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Points de vue

Farid Abdelkrim : Pour un islam français, soyons déterminés à agir

#1AnAprès

Rédigé par Farid Abdelkrim | Dimanche 17 Janvier 2016 à 11:37

           

Un an après les premiers attentats qui ont bouleversé la société française, que faut-il retenir de ces funestes événements et de leurs conséquences ? Quels messages promouvoir et que préconiser pour construire une société meilleure ? Le point sur Saphirnews avec Farid Abdelkrim, auteur et humoriste, ancien membre de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et cofondateur et ancien président de Jeunes musulmans de France (JMF). Derniers ouvrages parus : « Pourquoi j'ai cessé d'être islamiste, Itinéraire au cœur de l'islam en France » et « L’islam sera français ou ne sera pas » (Les points sur les i, 2015).



Auteur et humoriste, Farid Abdelkrim est un ancien membre de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et cofondateur et ancien président de Jeunes musulmans de France (JMF). Derniers ouvrages parus :  « Pourquoi j'ai cessé d'être islamiste, Itinéraire au cœur de l'islam en France » et « L’islam sera français ou ne sera pas »  (Les points sur les i, 2015).
Auteur et humoriste, Farid Abdelkrim est un ancien membre de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et cofondateur et ancien président de Jeunes musulmans de France (JMF). Derniers ouvrages parus : « Pourquoi j'ai cessé d'être islamiste, Itinéraire au cœur de l'islam en France » et « L’islam sera français ou ne sera pas » (Les points sur les i, 2015).
Les attentats qui ont touché la France en 2015, comme tous les crimes perpétrés au nom de la folie des hommes, non seulement m’attristent mais me plongent dans une incompréhension chaque fois plus grande. Et en tant qu’homme et croyant, ma compassion pour les victimes, leurs familles ainsi que leurs proches croît tout autant.

Ma colère, qui ne changera rien à ce qui s’est passé et à ce qui risque de se passer à nouveau, est, elle aussi, très grande. Elle l’est à cause de la lâcheté des coupables. Elle est aussi en partie liée à la manière dont se dédouanent tous ces prétendus « religieux » qui affirment sans sourciller que tout cela n’a rien à voir avec l’islam ! « Ce n’est pas ça, l’islam… », « Ceux qui ont commis ces actes ne sont pas musulmans », disent-ils. C’est pourtant bien le contraire qu’affirment ces criminels qui revendiquent qu’ils sont musulmans et qu’ils incarnent l’islam authentique.

Tristesse, incompréhension et colère n’altèreront cependant pas ma détermination à agir. Aujourd’hui plus qu’hier.

Le camp des grands absents

Aussi, je crois qu’on ne saurait parler des conséquences de ces actes sans revenir sur les causes. Autrement dit, « il n’y a pas de fumée sans feu ». C’est sans aucun doute la première leçon à tirer de ces événements. Et si nombre de causes qui sont à l’origine des attentats nous dépassent, certains, en revanche, sont à notre portée.

Il y a, à n’en point douter, un rapport entre ces actes et au moins trois facteurs :
– l’absence d’un discours religieux audible et intelligible ;
– l’incarnation et l’expression de l’islam par les musulmans eux-mêmes qui découlent directement de l’absence de discours ;
– la teneur médiatico-politique des débats autour de l’islam aujourd’hui.

Le constat est donc simple : l’islam se trouve prisonnier entre l’ignorance de ses adeptes et l’incapacité pour ses savants d’y remédier. Comment, dès lors, s’étonner que l’islam soit en proie à toutes les interprétations possibles, même les plus déviantes ?

Ce qui fait terriblement défaut au fidèle musulman, c’est d’abord la science de son malheur, d’où sa tendance à figurer dans le camp des grands absents. Absents d’un débat qui, sans eux, n’existera malheureusement jamais ! Un débat franc et honnête pour que les imams autoproclamés, les entrepreneurs politiques, les prédicateurs, les militants, les États étrangers et nombre de nos politiques… cessent de s’obstiner à faire n’importe quoi de la tradition islamique.

Apprentis sorciers de la religion

À mes concitoyens, j’aimerais dire que je les comprends. Je sais leurs questionnements, leurs angoisses, leurs inquiétudes… Je partage les mêmes. L’affirmer, c’est en finir avec la langue de bois ! Ce n’est par ailleurs rien d’autre qu’assumer ma responsabilité, qu’il ne faudrait pas confondre avec une quelconque forme de justification.

Aux fidèles de l’islam, ceux qui le souhaitent, j’affirme que ceux qui les mènent en bateau sont en premier lieu tous ces apprentis sorciers de la religion. Ils sont nombreux. Et avec le temps, ils se sont mis à exceller sur le marché de la pleurniche, de l’excommunication et de la médiocrité.

À nos politiques enfin, ceux qui sont en charge de ce dossier de l’islam, il est impératif qu’ils s’inspirent de ceux qui ont une expérience, une expertise et qui font de vraies propositions.

Faire société

En finir avec les vœux pieux et devenir humble, notamment dans notre volonté d’œuvrer pour faire société consiste, selon moi, non pas à chercher à changer le monde, mais à agir là où nous le pouvons durant le temps qui nous est imparti.

Limiter ainsi mes prétentions revient à admettre ce que je crois être en mesure d’assumer. C’est d’ailleurs un enseignement divin en même temps qu’une promesse, puisque Allah affirme qu’il ne change l’état d’un peuple que si chaque individu qui le compose change ce qui est en lui-même.

Or, s’il est avéré que je suis l’un des problèmes qui empêche de faire société, ne devrais-je pas commencer par moi et m’occuper de ce problème en priorité ? Avec honnêteté ? C’est un déni et cela est totalement irresponsable de penser et de dire que ce sont les autres qui ne savent pas y faire avec l’islam et les musulmans.

Pour conclure, améliorer mon monde à mon niveau passe par l’élaboration de contributions. L’une d’elles se trouve dans mon dernier livre qui se veut être une série de pistes et de propositions : « L’islam sera français ou ne sera pas. »




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