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Points de vue

Avant le mois du Ramadan, zoom sur le mois sacré de Rajab

Rédigé par Participation et Spiritualités Musulmanes (PSM) | Jeudi 26 Janvier 2023 à 17:00

           


L’islam se réfère au calendrier lunaire comportant annuellement dix jours de moins que le calendrier grégorien. Les douze mois lunaires sont : Muharram, Safar, Rabi’ Awwal, Rabi’ Thani, Joumada Awwal, Joumada Thani, Rajab, Cha’bane, Ramadan, Chawwal, Dhul Qi’da, Dhul Hijjah.

Parmi ces douze mois, quatre sont considérés dans la religion musulmane comme sacrés. A ce propos, Dieu le Très-Haut dit : « Oui, le nombre des mois, pour Dieu, est de douze mois inscrits dans le livre de Dieu, le jour où Il créa les cieux et la terre. Quatre d’entre eux sont sacrés. Telle est la Religion immuable. Ne vous faites pas tort à vous-mêmes durant ce temps. » (Sourate Le Repentir, verset 36). Lors de son dernier pèlerinage, trois mois avant sa mort, le Prophète, paix et salut sur lui, s’adressa à ses fidèles en leur disant : « Le temps est revenu à sa configuration initiale, le jour où notre Seigneur a créé les cieux et la terre, l’année est de douze mois, parmi ces mois, quatre sont sacrés, à savoir, trois mois successifs –Dhul Qi’da, Dhul Hijjah et Muharram – et un distinct, celui de Rajab. » (Rapporté par Muslim)

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Un mois pour semer

Avant l’islam, dans leur intérêt commun, les Arabes avaient proclamé quatre mois, reçus de l’héritage d’Abraham, comme étant sacrés. Pendant ces mois, la guerre était bannie et la paix devait régner. Au point que celui qui croiserait la route du meurtrier de son père ne devait pas s’en prendre à lui.

A l’avènement de l’islam, ces quatre mois ont été confortés dans leur caractère particulier. Désormais, les musulmans (même si durant toute l’année, ils se devaient déjà de se préserver de tout mal) avaient l’obligation d’observer une conduite irréprochable lors des mois sacrés, car comme l’a dit le Prophète, paix et salut sur lui : « Durant ces mois sacrés, le Paradis est plus proche de vous mais l’enfer aussi. » Il dit aussi : « La récompense des bonnes actions y est multipliée et la valeur des péchés aggravée. » (Rapporté par Abu Dawud) En ce qui concerne le mois de Rajab, dont nous vivons les premiers jours, le Prophète rappela ceci : « Ô Seigneur, bénis pour nous les mois de Rajab et Cha’bane et fais-nous atteindre Ramadan. » (Rapporté par Ahmed et Al-Bazzar)

Ce hadith illustre la valeur préférentielle de ce mois aux yeux de notre Seigneur. Il est donc de notre devoir d’exceller dans notre comportement durant ce mois, en multipliant les bonnes œuvres et en nous préservant de toutes formes de péchés. Puisque, comme nous l’avons souligné précédemment, en période de mois sacré, les bonnes actions autant que les mauvaises comptent double.

Le voyage nocturne et l'ascension

Hormis le caractère sacré du mois de Rajab, ce mois se démarque également par les faits historiques qui s’y sont produits. Des faits qui ne peuvent être ignorés par le croyant, notamment le voyage nocturne du Prophète vers Jérusalem, effectué en l’an neuf de la prophétie. Endeuillé par la perte de son oncle et protecteur Abou Talib, ainsi que par celle de sa noble épouse Khadija, que Dieu l’agrée, à une époque où l’oppression mecquoise faisait rage, Allah le Très-Haut le convia à ce voyage relaté dans le Coran : « Gloire et Pureté à Celui qui, de nuit, fit voyager Son serviteur (Muhammad), de la Mosquée Al-Haram à la Mosquée Al-Aqsa (Jérusalem) dont Nous avons béni les alentours, afin de lui montrer certaines de Nos merveilles. C’est Lui, vraiment, qui est l’Audient, le Clairvoyant. » (Sourate Le voyage nocturne, verset 1)

Jérusalem a toujours été la terre sacrée de tous les prophètes de la lignée de Noé et d’Abraham. Aujourd’hui encore, sa mosquée est la troisième mosquée la plus sainte de l’islam après celles de La Mecque et Médine. A ce sujet, le Prophète nous a dit : « Une prière dans la Mosquée sacrée vaut 100 000 prières, une prière dans ma Mosquée vaut 1 000 prières, et une prière à Jérusalem vaut 500 prières. » (Rapporté par At-Tabarani) Ainsi, Ibn Abbas, que Dieu l’agrée, a dit : « Les prophètes ont construit Jérusalem et y ont vécu. Il n’y a pas un seul pouce d’elle où un prophète n’ait prié ou qu’un ange ne s’y soit tenu. »

Lors de son voyage nocturne du mois de Rajab, le Prophète Muhammad, en compagnie de l’ange Gabriel, a prié à Jérusalem, en présence de tous les prophètes depuis Adam jusqu’à lui-même, qui fut l’imam. Cet événement nous prouve que la religion est unique et que Noé, Abraham ou encore Moïse et Jésus sont les maillons d’une chaîne prophétique qui débute par Adam et dont le sceau fut Muhammad. Leur message est unique, leur voix ne fait qu’une : « Nous ne te disons, ô Muhammad, que ce qui a été dit aux messagers avant toi » (Sourate Le Pardonneur, verset 43), « Et lorsque Nous prîmes de la part des prophètes leurs engagements, de ta part, de la part de Noé, d’Abraham, de Moïse ainsi que de Jésus, fils de Marie. Et Nous prîmes de leur part un engagement solennel. » (Sourate Les Coalisés, verset 7) Si l’héritage est commun, comment alors comprendre la guerre qui ravage Jérusalem entre les fidèles d’un seul, unique et même Dieu ?

C’est au cours de la 27e nuit de Rajab, que le Prophète, paix et salut sur lui, débuta son ascension. A ce sujet, il a dit : « “Al-Bourâq” -une monture blanche, plus grande qu’un âne et plus petite qu’une mule, qui se trouvait d’un bond là où son regard s’arrêtait- me fut amenée. Je la montai et fus transporté à Jérusalem. Là-bas, je l’attachai à l’anneau destiné à l’usage des prophètes. Je pénétrai dans la mosquée où je priai deux rak’ates. A ma sortie, Gabriel m’offrit deux récipients: l’un contenant du vin, l’autre du lait. Je choisis le lait ; et Gabriel me déclara alors que j’avais élu la voie primordiale. Porté par lui, je m’élevai jusqu’aux régions célestes. Gabriel demanda la permission d’y accéder… » (Rapporté par Al-Bukhari) Il rencontra aussi personnellement les prophètes établis dans chaque ciel et prit connaissance des mystères jusque-là méconnus car il fut le seul autorisé à dépasser le lotus de la limite (sidrat al mountaha). Puis, ce fut la rencontre avec le Divin.

Le changement de direction pour la prière

Le changement de direction (qibla) intervient également à cette période. En effet, pendant les premiers temps qui ont suivi la prescription des cinq prières obligatoires, les premiers croyants, à savoir le Prophète et ses compagnons se dirigèrent vers Jérusalem pour l’accomplissement des offices quotidiens jusqu’au mois de Rajab où l’ordre fut donné de se tourner vers la direction de La Mecque pour la prière.

Nous vous laissons méditer sur ces versets, de la sourate La Vache, verset 141 à 144, révélés à ce sujet : « Les faibles d’esprit parmi les gens vont dire : Qui les a détournés de la direction (qibla) vers laquelle ils s’orientaient auparavant ? Dis : C’est à Dieu qu’appartiennent le Levant et le Couchant. Il guide qui Il veut vers un droit chemin. Et ainsi nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins des gens comme le messager sera témoin de vous. Et nous n’avions établi la direction vers laquelle tu te tournais que pour montrer qui suit le Messager (Muhammad) et qui s’en retourne sur ses talons. C’est certes un changement difficile sauf pour ceux que Dieu a guidés. Et ce n’est pas Dieu qui vous fera perdre la récompense de votre foi car Dieu est certes Compatissant et Miséricordieux pour les hommes. Certes, Nous t’avons vu tourner le visage en tous sens vers le ciel, Nous t’orientons donc vers une direction qui te plaira. Tourne donc ton visage vers la Mosquée Sacrée de La Mecque et où que vous soyez, tournez vos visages vers elle. Certes ceux à qui le livre a été donné savent bien que c’est la vérité venue de leur Seigneur. »

La fin de l’oppression

Le mois de Rajab est marqué aussi par l’une des plus grandes victoires de l’islam: la victoire remportée lors de la bataille de Tabouk, en l’an 9 de l’Hégire, soit une année avant la mort du Prophète, paix et salut sur lui. Cette victoire a permis de mettre un terme à l’oppression des tribus qui a duré tout de même 22 ans. Elle concéda la reconnaissance de la souveraineté des musulmans, dans un Etat dont la capitale était Médine, ville sainte où repose par ailleurs le Prophète.

Notre Seigneur a élu certaines de Ses créatures pour leur procurer plus de sacralité, parmi les anges et les hommes, Son choix se porta en faveur des messagers, de la terre il a préféré les lieux de cultes. Des mois, celui du Ramadan et les quatre mois sacrés sont au-dessus de tous. Alors, sanctifiez ce que votre Seigneur a purement choisi et sachez que les hommes de compréhension ne donnent de valeur aux choses qu’à la même mesure que celle attribuée par leur Seigneur.

Puisse Dieu nous donner la force d’être à la hauteur de Sa satisfaction et de sanctifier ce qu’Il nous a enjoint de sanctifier. « Et quiconque exalte les injonctions sacrées de Dieu, s’inspire en effet de la piété des cœurs. » (Sourate Le pèlerinage, verset 32)

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Première publication sur le site de Participation et Spiritualités Musulmanes (PSM).

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