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Points de vue

Interdiction du voile :

Rédigé par Breze Entretien avec Lhaj Thami | Vendredi 2 Janvier 2004 à 00:00

           

L’UOIF, l’Union des Organisations Islamiques de France, occupe l’une des deux vices présidences du bureau du Conseil Français du Culte Musulman. C’est une organisation incontournable dans le paysage musulman de France. Souvent décriée comme fondamentaliste,l’UOIF s’inscrit dans le courant réformiste. Organisation de terrain, elle occupe désormais une place essentielle dans la représentativité de l’islam de France. Son président, Lhaj Thami Breze, s’exprime sur le « débat du foulard ».



L’UOIF, l’Union des Organisations Islamiques de France, occupe l’une des deux vices présidences du bureau du Conseil Français du Culte Musulman. C’est une organisation incontournable dans le paysage musulman de France. Souvent décriée comme fondamentaliste, l’UOIF s’inscrit dans le courant réformiste. Organisation de terrain, elle occupe désormais une place essentielle dans la représentativité de l’islam de France. Son président, Lhaj Thami Breze, s’exprime sur le « débat du foulard ».

 

SaphirNet.info : Quelle a été la réaction de l’UOIF suite au discours du président Jacques Chirac ?

 

Lhaj Thami Breze : Nous avons toujours été clair. La laïcité dans laquelle nous nous reconnaissons, c’est la laïcité du Conseil d’état qui a été déterminée par le texte juridique garantissant la liberté d’expression, religieuse en public ou en privé. Et nous sommes, avec ce projet de loi, en train malheureusement de forger une autre laïcité. Une laïcité qui rétrécit les libertés religieuses et qui exclu. On dit que la République ne doit pas séparer les communautés, ne doit pas exclure, mais une loi qui interdit aux musulmanes d’exprimer leur confession religieuse ne peut qu’exclure.

 

Mais, le CFCM va participer à l’élaboration de cette loi ?

 

Oui, il va participer à l’élaboration de cette loi pour qu’elle ne soit pas brutale, pour que cette loi n’exclut pas le foulard jugé « acceptable », discret. Dans son discours, le président a dit qu’il fallait ouvrir un dialogue. La commission Stasi et Jacques Chirac ont cité la « grande croix » et qu’il fallait l’interdire dans les établissements scolaires. Mais ils admettent sans problème la « petite croix ». Nous, nous disons que nous pouvons refuser le « grand foulard » et admettre le « petit foulard ». C’est clair que « le petit foulard »  n’est pas le tchador, n’est pas la djellaba marocaine,  n’est pas le baya saoudien…C’est en fin de compte ce que la majorité de nos filles, de nos sœurs portent, le manteau, le pantalon, la robe… avec un bout de tissu sur la tête ! 

                                                                      

Nicolas Sarkozy est parti rendre visite au Cheikh Tantawi qui a dit que la France était en droit de légiférer.

 

Le cheikh Tantawi a en effet dit que la France était en droit de légiférer, mais Nicolas Sarkozy a oublié ce qu’a mentionné le Cheikh au sujet du foulard. Il a dit que c’était une obligation divine, donc personne n’a à contraindre les filles, les femmes à l’enlever. Et puis ce qui nous intéresse dans la déclaration du Cheikh Tantawi, c’est son avis théologique, et pas son avis politique. Ce n’est pas à lui de dicter à la France ce qu’il faut faire.

 

Quelles conclusions tirez-vous de tout ce débat autour de la laïcité ?

 

Il n’y avait pas de débat ! Il y avait un monologue. Les vrais concernées n’ont pas été associées au débat. Et nous avons constaté une chose : à une question juridique, on a apporté des réponses idéologiques et politiques. Il n’y a pas eu d’objectivité. On nous a opposé à la laïcité, et c’est un échec. Car la laïcité dans laquelle nous nous reconnaissons, est une laïcité ouverte et généreuse. C’est la laïcité tel qu’elle est définit par le Conseil d’état. Depuis 1989, le Conseil d’état a mentionné qu’en lui même le port du foulard n’est pas incompatible avec le principe de la laïcité avec certaines conditions : ne pas porter atteinte à l’ordre public, ne pas faire de prosélytisme, et ne pas entraver le bon déroulement des cours. Et nous avons toujours été entièrement en accord avec ces conditions énoncées. D’ailleurs, Jean Bauberot qui était l’un des sages de la commission Stasi a refusé de signer les conclusions de cette commission même. Il a dit qu’il fallait rester dans la ligne du Conseil d’état. Il y avait un véritablement acharnement passionnel et émotionnel, malheureusement pour faire un procès à la pratique et à la visibilité musulmane !

 

A toutes ces femmes et ces jeunes filles musulmanes qui portent le foulard que dites vous ?

 

Il faut exprimer son refus par les pétitions, les manifestations, par le contact direct avec nos dirigeants. Il ne faut pas se résigner. Tout est bon pour exprimer dans la citoyenneté et dans la civilité son refus.

 

Propos recueillis par Nicolas MOM





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