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Société

'La présence de vigiles autour de la mosquée la transformerait en forteresse'

Entretien avec Amar Moqran, le président de l'association de la mosquée incendiée de Colomiers

Rédigé par Propos reccueillis par Assmaâ Rakho Mom | Lundi 21 Avril 2008 à 15:14

           

Au lendemain de l'incendie volontaire de la mosquée de Colomiers, près de Toulouse, rencontre avec le président de l'association qui gère le lieu de culte, Amar Moqran. Entretien.



Saphirnews : Que s'est-il passé exactement ?

Amar Moqran : J'ai été personnellement alerté vers 5h10 du matin par l'imam de la mosquée. J'ai aussitôt alerté la police et me suis rendu sur les lieux. Nous avons un hall d'entrée où l'on se déchausse, sur la droite il y a la salle des ablutions et à gauche un nouveau bureau est en cours de construction.
Dans le hall d'entrée donc, ces criminels ont rentré un conteneur poubelle, certainement avec du bois et du carton, et ont mis le feu. La police scientifique a découvert des hydrocarbures.
Leur objectif était d'ouvrir la salle de prière et d'envoyer le conteneur enflammé dedans.

Y a-t-il une piste ?

A. M. : Pour le moment on n'en sait rien. La police locale et la police scientifique travaillent. Le préfet, présent ce matin, a estimé qu'il ne suffit pas de condamner, mais qu'il faut aller au bout de l'enquête et punir fermement les coupables.

Une réunion avec les autorités locales a eu lieu ce matin ?

A. M. : Oui le préfet s'est déplacé, ainsi que le maire et la députée locale. Vous savez les élus sont là, s'ils n'étaient pas venus, cela nous aurait fait mal au coeur. Ils se sont exprimés et se sont engagés à tout faire pour trouver les coupables.
Après nous, nous attendons que l'assurance et les experts se dépèchent, évaluent les dégats, et ensuite la vie reprend le dessus.

Pensez-vous que des mesures concrètes pourraient être prises afin de protéger les lieux de culte de ces actes ?

A. M. : A part la télésurveillance, la pose de caméras, la présence de vigiles autour de la mosquée la transformerait en forteresse.

Le CFCM et les CRCM ont-ils un rôle à jouer ?

A. M. : J'ai été président du CRCM Midi-Pyrénées entre 2003 et 2005. Aujourd'hui, si la communauté musulmane n'est pas derrière le CRCM, si les associations ne sont pas derrière aussi, il ne peut pas fonctionner seul. Disons les choses telles qu'elles sont.
Je l'ai d'ailleurs dit au préfet, que l' Etat a créé le CFCM et les CRCM, mais il n'y a pas de suivi, pas de moyens derrière pour travailler et avancer. Durant ma présidence, j'ai demandé à faire des cartes de sacrificateurs, à contrôler les abattoirs et au-delà à contrôler la viande halal tout en empochant un pourcentage afin que le CRCM puisse fonctionner. Cela a duré quelques mois, et le ministère de l'Intérieur m'a interpellé en me disant que je n'avais pas le droit de faire des cartes de sacrificateurs et que seule la Mosquée de Paris était habilitée à fournir ces cartes.




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