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De Bagdad : Michel Sfeir et Raphael Pelseny

Rédigé par Michel sfeir et raphael pelsen | Jeudi 7 Août 2003 à 00:00

           

Depuis que G. Bush a annoncé la « fin de la guerre d’Iraq », les troupes américaines perdent en moyenne 1,33 soldats par jour. Il ne se passe de jour sans qu’une des patrouilles de GI’s ne subisse une attaque armée. La liquidation de Oudaï et de Quoussai, les fils de Saddam Hussein, n’a pas entamé la hardiesse de ces résistants iraquiens. Si le spectacle de la chasse à l’homme semble capter l’attention de l’Amérique, la page « Saddam Hussein » est bien tournée dans l’esprit des irakiens. Privés d’activités politiques véritables sous le régime de M. Saddam Hussein, ils se précipitent aujourd’hui à la porte du champ politique, les chiites en tête. Le risque de « libanisation » de l’Iraq est à redouter.



Depuis que G. Bush a annoncé la « fin de la guerre d’Iraq », les troupes américaines perdent en moyenne 1,33 soldats par jour. Il ne se passe de jour sans qu’une des patrouilles de GI’s ne subisse une attaque armée. La liquidation de Oudaï et de Quoussai, les fils de Saddam Hussein, n’a pas entamé la hardiesse de ces résistants iraquiens. Si le spectacle de la chasse à l’homme semble capter l’attention de l’Amérique, la page « Saddam Hussein » est bien tournée dans l’esprit des irakiens. Privés d’activités politiques véritables sous le régime de M. Saddam Hussein, ils se précipitent aujourd’hui à la porte du champ politique, les chiites en tête. Le risque de « libanisation » de l’Iraq est à redouter.

 

13 imams détenus au secret à Bagdad

La voix du Sheikh Mahdi Ahmed Saaleh vibre d’une colère contenue. Entouré de ses proches, il nous accueille avec chaleur dans la superbe mosquée At Tuboul, réplique construite il y a 35 ans de la célèbre mosquée Al Azhar. « Les américains insultent notre peuple, insultent notre foi, insultent notre religion. La période que nous vivons est pire que les pires heures du régime de Saddam Hussein ». Il explique que les forces d’occupation, sur la foi de dénonciations calomnieuses multiplient les arrestations d’imams accusés de wahhabisme : « 13 imams sont détenus au secret à Bagdad. Ils n’ont pourtant jamais appelé à se révolter. Ce sont simplement des musulmans qui n’aspirent comme nous tous qu’à vivre en paix ».

 

Plus de trois mois après l’annonce par G. Bush de la fin des hostilités, la vie des bagdadi demeure toujours aussi précaire : l’électricité n’est distribuée que 3 heures par jour, le téléphone demeure coupé et les voleurs –souvent d’anciens ba’athistes- sont toujours aussi nombreux, au point que de nombreuses mosquées – y compris la majestueuse mosquée Sheikh Abdel Qader Geelani- sont gardées par des hommes en armes. Loin de rétablir l’ordre l’action des forces américaines ajoutent encore à la confusion, en particulier lorsque la célèbre Task Force 20 –l’unité spéciale chargée de traquer les anciens dignitaires du régime- effectue des raids. Le dernier en date a ainsi entraîné, dans le quartier al Mansour, la mort de cinq civils innocents dont un  handicapé.

 

 

La « revanche » chiite plane sur l’après Saddam

Aux difficultés actuelles s’ajoutent les craintes concernant l’avenir. Si sunnites, chiites et chrétiens ont toujours vécu ici en harmonie, les ambitions de certains dignitaires chiites, tel Muqtada al Sadr, ne laissent pas d’inquiéter les sunnites. Ce dernier  a dénoncé, lui déniant toute légitimité, le conseil de gouvernement mis en place par Paul Bremer –et au sein duquel les chiites occupent pourtant 13 sièges sur 25. Il s’efforce de mettre sur pied une milice islamique ne cachant pas ses ambitions politiques et sa volonté de diriger un futur état islamique chiite en Iraq. Certes de nombreux observateurs, chiites et sunnites confondus, doutent de la capacité du plus jeune des fils de l’Ayatollah Imam Mohamed Sadeq Al-Sadr, le marja de Najaf assassiné par les services de Saddam Hussein en 1999, à tenir les promesses qu’il lance dans ses sermons enflammés mais les inquiétudes de Sheikh Saaleh traduisent en réalité la crainte des sunnites d’être les victimes expiatoires des chiites, lesquels après des années de persécutions par un régime -qui s’appuyait sur des sunnites laïcs- ont une occasion historique de prendre le pouvoir.

 

Gageons que la lassitude de la population épuisée par des années de guerre, d’embargo et d’une dictature parmi les plus féroces qui fut conduira les principaux leaders à privilégier  le dialogue plutôt que  la confrontation afin de reconstruire un pays meurtri.

 

L’Iraq et l’Islam auraient trop à perdre d’un scénario à la libanaise.




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