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Religions

En France, l'Aïd el fitr sera décidé dimanche

Fin du Ramadan

| Vendredi 20 Octobre 2006 à 04:38

           

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a fixé au dimanche 22 octobre 2006, le « jour du doute » sur la fin du ramadan 2006. C'est donc ce dimanche que l'on saura, en France, le jour de la fête de l'Aïd el fitr marquant la fin du mois de ramadan et le début du mois de Chawwal.



Selon le calendrier du CFCM, le dimanche 22 octobre sera le vingt-huitième jour de jeûne. Deux cas de figures sont alors possibles. Soit le CFCM estime dimanche que la nouvelle lune est « visible » et annonce que lundi 23 octobre est le jour de l'Aïd. Soit le CFCM estime que la nouvelle lune n'est « pas visible », auquel cas la fête de l'Aïd sera annoncée pour le mardi 24 octobre (le lundi 23 octobre devient le dernier jour de jeûne).

Une polémique traditionnelle


Au XXIe siècle, après toutes les missions d'exploration réussies dans l'espace, cette polémique musulmane paraît folklorique. C'est ignorer le fondement scientifique et les enjeux politiques que cache cette agitation devenue traditionnelle.

Au niveau scientifique, la question présente un aspect technique objectif et un aspect analytique qui est plutôt idéologique. Cela repose sur le fait que le calendrier hégirien est un calendrier lunaire. Le début (ou la fin) de chaque mois est fonction de l'apparition du croissant de lune marquant le changement de mois, c'est la « nouvelle lune ».

Techniquement, des calculs permettent de connaître précisément le moment d'apparition de la nouvelle lune. Depuis longtemps, des spécialistes comme le Dr Jawari de la mosquée Bilal de Aachen (Allemagne) affirment que des programmes d'ordinateur peuvent produire les calendriers de n'importe partie du globe. Il suffit d'en connaître les coordonnées. Mais, précise-t-il « il n'est pas toujours possible de prédire si le croissant de la nouvelle lune sera visible ou non à l'oeil nu. Cela dépend des conditions météorologiques. Parfois, le croissant n'est visible que durant quelques minutes.»

En clair, la précision des calculs dépasse les moyens naturels d'observation. D'où la confrontation entre ceux qui se fient aux calculs et ceux qui se fient à leurs sens. Dans certains milieux, cette polémique est animée à coups de hadith ou de versets coraniques rendant toute entente impossible.

En France, l'Aïd el fitr sera décidé dimanche

L'Aïd le lundi à la Mecque et mardi au Caire


En Égypte, la nouvelle lune apparaîtra dans les télescopes ce dimanche 22 octobre. Mais selon le professeur Ahmed Ismaïl Khalifa de l'université islamique al-Azhar du Caire « les calculs montrent que le nouveau croissant de lune ne sera pas visible le dimanche 22 octobre 2006. Car, dans la plupart des régions égyptiennes, il aura disparu avant le coucher du soleil. » M. Khalifa ajoute que ce scénario vaut pour beaucoup d'autres pays du monde Arabe.
Le nouveau croissant n'étant pas visible à l'oeil nu le dimanche 22, c'est le lundi 23 octobre qui devient le dernier jour de jeûne: il sera le trentième jour de jeûne (pour ceux qui ont commencé le ramadan le dimanche 23 septembre). Comme le mois lunaire ne peut compter plus de trente jours, le mardi 24 octobre est obligatoirement le jour de l'Aïd el fitr. Mais cela ne vaut que pour l'Egypte.

« Nous célébrerons l'Aïd le lundi 23 octobre » affirme le professeur Abdullah Bin Salman d'Arabie Saoudite. Pour avoir commencé à jeûner le samedi 22 septembre les Saoudiens auront jeûné trente jours à la date du dimanche 22 octobre. Ils devront obligatoirement fêter l'Aïd le lundi 23 octobre.

A ces considérations analytiques, s'ajoutent des rivalités politiques avec les aberrations qui les caractérisent quand on les exprime dans la sphère spirituelle. C'est ainsi que, pendant de longues années, il fut amusant de parier que la Libye et l'Arabie Saoudite allaient commencer le ramadan le même jour! Immanquablement, la divergence politique se traduisait en différence de calendriers.

Deux jours pour une fête de l'Aïd


Les membres du mouvement Salafistes ne s'encombrent pas de ces considérations ethniques et nationalistes. En éclaireurs de la mondialisation, ils se conforment au calendrier saoudien. Surtout, expliquent-ils, « pour le jour du mont Arafat, le jour incontournable du Hajj (le pèlerinage rituel à la Mecque), c'est l'Arabie Saoudite qui est seule à décider. Et personne ne peut lui opposer de contestations politiciennes.» Pour cette raison, les Salafistes trouvent cohérent que l'ensemble du monde musulman s'aligne sur le calendrier de La Mecque.

En France, les mosquées étant souvent affiliées à des chancelleries maghrébines ou turques, elles s'alignent sur le calendrier du pays d'origine. Une situation dont le CFCM devait les émanciper lorsqu'il aura décidé de jouer son rôle de gestionnaire du culte musulman en France.

Le bureau du Conseil présidé par le Cheikh Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris, se réunit ce dimanche 22 octobre. Au terme de cette réunion, les musulmans de France sauront s'il fêtent l'Aïd le lundi 23 octobre comme l'Arabie Saoudite ou le mardi 24 octobre comme l'Egypte.

Quel que soit le choix effectué, les commentaires ne manqueront pas. La contestation ne créera pas de surprise! Car il y a deux ans, la confusion était telle que la grande mosquée d'Evry (91), dirigée par le Cheikh Khalil Merroun, avait dû organiser deux fois l'Aïd pour « ne pas fermer la mosquée au nez des fidèles. » D'avance, des réunions sont prévues dans les Conseils régionaux du culte musulman pour décider du jour de l'Aïd. En région Rhône Alpes le président du CRCM, Azzedine Gaci convoque son conseil le dimanche, le même jour que le CFCM.





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