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Sur le vif

Amsterdam:Une formation pour aider les enseignants à connaître leurs élèves musulmans

| Mercredi 24 Mai 2006 à 22:28

           


Trois jeunes femmes ont reçu mercredi à Amsterdam le premier "diplôme d'enseignement primaire islamique" des Pays-Bas, signe du pragmatisme avec lequel les Néerlandais gèrent la diversité confessionnelle, en dépit des récentes tensions intercommunautaires.

"Un certain nombre de musulmans habitent dans notre pays, et il donc évident que ce genre d'enseignement y a sa place", déclare Job Cohen, le maire d'Amsterdam en remettant leur diplôme à Fatima Saber, 30 ans, Farah Alerkan, 24 ans, et Kirsten Hofstee, 22 ans.

Formée dans une école d'instituteurs d'Almere (nord d'Amsterdam), Fatima Saber est la première à avoir pu choisir, il y a deux ans, la spécialité "enseignement primaire islamique".

Depuis, près de 70 élèves instituteurs l'ont suivie. Les Pays-Bas comptent 16 millions d'habitants dont plus d'un milions d'immigrés musulmans de première ou deuxième génération avec lesquels la cohabitation n'a pas toujours été sans problèmes, a fortiori depuis l'assassinat du cinéaste Theo van Gogh en novembre 2004 par un islamiste radical.

Pendant un an et demi, les futurs enseignants suivent des cours sur l'islam et vont en stage dans des établissements primaires islamique ou des "écoles noires", fréquentés en majorité par des élèves d'origine immigrée.

Dunja ter Oort, 26 ans, étudiante en troisième année, suit son stage dans une de ces écoles, financée publiquement comme les établissements chrétiens ou laïcs. "Après Noël, on demande aux enfants de raconter leurs vacances, la fête, le sapin, la messe de minuit... Moi, pendant le ramadan, je demande aux enfants musulmans de raconter les repas, les chansons et les cadeaux", raconte-t-elle.

"Il est important de valoriser les enfants en puisant dans leur propre culture", insiste Senay Cemek, une des formatrices.

Elégante dans sa jupe noire, la tête couverte d'un foulard noir et rouge aux petits pois blancs, elle explique "qu'il ne s'agit pas de former des professeurs de religion, qui font des études bien plus poussées de l'Islam".

Sa "leçon numéro un" porte néanmoins sur la "shahada", la profession de foi en Islam, puis sont abordés les cinq piliers de la religion, ou encore la vie du prophète Mohamed.

Mais Senay Cemek apprend aussi aux futurs enseignants des histoires et des chansons du fonds culturel musulman. "Toujours en Néerlandais, c'est la seule langue d'enseignement autorisée", précise-t-elle.

Lisanna de Vries, 47 ans, qui n'est pas musulmane, sera diplômée à la fin de l'année. C'est une amie musulmane, institutrice, qui lui a donné envie d'accomplir son stage dans une école islamique.

Grâce à la spécialisation, Lisanna a pu apprendre les lavements rituels que les enfants doivent faire avant la prière.

Dans les écoles islamiques, la prière a lieu une fois par jour sous la direction d'un imam. On demande alors aux filles de mettre le voile. Pendant la classe, le port du foulard dépend du règlement de chaque établissement.

"Certaines fois, les enfants font leurs lavements à la va-vite. Or c'est une question de pureté. S'ils ne les font pas bien, leur prière n'est pas valide. Alors je leur demande de les refaire", explique Lisanna d'un ton posé.

Dans son école, les institutrices non-musulmanes ne sont pas obligées de porter le voile.

"Ce que j'apprécie, insiste-t-elle, c'est qu'on peut parler de tout. Par exemple sur la question du voile, j'ai demandé à l'imam de me montrer le passage du Coran où c'est écrit, car je sais qu'il y a discussion sur la traduction".

La démonstration ne l'a d'ailleurs pas convaincue. Lisanna hausse les épaules. "C'est comme ne pas serrer les mains aux hommes, sans parler de faire la bise !", dit-elle en riant. "Je dois tout le temps me retenir".








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