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La république autoritaire. Islam de France et illusion républicaine, par Haoues Seniguer

Reçu à Saphirnews

Rédigé par Saphirnews | Vendredi 18 Novembre 2022 à 10:55

           


Présentation de l'éditeur

La logique du soupçon est devenue la boussole de l’État français. Depuis 2015 et les attentats de janvier et novembre, la politique préventive et répressive de l’État s’est infléchie, par toute une série de nouveaux dispositifs et moyens légaux, au détriment des libertés individuelles et collectives, et au grand dam des organisations de défense des droits humains. Des pratiques autoritaires, repérables çà et là, se sont développées et étendues depuis les centres du pouvoir institutionnel, avec le concours direct ou indirect de certains acteurs associatifs, activistes et, plus rarement, quelques chercheurs.

Le déploiement d’un arsenal sécuritaire n’est ni une nouveauté ni une incongruité en démocratie, surtout lorsque surviennent des phénomènes exceptionnellement graves et meurtriers. En revanche, ce qui est assurément nouveau, c’est la cible de la répression ; celle-ci se concentre aujourd’hui plus qu’hier sur des groupes minoritaires, perçus comme déviants, ou supposément plus déviants que d’autres, à raison de l’origine et de la religion présumée, malgré les dénégations et les discours convenus.

C’est alors que le républicanisme vacille, ses principes s’effritent sur l’autel entre autres d’une instrumentalisation flagrante de la laïcité, transformé par certains en outil disciplinaire des corps et des esprits, voire en catéchisme sans Eglise. Ce n’est donc plus seulement la loi qui se durcit, mais véritablement le discours politique qui se rigidifie, se fait plus martial et moralisateur. L’État, ses représentants et ses relais ne visent plus exclusivement les fomenteurs et auteurs d’actes de terrorisme.

Une surenchère se lit désormais dans l’appréciation des styles de vie et le contenu des doctrines religieuses professées et enseignées en particulier dans les milieux musulmans. S’insinue et s’installe ainsi une logique du soupçon à laquelle participent régulièrement des médias en rupture avec l’éthique de responsabilité. Cette logique de la suspicion passe outre le légalisme incarné par les acteurs et agents sociaux musulmans, sommés toujours davantage de faire la preuve de leur attachement républicain alors même que les élites financières et économiques, elles, soutenues ou adoubées par l’État, ont fait sécession depuis longtemps.

Lire aussi : Le traitement de l’islam en France, illustration d’une crise du modèle républicain ?

L'auteur

Haoues Seniguer est politiste. Il est maître de conférences en science politique à Sciences Po Lyon et chercheur au laboratoire Triangle, UMR 5206, ENS-CNRS, Lyon. Il est spécialiste de l’islamisme marocain et des rapports entre islam et politique en France et a publié, chez le même éditeur, Les (Néo) Frères musulmans et le nouvel esprit capitaliste. Entre rigorisme moral, cryptocapitalisme et anticapitaliste (2019).

Haoues Seniguer, La république autoritaire. Islam de France et illusion républicaine (2015-2022), Le Bord de l'Eau, septembre 2022, 192 pages, 18 €.




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 18/11/2022 17:26 | Alerter
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La distinction entre éthique de conviction et éthique de responsabilité, longuement décrite par Max Weber se matérialise par ce qui caractérise la conviction et qui est l'axiologique, la volonté et l'obligation de satisfaire des valeurs.

La responsabilité, qui concerne le souhaitable, et le possible, concerne en particulier la volonté d'éviter les fractures sociologiques basées sur le religieux, porteur par essence de l'éthique de conviction.
Le soupçon décrit ici est donc clairement responsable, car soucieux de ce deuxième monde qu'un islam politique chercher à organiser en invoquant de manière irresponsable et dangereuse des mobiles religieux.

2.Posté par Rond LEDARON le 22/11/2022 21:28 | Alerter
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La logique de soupçon est bien antérieure à 2015. La République n'a aucune confiance à ce qu'elle n'a pas initiée, son côté jacobin centralisateur y est sans doute pour quelque chose.


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