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Sur le vif

Bangladesh : une manifestation de Rohingyas violemment réprimée lors d'une visite de l'ONU

Rédigé par | Jeudi 3 Juin 2021 à 19:30

           


© EU/ECHO/Pierre Prakash
© EU/ECHO/Pierre Prakash
Sur l’île de Bhasan Char, un bout de terre situé au large du Bangladesh et particulièrement exposé aux cyclones, des milliers de réfugiés rohingyas ont protesté contre leur conditions de vie et leur isolement lundi 31 mai, à l'occasion d'une visite de quatre jours dans la région de deux responsables du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

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Selon des informations obtenues par Libération auprès de l'agence onusienne, plusieurs personnes ont été blessées au cours d’une manifestation rassemblant 4 000 personnes selon les autorités, et violemment réprimée par la police locale. Si des sources locales évoquent des morts, elles n'ont pas été confirmées pour l'heure.

« Les Rohingyas qui sont là sont devenus indisciplinés dès que les représentants du HCR ont atterri (sur l'île) en hélicoptère aujourd'hui », a affirmé le chef de la police locale Alamgir Hossain. Un des réfugiés présents au moment des faits a confirmé que des briques ont été jetées sur les policiers qui tentaient d’empêcher la foule de pénétrer à l'intérieur du bâtiment accueillant les envoyés spéciaux du HCR, tandis qu'un défenseur des droits a rapporté, de son côté, que les forces de l’ordre avaient choisi de disperser la foule à coups de bâtons, ce que ces dernières ont nié, relaye pour sa part Al-Jazeera.

Le HCR déconseille « d’utiliser le transfert à Bhasan Char en tant que mesure punitive »

« Durant leur séjour à Bhasan Char, le HCR a pu s’entretenir avec de nombreux réfugiés, principalement de jeunes hommes, qui leur ont fait part de leur inquiétude face au manque d’accès à des moyens d’existence, des possibilités d’autosuffisance, à l’acquisition de compétences et l’accès à l’éducation. L’équipe du HCR a été profondément affectée par des informations selon lesquelles des réfugiés ont été blessés le jour de leur visite à Bhasan Char », a affirmé l'institution dans un communiqué.

« Durant leur séjour sur l’île, ils ont constaté les gros investissements financiers du gouvernement bangladais dans diverses installations et infrastructures, y compris des logements. Il est toutefois clair que les 18 000 réfugiés rohingyas qui vivent actuellement sur l’île ont besoin de protection et d’assistance, c’est-à-dire d’accéder à des moyens d’existence décents, au développement des compétences, à l’éducation, aux services de santé et à des liquidités pour faciliter leur vie », fait-on savoir au HCR, qui souligne que « la responsabilité de l’actuelle situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh incombe au Myanmar, et que c’est là que réside la solution ».

Le HCR, qui « reconnaît le potentiel de Bhasan Char en tant que solution d’accueil temporaire pour certains réfugiés rohingyas au Bangladesh », s’est dans le même temps dit préoccupé par l’arrestation et la détention de réfugiés tentant de quitter l’île pour revenir au camp de Cox's Bazar. La police a déclaré auprès de l’AFP que 49 personnes, dont des femmes et des enfants, avaient été arrêtées ces dernières semaines après avoir tenté de partir.

Le HCR « déconseille vivement (les autorités) d’utiliser le transfert à Bhasan Char en tant que mesure punitive ». « Le transfert à Bhasan Char doit résulter d’une décision librement consentie de la part des réfugiés, appuie une responsable. Ils doivent bénéficier d’une liberté de mouvement sur l’île et avoir la possibilité de retourner à Cox’s Bazar pour entretenir les liens familiaux avec les personnes vivant dans les camps. » Sur les 100 000 personnes que le Bangladesh veut déplacer à Bhasan Char, 18 000 ont été transférées depuis décembre 2020.

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