers, le CFCM a mis une commission en place. Chacune des commissions travaille. L’ensemble de leurs travaux est sous la direction de M. Bechari, vice-président du CFCM et président de la Fédération nationale des musulmans de France.

 

Or selon M. Alaoui,  si « les commissions ont la volonté de faire avancer les choses, le bureau exécutif attend toujours une demande d’un ministère pour prendre des décisions importantes. Et cela se fait dans la précipitation, sans tenir compte des travaux des commissions. Nous ne pouvons pas continuer sur cette voie. La nomination de l’aumônier général n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase. » Et M. Aloui de s’interroger « quel est le rôle du Comité exécutif s’il doit toujours attendre les consignes ministérielles pour prendre ses décisions. Il nous faut donc clarifier notre rapport avec les ministères. »

 

Court-circuiter le CFCM

 

A ce jour, la formation des imams est le dossier sensible sur lequel le CFCM semble avoir tiré son épingle du jeu. Le dispositif annoncé sera mis en place dès la rentrée prochaine. Il semble bénéficier d’un accord de principe de l’ensemble des membres. Il faut néanmoins le voir à l’œuvre pour en juger. Même sur ce dossier, affirme M. Alaoui, « nous avons dû élever la voix pour que les choses se fassent dans les règles. Car, ils avaient commencé à tenir des réunions parallèles avec des instituts en dehors des commissions pour réfléchir sur la formation des imams. Ils voulaient encore court-circuiter le CFCM. C’est un mode de fonctionnement qui n’a pas d’avenir. »

 

Les réunions évoquées par le Vice-président du CFCM se sont effectivement tenues avec des responsables du CFCM et des penseurs autonomes sans l’aval du CFCM. Elles coïncident curieusement avec le départ de Nicolas Sakozy du ministère de l’Intérieur.

 

Le rôle du CFCM

 

Né d’une initiative gouvernementale, le CFCM semble avoir du mal à gagner son autonomie. C’est l’image que reflète le miroir que tend M. Alaoui au CFCM. Cependant, au moment où le mouvement des « indigènes de la République » dénonce le continuum colonial dans le fonctionnement des institutions françaises, il est amusant de voir l’incapacité des dignitaires musulmans à résoudre leurs questions internes. Il leur faut « une rencontre avec le ministre » pour résoudre des questions propres à leur structure.

C’est après avoir entériné la démission de M. Alaoui que le Comité exécutif du CFCM s’est réuni pour lui réclamer son retour. Et cette réunion fait suite, selon l’usage en cours, à « une rencontre avec le ministre ». Pour les opposants du CFCM, il s’agit encore là d’un dénouement logique car : « le CFCM ne représente pas les musulmans auprès de l’Etat. Mais il représente l’Etat auprès des musulmans. » Les faits ont tendance à leur donner raison.





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