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Société

Inscriptions nazies sur la mosquée d'Estevelles

Atteintes à la dignité du lieu de culte : vers la piste locale

Rédigé par Haroun Ben Lagha | Mardi 23 Juin 2009 à 09:01

           

Dimanche matin, le 21 juin, l’été n’est pas venu seul. Il a apporté au beau milieu du Pas-de-Calais, durant la nuit la plus courte de l’année, son lot de profanateurs aux fidèles de la mosquée d’Estevelles. Une école de la ville, mais aussi une épicerie et un abri-bus ont, au même titre que la mosquée, été victimes de dégradations volontaires.



C'est la quatrième fois en cinq ans que la mosquée d'Estevelles est profanée. (Photo : FR3 Nord-Pas-de-Calais)
C'est la quatrième fois en cinq ans que la mosquée d'Estevelles est profanée. (Photo : FR3 Nord-Pas-de-Calais)
Ce fut un choc immense pour les fidèles, qui se rendaient dès l'aube, à la première prière du jour. Ils ont assisté à un bien triste spectacle. Ce matin-là, à l'heure du fajr, point de belles arabesques sur les murs et le portail de leur mosquée. Des individus, non encore identifiés, ont recouvert les lieux de croix gammées et de tags « skinheads », avec la volonté manifeste de profaner le lieu sacré.

D'après Lahoucine Jitte, responsable de la mosquée d'Estevelles, près de Lens, c'est dans la nuit de samedi à dimanche que ces actes, visiblement nourris par la haine et l'ignorance, ont été commis : « Nous avons découvert les tags lors de notre arrivée à la mosquée. La profanation a eu lieu entre 1 heure et 4 heures du matin. »

Les fidèles sont aujourd'hui tiraillés entre colère et déception. M. Jitte confie qu'après vingt années de présence à Estevelles « les relations avec les riverains ont toujours été impeccables, jamais nous n'avons eu de problèmes ».

C'est en effet en 1989 que débute la construction de la mosquée, aujourd'hui victime de profanations. Les travaux ne s'achèveront qu'en 1995. Au plus fort de sa fréquentation, le lieu peut accueillir jusqu'à 350 personnes. C'est dire si cette petite commune, qui compte à peine 1 700 âmes, est très profondément affectée par des actes à ce point empreints de stupidité.

Le président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) du Nord-Pas-de-Calais, Amar Lasfar, a déclaré à l'Agence France Presse qu'une plainte allait être déposée dès lundi. L'enquête des forces de police devrait suivre la piste locale. En effet, selon la préfecture du Pas-de-Calais, « la mosquée n'est pas identifiable de l'extérieur », seuls des individus ayant une bonne connaissance des environs auraient pu clairement cibler le lieu.

M. Lasfar déplore que les musulmans de France soient « à la merci » d'actes aussi répréhensibles, et regrette que la petite mosquée d'Estevelles ait subi plus d'une fois des « agressions de ce genre ».

Le délit est passible de peines pouvant atteindre cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. Malgré l'intérêt que porte la préfecture à l'affaire, et le soutien inconditionnel de la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, qui, quant à elle, condamne « avec la plus grande fermeté » cet acte odieux, pour certains fidèles l'heure est au questionnement.

Donia, étudiante de 25 ans, trouve la couverture médiatique de cette profanation « bien insuffisante au vu de la gravité des faits ». L'étudiante se demande par ailleurs si les réactions des pouvoirs publics n'auraient pas été plus vives « si la cible avait été une église ou une synagogue ». M. Jitte, lui, relativise et se dit qu'après tout « les malades sont partout ».






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